LILLUSTRATION HORTICOLE,

IBEUSERANIUN HDAIEDRE,

Le 1 EE AR sais Lis

JOURNAL SPÉCIAL

DES SERRES ET DES JARDINS,

Lu

CHOIX RAISONNÉ DES PLANTES LES PLUS INTÉRESSANTES SOUS LE RAPPORT ORNEMENTAL,

COMPRENANT

LEUR HISTOIRE COMPLÈTE, LEUR DESCRIPTION COMPARÉE, LEUR FIGURE ET LEUR CULTURE ;

RÉDIGÉ PAR

CH. LEMAIRE,

Professeur de Botanique ; Membre honoraire et correspondant de diverses Sociétés savantes ;

ET PUBLIÉ PAR

AMBROISE VERSCHAFFELT,

Hortieulteur; Éditeur de la Mouvelle Iconographie des Camellias.

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Septième Volume, !

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GAND,

IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE DE F, ET E. GYSELYNCK, Rue des Poignes, 36.

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L'ILLUSTRATION HORTICOLE.

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Planche 230.

RHODODENDRUN COMTE DE GOMER (uvre).

EnicaceæÆ Ç RuoDoDENDREx.

ETYMOLOGIA : Vide supra, in Tis I-VI observationes nostras ad

C CTERES RICI : Re Rhododendra hybrida seu species adjunctas.

a SPECIFICI :

Dès les premiers jours de l’été des années précédentes, 1858 et 1859, nous avons admiré dans l'établissement A. Verschaffelt, brillant sous les chauds rayons d’un soleil pur, les volumineux bouquets de fleurs, au frais et éclatant coloris, d’un nouveau Rhododendrum, qui y avait été obtenu de semis.

L'année dernière surtout ledit Rosage développait une luxuriance florale pour la première fois tellement splendide, qu’elle nous donnait une juste idée de celle qu’il pourra, sous l'influence d’une bonne culture, étaler chez un amateur judicieux. Ces bouquets étaient déjà au nombre de neuf, fermes, bien dressés, et composés de nombreuses et grandes fleurs, d’un blanc rosé très tendre, bordé de rose vif; et dont la forme et le coloris rap- pêlent assez bien ceux du R. Bylsianum, superbe hybride que nous avons figuré dans notre Tome V, de janvier 1858. Les pétales, ou mieux les segments du périanthe (monopétale, comme dans toutes les autres plantes de la famille), en sont également oblongs, ondulés et délicatement veinés; mais les étamines y sont au nombre de dix, et à filaments blanchâtres.

Il est dans l'établissement précité, de graines recueillies sur un autre hybride, le R. Fleur de Marie (Byus), fécondé par le R. eximium novum (Venscnarr.). Quoi qu’il en soit, ce sera pour les jardins à l’air libre, dans les massifs, un ornement de premier ordre, dont la rusticité est entière- ment garantie : comme en témoigne surtout la grave épreuve qu’il vient de subir. Ainsi, dans les froids longs et sévères qui ont afiligé nos jardins en décembre ‘dernier, le thermomètre est descendu à 14-15 OR., il a victorieusement résisté à cette terrible gelée, par laquelle ont succombé tant d'autres regrettables plantes, particulièrement des Conifères; et pas une seule feuille même n’en a été atteinte (1)!

Notre éditeur, son père et son parrain l'ont dédié à M. le comte de Gomer, d'Amiens (France), amateur distingué et promoteur très zêlé de l'horticulture. Ce. L.

CULTURE, (PLEIN An.)

Nous avons à plusieurs reprises, à l’occasion de Rosages hybrides de plein air, indiqué le mode de culture qui leur convient le mieux. Nous y renvoyons donc le lecteur.

{1} Observation de l'oblenteur de ce beau gain.

TOM, VII JANV. 1860. 1

Planche 231.

NIGELLA HISPANICA cvarterares).

VARIÉTÉS DE LA NIGELLE D'ESPAGNE.

Érvm. Migella, de l'adjectif Nigeltus, a, um (Varn.), noirâtre : par allusion à Ta * couleur des graines de l’espèce type. Cette dernière, selon Jes lexicologues et quelques anciens botanistes, est le Melanthion, le Melanospermum, le Gith et enfin le Cuminum des Latins (Puixe, passim); il y a 1à, sans doute, selon nous,

confusion de plantes. RANUNCULACEÆ

CHARACT.GENER. Calyx corollinus pentaphyllus, foliolis æstivatione imbri- catis sub anthesi patentibus deciduis. Co- rollæ petala 5-10 hypogyna parva (exac- tius, sat ampla !) bilabiata (ungue foveo- lato nectarifero, DC.). Stamina plurima hypogyna. Ovaria 5 (et exactius 5-10, ut seripsit DC.) unilocularia basi plus mi- nus inter se cohærentia, ovulis plurimis ad suturam ventralem biseriatis. Cap- sulæ membranaceæ plus minus connatæ stylis elongatis rostratæ apice intus de- hiscentes. Semina ovata compresso-plana, testa fungosa rugosa.

Herbæ mediterranccæ et orientales an- nuœæ glabriusculæ erectæ ; foliis capilla- ceo-multifidis ; floribus in apice caulis et ramorum solitariis nudis v. involucralis (amœæne coloratis); capsulis sæpe calloso- glandulosis; seminibus nigricantibus acri- ter aromaticis.

Esouicu. Gen. Pl ‘4794 (Except. parenth. nostris).

Nigella Tour. (ex C. Baunin, Pin. 445) Inst. 258. t. 134. L. Gen, 685. Juss. Gen. 253. Gænrx. Fruct. 1. 474, DC, Syst. 1. 526. Prodr. I. 48. SrexNER, Gen. Nig. Monogr, Loisez. DesLonecn. Flore de France, 27, PI. 9-12, Meisn. Gen, PI.

1. (2). etc. etc. Divisio Genenis, ex DC.

a. Nigellastrum DC. } cs. Staminibus uniseriatis, etc.

Nigellastrum MoENCn,

=

Meth. 513.

$ HeLLenorex,

(Gzænrn, 1. ec. t. 118. f. 5. Bot. Mag. t. 1264. Devess. Icon. Sel. L. t. 45.)

b. Nigellaria DC, Is es. Staminibus in

halanges 8-10-dispositis, cte, (Scukuur, Bot. Handb. t. 146. GærrTw. 1. €. 1. 118. f. 2, Sipru. FI. græca, t. 510-512. Bot. Mag. t. 1265. Deuess. le. Sel. L. 46. Nees, PI, offic. Suppl. IH. t. 21.

c. Erobatos DC. Prodr. 1. 49. Stami- nibus multiseriatis, ete.

Nigetta Mognen, 1. ©. 311. (GÆRTN. 1. c. t. 118. f. 2. Bot. Mag. t. 22. Sinru. L c. t. 509.

CHARACT. SPECIF. NW. (S Migella- ria). Antheris apiculatis; siylis 8-10 erectis; capsulis lævibus dorso uninervi- bus in fructum obconicum ultra medium connexis; caule erecto glabro, ramis crectis (foliis capillacco-multifidis, infe- rioribus rares superioribus sessili- bus... DC. L. i. c.

Nigella hispaniea L. Sp. PI. 753. Murs. Dict. No 6. Porrer, Dict, Encyel. bot, IV. 488. Loisez. Des. 1, ce. 50. PI. 12. FI. Gallica, LE. 589. (ed. 2). DC. Syst. L, 328. Prodr. 49. Desr. F1. atlant, 1. 450. t. 112. Bot. Mag. t. 1265. etc.

amœna SaLiss. Prodr. 374.

polygyña Moreno, Meth. suppl. I.

Melanthium hispanicum majus Bes. Eyst. OEst, ord, 2. t. 40. f. 1.

bœticum Desry, F1, nov. in præf. p.2. etc.

AAA A

On connaît aujourd’hui près d'une vingtaine d'espèces de N igelles, ori- ginaires pour la plupart du midi de l’Europe et surtout de l'Asie mineure ; quelques-unes habitent le littoral méditerranéen, jusques sur les côtes

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A JD Loye : (

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Sens. À nalelerre .Ô. Plein - air .

« NIGELLA HISPANICA (varielates).

d'Afrique; deux ou trois seulement s’avancent jusque dans l’Europe centrale, et une seule dans le nord de ce continent, la W. arvensis L. Toutes sont de petites plantes “herbacées, annuelles, d’une grande élégance, et par leur feuillage multi-parti, et par leurs jolies fleurs en étoile, blanches ou azu- rées, simples ou doubles. Elles aiment les endroits secs, sablonneux, bien découverts.

On a signalé chez plusieurs espèces, notamment chez les W. damascena et saliva (et toutes vraisemblablement doivent l’offrir), un curieux phéno- mène, dont d’autres végétaux, observés jusqu'ici, offrent d’ailleurs des exemples (£pilobium, Passiflora, Lilium, ete. DC.), mais bien moins nombreux que dans le cas contraire, cas essentiellement humanitaire ! Ainsi, les femelles, oubliant toute pudeur, cet attribut si charmant, si attrayant de leur sexe, font, les premières, la cour aux mâles et provo- quent leurs faveurs!!! à nonte!

Et comme les deux sexes sont très proches voisines, chaque femelle alors

Carpit enim vires paulatim uritque videndo Fœmina..….! comme a dit le grand poète.

En d’autres termes, au moment de la fécondation, les styles allongés des Nigelles, beaucoup plus élevés que les étamines, se penchent vers celles-ci, et après en avoir reçu le fluide fécondant, se relèvent et repren- nent leur position première.

La ténuité de leur feuillage, aussi délié que celui des pieds d’Alouette, (Delphinium Ajacis L.), est telle que les segments en sont presque capil- laires ; de les divers noms vulgaires qu’on leur a appliqués, surtout aux

espèces pourvues d’un involucre floral : pattes d’araignée, barbe de capu- cin, cheveux de Vénus, barbiche, etc. Par contraction aussi on les appèle Nielles : mais alors il ne faut pas les confondre avec cette autre Mielle, brillante compagne de nos céréales, que trop souvent elle infeste, l'Agro- stemma (1) Githago L. En raison des qualités aromatiques de leurs graines, on leur donne encore les noms de Poivrette, Toute-épice, etc. Ces qualités existent surtout chez la N. damascena (de Damas); celle-ci est cultivée ad hoc en Égypte, sous le nom d’Abésodé (Ouivien, Voy. dans l’empire Ottoman, 1, p. 168), et en Syrie (surtout dans le Saïd, ancienne contrée de Sidon); on en saupoudre le pain et les gâteaux pour leur donner une mine plus appétissante. Torréfiées et mises en pâte, avec la cannelle, le

(1) Et non Agrostema, comme l’écrivent beaucoup d’auteurs (æypes, champ ; rréuue, couronne. On confond trop souvent, dans les ouvrages systématiques, ce dernier mot avec Fra, éiamine),

NIGELLA HISPAN!CA (varietates).

gingembre, le muse, l’ambre gris et le sucre, on en fait une sorte de con- fiture, que le beau sexe des contrées orientales regarde comme propre à exciter l'appétit, augmenter l'embonpoint, et... exciter les désirs véné- riens de leurs seigneurs et maîtres. Dans ces contrées, les femmes offrent aux visiteurs cette confiture, de préférence à celle de Roses. Enfin, dit-on, on tire de ces graines une huile, dont on se frotte au sortir du bain, pour - fortifier toutes les parties du corps; et selon feu le docteur Lamouroux, infusées dans l’alcool, elles lui communiquent l’arôme de la Fraise! Nous l'en croyons sur parole!

La Nigelle d’Espagne (W. hispanica L.), pour arriver enfin à notre sujet, est probablement la plus belle espèce du genre. Comme son nom spéci- fique l'indique, elle croît dans toute l'Espagne, et Desfontaines l’a trouvée également sur le littoral de la Barbarie. C’est à tort, selon De Candolle, qu’on l’a dite aussi spontanée aux environs de Montpellier; et il en est probablement encore de même de l’assertion de M. de St-Amans (Lors. Dssu. 1. ce. 390), qui dit l'avoir recueillie près d’Agen (Lot-et-Garonne, France); ou plutôt, elle était alors transfuge de quelque jardin des environs.

Cest une plante entièrement glabre, s’élevant de trente à soixante centimètres de hauteur; à tige ferme, anguleuse, dressée, ainsi que ses rameaux peu nombreux. Les feuilles, dont nous avons dit quelques mots ci-dessus, sont surdécomposées, à segments linéaires, serrés, subaigus ; les supérieures. sont sessiles, les inférieures pétiolées. Les pédoncules, striés-anguleux, comme les tiges, sont uniflores et renflés sous les fleurs. Celles-ci, dépourvues d’involucre, sont grandes, d’un bleu céleste, ou légèrement violacé, ou blanches, simples ou doubles, Les cinq pétales (fleurs simples!) (1) en sont ovales, atténués-onguiculés à la base, subacu- minés-aigus au sommet, et étalés en étoile. Ses nombreuses étamines, brunes, forment 8 ou 10 fascicules, à anthères apiculées, Les capsules, au nombre de 7 à 10, connées au-delà de la moitié, sont terminés par autant de styles persistants, Semences ovées-triquètres, bisériées-géminées, noirâtres,

Elle fleurit en juin et juillet, et mürit ses graines en septembre.

Les deux variétés figurées ci-contre différent essentiellement du type, qui, lui aussi, dans ses sites natals, portent des fleurs bleues ou blanches, par des dimensions florales presque doubles. Elles proviennent des semis de MM. Carter et C°, marchands-grainiers, à Londres, de qui notre

(1) Selon Poiret (I. e.), l'individu observé par Lamarck avait neuf pétales et sept styles! On voit que la plante tendait à donner des fleurs semi-doubles,

NIGELLA HISPANICA (varielales),

éditeur en a acquis un assortiment de graines. Ce sera un charmant orne- ment pour les parterres à l'air libre (V. la note de culture des plantes annuelles aux Miscellanées).

Cu. L,

Explication des Figures analytiques.

Fig. 4. Capsule de la WNigella sativa non encore müre, 1a Coupe transversale d’icelle. - 45 Graine. 4c La même coupée verticalement pour en montrer l'embryon.

Fig. 2. Capsule de la Nigella damascena (mûre), 2 Coupe tranversale d’icelle.

Fig. 5. Capsule de la Migella hispanica, non parvenue encore à l’état de maturité (Toutes ces figures de grandeur naturelle; 1e seule un peu grossie.)

CULTURE. (PLEIN Air.)

Nous renvoyons le lecteur à la notice générale de culture des plantes annuelles, insérée dans les Miscellanées jointes à ce numéro.

HT,

Planche 232.

CAPUCINE TON POUCE,

Tropæolum majus L. var. pygmœum et non volubile!

Érym. Tropæolum, diminutif de rpérau, tropœæum, d'où nous avons fait trophée ; Linné, l’auteur de ce genre, a vu dans les feuilles un bouclier, un casque dans les fleurs; de le nom générique.

TROPÆOLACEÆ.

Bot. I. 611. Illustr. des Genres, t. 277. © f. 1. af bn. Scuk. t. 105. GærTn. t. 79.

CHARACT. GENER. V. Enoucx. Gen. PI. 6063.

Synonymiæ citationibusque adde : Nomis, Flore d, Serr. et d. Jard. de l'Eur. IL. janv. 1846. PL. TL. mai 1846. PI. VII. PI. 167. IN, PI. 241 (nov. spec.). I. PI. 281. Misc. p. 236b (nov. spec.). IV. V. et plur. tabul. Wap. [. 465. II. 820. V. 381. Annal. L. 142. II. 237. III. 858. (multis auctoribus, locis et figuris cita- tis). ete.

CHARACT. SPECIF. Species in hortis a longinquo introducta nimisque bene cognita, quæ hic descripta denuo fuerit!

Tropæolum majus L. Spec. PI. (auct. omn. divers.). Lamarck, Dict. Encycl.

Bot: Mag. t. 25. etc. :

= Cardamintum ampliore folio et ma-

| jore flore, Tours. 450. Few. (1). Peruv.

ILE. 14. t. 8.

Acriviola maxima odorata Bosru. Lugd. 1. 244.

Viola indica scandens nasturtii sapore maæima odorata Herm. Lugd. LE. 629. Raj. Hist. 1869. etc.

Tropæolum majus var, pygmæum non volubile, flore luteo !

Yellow Tom Thumb, new dwarf nas- turtion (Hort. ANG.).

Nostra tabula 252.

Il serait absolument superflu d'entretenir ici nos lecteurs des caractères botaniques d’une plante aussi universellement répandue dans les jardins, on la cultive avee empressement depuis plus de cent cinquante ans. Il n’en est pas un, en effet, où, en été, elle ne garnisse les treillages et les tonnelles ; dans les grandes villes, il n’est pas une échoppe, une mansarde, qu’elle n'orne des élégantes guirlandes que forment ses superbes feuilles en bouclier et ses grandes fleurs aux senteurs agréablement pénétrantes,

Le chevalier de Lamarck rapporte en effet (/. s. c.), qu’elle a été appor- tée du Pérou en Europe, en 1684. On ne l’a connue en Angleterre, à ce qu'il semble résulter des catalogues anglais (Louvox, Sweer, Hort. brit.), qu’en 1686 (2). Les auteurs que nous avons consultés sont absolument muets sur l’histoire de cette magnifique plante, ainsi que sur celle du T. minus. Nous ne pouvons donc citer ni l’auteur de sa découverte, ni

(1) Sie in Lawancr, |. e, an correctius Feuirée ? (2) Selon le même botaniste, le 7. minus L. aurait été introduit de la même contrée en Europe, dès 1680,

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CAPUCINE TOM POUCE.

celui de son introduction : tous deux (et probablement le même) espagnols, selon toute vraisemblance : car nul n’ignore que le Pérou fut conquis par les Espagnols, ils régnèrent longtemps en maitres absolus (1551-1826).

Il est digne de remarque que, malgré la date bien reculée déjà de son apparition dans les culturés, elle ait peu ou point varié, quant au port et au feuillage, à peine quant au coloris, sauf sous ce dernier rapport la variété dite afrosanguineum, connue: du reste presqu’aussitôt, puisqu'elle est mentionnée par les plus anciens botanistes. Nous ne devons pas omettre la variété dite flore pleno (probablement le T. majus multiplex de Desfontaines, Cat, hort. reg. par. 1829), chez laquelle la plupart des huit étamines se sont transformées en pétales, et dont l'éperon lui-même a disparu et suivi cette métamorphose,

A ces deux principales variétés, il faut joindre celle qui fait le sujet de cet article, et qui en est la plus remarquable, spécifiquement surtout, - Loin d’être élevée, volubile et à pétioles prenanis, comme le type, elle s'élève à peine à trente ou trente-cinq centimètres de hauteur, reste ainsi naine, trapue et forme d’épaisses touffes, qui se garnissent de très nom- breuses fleurs jaune de miel et striolées de pourpre au cœur. Elle sera d'un grand effet dans les massifs. L'établissement Verschaffelt en doit la communication à la même maison de graineterie qui lui a fourni les Nigelles dont nous avons parlé dans l’article précédent, et s’est assuré d’un bon nombre de bonnes graines dans l'intérêt de sa clientelle.

Rappelons encore que la Capucine type et ses variétés, ont toutes les qualités du cresson alénois, avec une saveur peut-être un peu plus âpre, mais non désagréable; on en superpose les fleurs fraîches sur les salades, en donnant ainsi à ces mets salutaires un aspect plus attrayant, en même temps qu’elles en relèvent le goût. Les jeunes fruits et les boutons, confits au vinaigre, remplacent au besoin avantageusement les câpres.

Parmi les Miscellanées, du Tome troisième de ce recueil, page 9 (1856), dans un article intitulé : De la Pnonpnonescence et de la Lumnosiré (ou mieux IGNiGÉNÉITÉ) chez les Plantes, nous établissions que sous le pre- mier nom on avait jusque confondu deux ordres de phénomènes fort différents (1), que nous distinguions par ces deux dénominations et dont nous déduisions les causes et les effets, nous rapportions un fait d’ignigé-

(1) La phorphorescence est une lumière plus ou moins faible ou diffuse, assez rarement brillante, qui se dégage de certains végétaux ou des corps animaux, en raison de leur décomposition plus moins avan- cée. La luminosité ou mieux Fignigénéité résulte d’une lumière que dégagent spontanément, et par fulgu- rations, certaines plantes, dans de chaudes soirées d'été, V. l’article cité, pour les détails et les exemples.

CAPUCINE TOM POUCE.

néité extrémement remarquable, fort connu d'ailleurs et cité par tous les auteurs, fait relatif à la Capucine : Christina, fille de Linné, däns une chaude soirée d'été (précédée de plusieurs autres semblables!), approchant une bougie d’un pied de Capucine en fleurs, vit tout-à-coup l'air ambiant s’enflammer et crépiter. Le même fait fut observé par elle, à plusieurs reprises, avec ou sans bougie!

Ce curieux phénomène, observé par des auteurs dignes de foi, qui l'ont confirmé, mériterait néanmoins d’être expérimenté de nouveau, pour les causes en être déduites au point de vue de la science de nos jours; il est évident, par exemple, que l'électricité doit jouer un grand rôle.

En::E;

CULTURE. (PLEIN Air.)

En renvoyant le lecteur à l'article de notre rédacteur, Culture des Plantes annuelles, inséré dans les Miscellanées jointes à ce numéro, nous dirons ici que le semis de graines de cette jolie et nouvelle Capucine

réussit parfaitement en place. L A. Y.

TITRE OS Ge

ad. na. pra. Morte. W

IAE

Senus - Gand. —{Serre chaude. ) : |

) . : à } en, OULLAR

Planche 233.

BEGONIA EXINIA cuvermoa.

BÉGONIE REMARQUABLE.

Érym. V. Jardin fleuriste, Te ler, PI. 98.

BeconIACEZ

CHARACT. GENER. V, ibidem et notulam, hoc in loco, subt. nostra 218, Adde : Azrn. DC. Mémoire sur les Bé- goniacées, in Annal. d, Se. natur, Te XI. pars 2 (4° série).

CHARACT. SPECIF. Planta hybrida,

t. 4689) a B. Thwaitesii W. Hoor (Bot. Mag. t. 4692), ut nobis dictum fuit, adul- terina manu fœcundata in HortoVerschaf- feltiano exorta. Originem illam tamen necnon dubitanter referimus !

Begonia eximia Honr. Verscn. Ta- bula nostra 253.

ex B. rubro-venia W. Hook. (Bot. Mag.

+

PPPPPPPSPPL SSP SSII

Nous devons sans doute nous en rapporter à l'assertion de notre édi- teur, qui nous aflirme avoir fécondé lui-même le Begonia rubro-venia par le B. Thwaitesiüi (V. supra, ad char. specif.) et en avoir obtenu le remarquable gain, dont nous donnons ci-contre une belle et exacte figure. Et, cependant, fait assez étrange, le fils n’a aucun des traits caractéristi- ques de sa mère, tandis qu’il se rapproche un peu plus sous ce rapport de ceux du père qui lui est assigné. Ainsi, comme lui, il reste trapu, nain; ses fleurs sont aussi d’un blanc teinté de rose; ses fruits triailés; mais ses feuilles, pour la forme et le coloris, diffèrent totalement de celles de l'ascendant maternel. Elles sont à peine cordiformes à la base, assez longuement et obliquement acuminées, d’un blanc d'argent mat, inter- rompu par des veines d’un rougeâtre sombre, bordées-ponctuées de petites macules bronze; les bords de la circonscription en sont indistinc- tement lobés, ciliés et garnis de petites dents roses; la surface inférieure en est pourpre, et les veines sont saïllantes.

Ces détails sommaires et l'aspect de la figure rappéleront au lecteur la jolie Bégonie Caarzes Wacnen (ci-dessus, PI, 218. VI), mêmes formes foliaires, mais ici plus délicates et plus petites ; coloris des feuilles et des fleurs presque semblables. Aussi, tout d’abord avions-nous regardé celle dont il s’agit comme sa sœur consanguine ; nous y voyons également l’ata- visme du Begonia rex, mère de cette dernière, et nous en eussions con-

(4) Flores observavimus nec vivos nec siccos,

TOM. VII, JANv. 1860, 2

BEGONIA EXIMIA (hybrida).

signé ainsi la filiation dans cette notice, si notre éditeur, comme nous venons de le dire, ne nous en eût expliqué avec affirmation, et nous l’en croyons sur parole, autrement la provenance directe. De plus, circon- stance digne d'intérêt, notons, d’après M. A. Verschaffelt, que l’hybride en question élait dans son établissement avant l'apparition du Begonia rex (1)!

Quoi qu’il en soit, le Begonia eximia est une charmante addition aux magnifiques hybrides de ce genre, obtenus dans ces derniers temps, et sera un ornement obligatoire pour nos serres chaudes, L'épithète que lui a accolé son obtenteur n’est que juste et fait allusion à la richesse et à la

distinction du coloris de ses feuilles. Cu. L,

CULTURE, (S. Cu.)

Voyez les notes publiées, conjointement avec les descriptions des diver- ses hybrides congénères dans les volumes précédents. Ai v,

(1) Enfin, fait encore plus singulier, de la même fécondation est un Begonia, plus curieux encore par ses feuilles entièrement noirâtres (Begonia nigricans Honr.). Nous nous en occuperons sans doute pro- chainement, *

MISCELLANÉES.

Observations générales sur la culture des plantes aunuelles.

De toutes les plantes, sur la culture desquelles nous devons insister et que nous devions le plus recommander aux amateurs, surtout aux petiles bourses, il n'en est pas de plus variées, de plus attrayantes par le port, les formes florales, la diversité et l'éclat du coloris des fleurs, que les plantes dites annuelles; et cependant on en voit peu dans les jardins. À quoi peut tenir cette indifférence ou cet abandon ? Certes, ce n’est pas au défaut de mérite desdites plantes ! elles en offrent de toute nature! A quoi donc? Résolvons la question et disons la vérité : c’est aux soins de tout genre, el soins assez délicats, qu’elles exigent dans la première période de leur existence, qu'est due la négligence dont elles sont en général l’objet dans la plupart des jardins.

Le plus grand nombre de plantes annuelles, et des plus belles, sont exotiques. L'Afrique, l'Inde, et surtout l'Amérique septentrionale nous en fournissent un contingent considérable ; les plus jolies, les plus curieuses proviennent surtout de cette dernière contrée, Or, pour qu’elles puissent, sous nos climats quelque peu incléments, parcourir sans encombre, en 6 ou 8 mois au plus (durée de leur existence !), toutes les phases de leur végétation, il faut absolument, et pour la plus grande partie d’entr’elles, pour celles qui sont originaires des contrées tropicales ou subtropicales, en semer les graines dès le mois de mars ou d'avril au plus tard, pour, vers la mi-mai ou plutôt à la fin de ce mois, en repiquer en place le jeune plant. Dans ce but, on prépare une couche un peu chaude, et on sème sous cloche ou mieux sous chässis, ete. Mais tous les horticulteurs, tous les amateurs savent cela, et il serait oiseux d'entrer ici dans plus de détails à ce sujet; ainsi, on le voit, préparation de couche, ombragement, désom- bragement, aérage, désaréage, arrosage, seringage, etc. : voilà bien des soins, bien de la surveillance, avant d'amener les plantes annuelles exo- tiques à se passer ultérieurement de soins constants et immédiats.

Donc, cela est établi et on ne peut se le dissimuler, les plantes annuelles demandent beaucoup de soins et d'attention; leur culture donnent du mal! soit! mais combien amplement on en est dédommagé ! De juin à octobre que de douces jouissances elles procurent ; quelle diversité dans le port, le feuillage, l'inflorescence ! Quelle immense quantité de fleurs ! quel éclat! quel coloris! Il y en a de naines, de petites, de grandes, de colossales,

TOM. VII. MISC. JANV, 4860. - 1

9 MISCELLANÉES.

même ; il y en a pour tous les goûts, pour toutes les exigences de localités! et leurs fruits eux-mêmes, que vous recueillez à la fin de l’automne, que de choses intéressantes et curieuses ils vous offriront ! Ne sera-ce pas pour vous, amateur, pendant les longues soirées d'hiver, une bien agréable distraction, que d’éplucher, d'étiqueter, de classer, de serrer leurs graines ?

Sans doute, bien des plantes annuelles, celles de nos climats par exemple, ou de climats analogues, telles que les Nigelles, dont nous avons parlé précédemment (PI. 251), n’exigent pas, pour végéter, l'excitation printanière d’une chaleur artificielle, telle que celle d’une couche abritée ; néanmoins il est avantageux, pour se procurer de beaux et vigoureux individus, de préparer en avril, au midi et à l'abri d'un mur, une couche, d’une étendue calculée sur le nombre de plantes désirées, formée de bon terreau de fumier bien consommé, de quinze à vingt centimètres au moins de profondeur, sur laquelle on sèmera, avec les précautions voulues, les graines en petits parcs bien séparés et étiquetés; puis après un léger bassinage, on étalera un léger lit de mousses, de deux centimètres de hauteur environ, et qu’on fixera au moyen de claies légères pour s’opposer aux vents, qui les disperseraient. De la sorte, on protègerait et le semis et la germination contre l’action funeste des gelées printanières. Bientôt, au fur et à mesure que la température acquiert du calorique, on enlève et claies et mousses, on expose le jeune plant à l’action libre de l'air ambiant, qui le fortifie et le met en état d’être mis en place.

On peut sans doute se dispenser d'établir cette dernière couche, et semer en place, c’est-à-dire dans les endroits mêmes l’on veut admettre telles ou telles plantes ; mais alors chaque semis partiel, exigeant l'emploi des précautions indiquées, nécessitera évidemment plus de soins et plus de temps.

Un seul exemple, et des plus vulgaires, prouvera la rationalité de ce qui précède. Comparez un individu de Capucine (Tropæolum majus L.), qui aura été élevé dans ladite couche et repiqué, avec un autre semé en place ! et voyez quel est le plus vigoureux !

Enfin, les plantes annuelles exotiques peuvent aussi être semées, ainsi qu’il vient d'être dit, soit en parcs à l'air libre, soit en place (1) ; mais alors il est à craindre que, non seulement elles n’acquiérent point la vigueur tigellaire et florale que leur aurait procurées un semis protégé, mais surtout que leurs graines n’avortent en grande partie, sinon même en- tièrement. Dans tous les cas, le peu de graines ainsi obtenues, seraient

(1) Dans ce cas, il serait fort avantageux de mêler à la terre du jardin une bonne moitié de terreau

de fumier bien consommé, mixtion qui compenserait un peu le défaut d’une couche préparatoire.

MISCELLANÉES. 3

petites, chétives, et n’engendreraient, pour l'an suivant, que des plantes malingres et sans postérité ultérieure.

+ t—

Quelques mots encore au sujet de la propriété causiasique de VALGËS DE Soccorona.

Nous lisons dans le d'Octobre (1859) de la Belgique horticole la notice suivante (page 16. 1. 40° année) (1) :

« EMPLOI DE L’ALOËS SUCCOTRIN CONTRE LES BRULURES.

» Les journaux rapportent plusieurs anecdoctes intéressantes concernant l'efficacité extraordinaire du sue de l’Aloès succotrin (Aoe succotrina L.) contre les brûlures. Si ces résultats se confirment, nul doute que l’on ne fasse dans toute serre une petite place pour une plante aussi utile. Voici les faits : un horticulteur, nommé Simon, habitant de Belleville, répandit un jour un verre d’eau bouillante sur son pied; la douleur lui fut cruelle. Le patient était seul et sans espoir de secours : une plante d’Aloès se trouvait près de lui; il en arracha une des feuilles épaisses et charnues, la dédoubla et en étendit la partie interne sur son pied, A sa grande surprise la dou- leur disparut aussitôt, « comme si on l’eût enlevée avec la main. » En même temps, le suc vert de la plante prit une teinte violette. Le lendemain, il ne restait aucune trace des ravages de l’eau bouillante, sinon une teinture violette, qui persista pen-. dant une dixaine de jours. Second fait. M. Lemaire, rédacteur de l’{Uustration horticole, appliqua, sur le bras cruellement brûlé de sa cuisinière, un pansement fait avec des feuilles d’Aloës, et obtint le même résultat que M. Simon. Troisième fait. Un ouvrier, travaillant dans les serres du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, est atteint d’un jet de vapeur, qui transforme son dos en une vaste plaie. M. Houillet. directeur des serres, a aussitôt recours à l’Aloès, qui amène une guérison aussi rapide, aussi complète que dans les deux premiers cas, »

Nous regrettons que le rédacteur de cette note n'ait pas lu la notice que nous avons nous-même publiée, dans ce recueil (Te IV. p. 94et seq.), ni aucune de celles que nous avons également publiées antérieurement dans d’autres ouvrages, et notamment dans notre Jardin fleuriste, Te 1, p. 102 (1852), nous avons traité le même sujet. Car, alors, ne se fiant pas aux copistes infidèles (de la grande Presse, sans doute), ses citations eussent été plus exactes quant aux faits, aux dates et aux noms.

Toutefois, nous n’eussions pas relevé ces quelques erreurs de peu d’im- portance, si notre nom n’eût été textuellement mis en cause (2), et si leur rectification, en outre, ne nous eût offert l’occasion de revenir sur les qua_

(1) Nous copions textuellement, en corrigeant seulement quelques fautes typographiques. (2) Nous devons dire que la guérison des brûlures d’une servante, qui avait renversé sur son bras gauche une marmite d’eau bouillante, est bien exacte ; le fait a eu lieu en 1831, et la servante était la nôtre ; in temporibus illis ancillas sustinere poteramus! et depuis: ÆEheu : omnibus vitæ commoditatibus bonisque Faro implacabili amissis, Nec venit incœæptis mollior aura meis! Ov.

Fesons remarquer encore que les détails descriptifs prétés à Lémon ont été copiés textuellement dans nos articles antérieurs, par nous ne savons qui!!! plagiat dont notre confrère ne peut être accusé, puis- que dans l'intérêt de l'h ité il le reproduisait sans en connaître la source.

L MISCELLANÉES.

lités précieuses d'une telle plante : qualités restées à peu près inconnues, malgré nos efforts, jusque dans ces derniers temps ; et chose regrettable, restées inconnues surtout aux médecins et aux chirurgiens, qui pour- raient, au grand profit de l'humanité, en tirer un si utile parti (1). Or, tout en renvoyant nos lecteurs à la note détaillée que nous avons écrite à ce sujet dans l’Jllustration horticole, nous avons en outre décrit la plante, nous reviendrons sommairement sur les faits qui la concernent, et en remontant à leur source.

C'est dès 1822 que la propriété éminemment causiasique (2) de l’Aloës soccotrin nous fut revelé par feu Lémon (et non Simon, comme on le fait écrire à notre confrère), horticulteur, à Belleville (3); jamais Lémon ne nous raconta le fait qu’on lui prête, d’un verre d’eau bouillante tombée sur son pied, etc. ; seulement, dans nos causeries, il nous parlait de quelques cures qu'il avait faites par l'emploi de cet Aloès. Bien jeune à cette époque, nous négligeâmes de nous enquérir près de lui de l’auteur de cette précieuse découverte; et plus tard, quand nous sentimes l'importance qui s'attachait à cette connaissance, il n’était plus temps, Lémon avait été prématurément enlevé à l’horticulture, qu’il honorait par des travaux tout-à-fait neufs et suivis de succès extraordinaires, grâce à des moyens à lui seul connus. Encore quelque temps, et il eût été une des gloires de sa belle profession.

Depuis la mort de cet habile praticien, arrivée en 1837, nous n'avons cessé, chaque fois que l'occasion s’en est offerte, d'employer contre les brûlures, quelque intenses qu’elles fussent, et avec ou sans excoriation, le suc de l’Aloës soccotrin, et chaque fois l'effet en a été immédiat ; c’est-à- dire que les terribles douleurs qu'elles occasionnent cessaient aussitôt ou presqu'aussitôt, et qu’en vingt-quatre ou trente heures les plaies étaient cicatrisées entièrement, sans laisser d’autres traces que la teinte violacée, particulière au suc de cette plante (principe qu’on pourrait nommer chi- miquement l'Aloïne. Voyez la note (4) plus loin, page 5).

Nous ne connaissons pas le fait que cite notre confrère, relativement

(1) Le hasard nous fait ouvrir, au moment nous écrivons, le Dicti et nous lisons à l'article Aloës (page 140, édit. 1846) un articulet son notre plante, et signé D'Ons. I s’agit ici du Dictionn. univers, bigny: mais pour signature dudit articulet, au lieu de D'Ons., lisez C. L. Une partie de Ja Botanique de ce livre, en effet, de A, à G., a été rédigée par nous, et la suite n’en a été interrompue qu’en raison de

notre départ de Paris pour Gand, nous ppelait la rédaction de la Flore des Serres et des Jardins de l'Europe.

ire national de Bescherelles, t mentionnées les qualités de d'Hist. natur , éditée par M. Ch. D’Or-

2 pe L/4 n " (2) xauris, brülure; SaTIs, guérison. Dans une note antérieure, nous nous étions servi du mot

» [A æyTi, contre ; @AGE, flamme), ment et la cause et l'effet.

antiphlogistique, lequel, dans cette oceurence , est tout-à-fait impropre {( Nous avons done cru devoir en proposer un nouveau qui exprimât nette

(3) Voir dans le Jardin fleuriste la note (1), page 102, Te Jer

» qui concerne ce jardinier de regrettable mémoire.

MISCELLANÉES,

à M. Houllet (et non Houiuuer, comme l'a écrit notre confrère, d’après des documents erronés, et toujours d’après la même grande Presse, pro- bablement) ; mais en raison de notre longue expérience, nous y ajoutons foi entière.

Il serait donc bien désirable que, dans l'intérêt de l'humanité souffrante, les médecins des familles et des hôpitaux ordonnassent contre les brü- lures de tout dégré l'emploi du suc de notre Aloës; comme essai d’abord, s'ils doutent, puis définitivement, s'ils sont, comme nous n’en saurions douter, bientôt convaincus de son efficacité.

Que de victimes, mon Dieu! eussent été soulagées, eussent échappé même à une mort atroce, si on leur eût appliqué, à l'instant de l’acci- dent , ce simple remède!

Enfin, au risque de nous répéter (V. notre article), nous fesons des vœux bien désintéressés, pour que dans chaque famille, dans toute serre, on cullive un ou plusieurs individus de cette précieuse plante ; pour que dans les jardins botaniques, dans tous ceux des gouvernements, il en soit cultivé un certain nombre, pour parer aux évènements; pour que les chimistes s'occupent enfin de l'analyse des parties constitutives du sue de l'Aloès soccotrin, dans le but d’en obtenir séparé le précieux principe qu'il contient (lAloïne) et que l’on pourrait alors préparer en grand dans les pharmacies. Notons de plus et encore une fois que l’Aloe socco- torina (ou soccotrina, si l’on veut; mais non succotrina (1), comme l'ont écrit Lamarck et les auteurs après lui) est une belle et noble plante, d’un port ornemental, d’une culture aisée et presque rustique, en ce qu’elle ne demande qu’un abri contre les gelées.

SARARAAAAIE

Terminons en disant que l'inventeur de ce procédé, s’il était connu (fut-ce Lémon? nous n’en sommes, nous n’en avons été que l'écho, mais nous nous estimons heureux de l'avoir été le premier), ainsi que celui qui tout récemment vient de trouver un remède infaillible (des inhalations iodiques) contre la phthisie pulmonaire, cette cruelle maladie qui décime l'humanité, mériterait des honneurs, des pensions, une statue en place pu- blique! !! On en élève de nos jours de toutes parts aux conquérants, aux chefs militaires, qui, eux, déciment les populations par le fer et le feu : ne vaut-il pas mieux en élever à ceux qui les guérissent et les conservent ?

(1) Get Aloës, en effet, croit spontanément et principalement dans l'ile Soccorora, ou Socorora, ou même Socorena (mais non Sucotra!), située à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandel, en face du Cap Gardafui, côtes orientales d’Afrique (Mer des Indes). C’est de lui qu'on tire pour les pharmacies la gomme- résine dite Aloës succotrin, la plus estimée de celles que fournissent aussi quelques autres espèces : gomme qui nécessairement n’est que le sue épaissi et sèché contenu dans les feuilles, et qui à l’état liquide et frais produit les effets salutaires que nous signalons; en serait-il de même à l’état sec, mais dissous ou dans l’eau ou dans quelque autre fluide approprié ?

Te a

6 À MISCELLANÉES.

PLANTES RECOMMANDÉS.

(ESPÈCES RARES OU NOUVELLES.)

Billbergia horrida Recez (1) Bromeliaceæ S Ananasseæ. Port du 2. rhodocyanea Cu. L. (Flor. des S. et des J. de l’Eur. HIT. PI. 207), mais plus vigoureux; feuilles acuminées, d’abord dressées, puis récurves ; dents serrées, oncinées, le crochet dirigé vers le sommet. Scape à peine plus long que les feuilles, dressé, verdâtre ; bractées d’un rouge brunâtre, les supérieures subrécurves, toutes longuement acuminées. Fleurs en épi assez compact et portées par des pédicelles très robustes, très courts. Tube calycinal cylindrique, tricosté, long à peine d’un centimètre et demi, à trois très courtes lacinies dressées, bleuâtres au sommet; tube floral à peine aussi long, mais presque aussitôt fendu en trois segments, deux fois aussi longs que le tube du calyce, obovés-lancéolés, blanes, bordés de bleu violacé, étalés, récurves, Filaments staminaux très grêles, divariqués- étalés, blanches; anthères allongées, linéaires. Style exsert, à trois divisions stigmatiques, linéaires, allongés,..… etc. Ex icone!

Si la plante en question a le port d’un Billbergia, son inflorescence rappèle assez bien celle des Pitcairnia. Nous ne saurions vanter les cou- leurs des bractées et des fleurs; mais nous pouvons assurer qu’elle mérite d'être introduite dans toutes les collections, par les singularités qu’elle présente. Elle est cultivée depuis longtemps dans le jardin impérial bota- nique de S'-Pétersbourg, dont la direction est confiée à notre savant et habile confrère, M, E. Regel. Ce botaniste la suppose brésilienne et avoir été introduite par Riedel (1841.....?). ,

Spraguea umbellata Tone. (1). Portulacaceæ. L'introduction d'une plante d'une inflorescence aussi extraordinaire, plante de plus

(1) Nous ne trouvons pas la phrase spécifiqüe de la plante en question dans le Garten-Flora, et ne possédant l’autre ouvrage cité (V. ci-après), peut-être l’a donnée M. Regel, nous regrettons de ne pouvoir l'enregistrer ici, comme c’est notre habitude, à l'égard de dans nos Miscellanées.

Billbergia horrida Res, Index Sem. Hort. Petrop. anno 1856. 17. Gart.-Flora, 148 (1857). ibid. Jc. 272. p. 321 (1859). No de Novembre.

(2) CHARACT. GENER. : Calyx disepalus persistens, sepalis suborbiculatis basi cordatis emarginatis membranaceis patentibus (inæqualibus minore altius inserto). Corolle pelala 4 æstivatione imbricata li- bera, 2 exterioribus sepalis alternantibus, interioribus sepalis oppositis. Stamina 3 petalis opposita. Ova- rium uniloculare, ovulis 8-10 (4-6 W. Hook.) basilaribus. Stylus filiformis apice trifidus, lobis intus stigmatosis (quo ex charactere in icone plurifidus apparet!). Capsula membranacea compressa unilocularis bivalvis. Semina 2-5 lenticulari-compressa nigra nitida estrophiolata.

Herba Californica perennis glabra, caulibus 1-5 scapiformibus e caudice brevi ortis remote squamosis ; floribus confertis (exactius confertissimis seseque invicem applicantibus) scorpioideo-spicatis, spicis plurimis terminalibus. Tonney, 1, i. c. (parenth. except.) | ; ,

Spraguea Tonn. in PI. Fremont. 4 S. umbellata 11150. ibid. t. 1. W. Hoox. Bot. Mag.

toutes les plantes que nous admetions

t. 5143. Octob. 1859.

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Planche 24.

RAVENALA MADAGASCARIENSIS.

RAVENALE DE MADAGASCAR.

Érym. Le radical de ce nom est, dit-on, le mot madégasse Raven (1), qui signifie feuille; ainsi, les indigènes, par une mélonymie toute poétique, appèleraient la plante dont il s’agit Ravenala (la feuille!), voulant proclamer par la beauté de son feuillage. 11 faut remarquer, toutefois, que, contrairement à cette étymo- logie, Flacourt, qui a séjourné six années à Madagascar, rapporte que les indigè-

nes lui donnent le nom de Voafoutsi!

Musacez S Musez (2).

CHARACT, GENER. Perigonii cpi- gyni foliola extcriora æqualia, antico carinato; in{eriora paullo minora, late- ralibus æqualibus approximatis genita- lia amplectentibus, postico subconformi nonnihil breviore. Sama 6, omnibus

perfectis. Ovarium inferum triloculare;

ovulis in loculorum angulo eentrali plu- rimis biscriatis horizontalibus anatropis. Stylus crassiusculus, stigmate infundi- buliformi subclavato apice brevissime sexdentato. Capsula lignosa trilocularis loculicido-trivalvis. Semina plurima de- presso-sphærica, mediante tubereulo umbilicali, én arillum pulposum (azu-

reum) semen obvolventem fatiscente

aflixa, {esta fuliginea lævi. Embryo or- thotropus fungiformis altero latere trun- catus in axi albuminis subcornei, extre- mitate radiculari spectante centripeta. Planta madagascariensis Ordinis sui longe nobilissima, trunco (Exnz. cau- dice!) palmiformi ce foliorum vaginis conflato ; foliis longe petiolatis basi dila-

tata vaginantibus alterne distichis; pedun- | culis ferminalibus distichis ; floribus in |

spalharum distiche alternantium glome- ratis bracteolatis (spathellatis azroR.!) (5). __ Envcion. Gen. PI, 1650. (except. parenth.)

\

Havenala Apans. Fam. PI. II. 67. Sonxer. Voy. aux Indes or. 11. 225 (edit. Sonnint, IV. 585). Jaco. Hort. Schænbr. 1. 47. Juss. Gen. PI. 62. Pormer, Dict. Encyel. VE 80, Senucr. Syst. Plant. VI. 1299. 2 parte. Meisx. Gen. PI. 590 (292). Urania Scures. Gen. nov. 559. Cr. Ricu. Mus. 12. etc. V. Char. specif. !

CHARACT. SPECIF. Species hucus- que unica, de qua amplius supra infra- que disseritur !

Ravenala madagascaricnsis (ADan- SON) Sonnerar, L €. t. 124-196. Pormer, 1. c. Lamanck, [lustr. des genres, 1.571. PI. 222. Jaco. Hort. Schœnbr. 1, €. t. 95. ScuuLT. |. c. Expzicn. leon. t. 42.

Urania speciosa Wiiinen. Sp. PI. H.

7. CL. Riou. 1. c. t. 45. Link, Enum. 544. ra in Van Haz, etc., Bijdr. IV.

_— madagascariensis Raeuscn....….! (ex Scnurr. Le). Voufoutsi Fiacourr, Hist. de Madag.

Arbre du voyageur.

SPP PPPR PPS PIS SPIP

Il ne sera pas sans intérêt pour nos lecteurs de traduire (littéralement) ici le compte-rendu qu'a fait de l'arbre dont il s’agit le Rév. William

(4) On fit, écrit indifféremment dans le récit des voyageurs : Madé

A2 » Madég

et Malgaches!

(2) Clrss. Lindley (Veg. Kingd.), in Musaceis admittit duas seetiones : Heliconieæ, Unanizx; sed,

Uraxia genere rejeclo, posterior sub isto ad

Ptari jure non potest ! (3) Inflorescentia plantæ hujus non recte sie descripta ; legend est: ped

leg lis, rectius et seapis,

ex axillis foliorum ortis petiolo (cum spathis) multo brevioribus ; spathis pluribus subapproximatis alterna- tim distichis; floribus numerosis sessilibus (ovario pedunculiformi elongato sessili!) unoquoque unibrac- teato, biseriatis distichis ; capsulis (ut supra!), placentæ costiformi medianæ prominenti seminibus altcr-

nati-biseriatis affixis..…. etc. ut supra. Nos.

TOM. VII, FÉVR. 1860.

FI 2

RAVENALA MADAGASCARIENSIS.

Ellis, dont nous avons déjà eu occasion de leur parler avantageuse- ment, à l'occasion de la découverte et de l'introduction en Europe des Ouvirandra fenestralis et Bernieriana (Mise. IL, 5. 13. V. 90) : compte- rendu fait ad naturam et inséré dans le remarquable ouvrage qu'il vient de publier, intitulé : Three visits to Madagascar, during the years 1853-4-6, etc, (1).

« Quand nous eûmes quitté le pays inférieur, le Rujfia (2) devint plus petit et moins commun, mais l'Arbre du voyageur abondait sur les ver- sants des collines, dans les vallées et dans toutes les parties humides de la contrée; et là, paraissait à cette altitude atteindre sa plus grande per- fection. Cet arbre, l'Urania speciosa, est certainement l’un des plus re- marquables qui aient été découverts à Madagascar, et sa supériorité, sous ce rapport, peut être inférée de son nom vernaculaire Ravenala (5), sous lequel la désigné Sonnerat, son découvreur. Ravenala signifie littérale- ment feuille de la forêt, comme s’il était la feuille qui caractérisât la forêt, en fait il abonde, bien qu'on ne l'y rencontre pas partout. Il s'élève du sol sur un tronc épais et suceulent, semblable à celui du Bananier ou des grandes espèces de Strelitzia (probablement l'auteur parle ici du Strelitzia augusta!), avec lesquelles il offre une grande ressemblance, 1 émet du centre de sa tige de Jongues et larges feuilles semblables à celles du Bananier, mais moins fragiles, et sortant non à l’entour du tronc, mais sur deux lignes opposées, de sorte qu’au fur et à mesure qu'elles croissent et que les inférieures s’élalent horizontalement ou pendent par leur extré- mité, l'arbre offre l'aspect d’un grand éventail développé. Dès que la tige atteint dix ou douze pieds de hauteur, la partie inférieure de l'écorce devient dure et sèche, comme celle du Cocotier. Un grand nombre d’indi- vidus ont dans cette région au moins trente pieds d’élévation du sol jus- qu'aux feuilles inférieures, et j'ai fréquemment compté de vingt à vingt- quatre feuilles sur un seul arbre : chaque pétiole ayant six ou huit pieds de long, et ses larges feuilles elles-mêmes de quatre à six pieds et plus.

» L'ensemble de ces vingt-quatre gigantesques feuilles d’un vert bril- lant, s’étalant en éventail au sommet d’un tronc de trente pieds de haut, m'offrait un spectacle aussi frappant, aussi magnifique qu’il m'était inso- lite. Dans cette partie du pays, ces arbres étaient les objets les plus remar- quables à plusieurs milles à la ronde, et si ce n’était que leurs immenses et luisantes feuilles sont fendues de chaque côté par les vents, brise même en agite en désordre les plus petits fragments, la prédomi- nance du Ravenala imprimerait à la végétation de la contrée un dégré presque inconcevable de magnificence.

et que la

(4) London, Joux Monuay, 1859, in-8o with 27 illustrations end 1 map.

{2} Sagus Ruffia, Palmier qui, selon l'auteur, croit en abondance pêle sur les bords de l'Yhsroka, fleuve dont lembouchure est sur Ja côte 19-20e dégrés de latitude australe (Mérid. de Greenwich).

(3) L'auteur, d'aprés la prononciation anglaise, écrit Ravinala.

-mêle avec l’Arhre du Voyageur, orientale de Madagascar, vers les

RAVENALA MADAGASCARIENSIS,

» Dans l'éventail terminal de l’Arbre du voyageur se voient générale- ment trois ou quatre branches de gousses de graines (sic !). Les parties de la fructification paraissent contenues dans une spathe ferme et coriace, comme celle du Cocotier; mais par leur développement ultérieur, elles ressemblent davantage à celles du Bananier. Lorsque les gousses ou réceptacles des graines (seedvessels !), et qui sont au nombre de quarante ou cinquante sur chaque grappe, sont müres, elles s'ouvrent en se déchi- rant, et on peut remarquer que chacune d'elles renferme une trentaine de graines et plus, semblables à de petites fèves, mais enveloppées dans une fibre fine et soyeuse, du bleu le plus brillant ou pourpre (1).

» Mais ce qui a surtout contribué à rendre cet arbre célèbre, c’est qu'il contient, même pendant la saison la plus aride, une grande quantité d’une eau pure et fraiche, remplaçant ainsi pour le voyageur les puits du désert. Chaque fois que j'interrogeais les indigènes, ils m’afirmaient que le fait était exact et que l’eau était si pure et si abondante, que, lorsqu'ils travaillaient près de tels arbres, ils ne se dounaient pas la peine d'aller chercher de l'eau dans les rivières, mais qu'ils buvaient celle qu'ils tiraient des Ravenales, M'étant autrefois montré quelque peu sceptique à ce sujet, je résolus d'examiner quelques-uns de ces arbres; ct pendant une excursion matinale, je me fis arrêter près d’un groupe de Ravenala. L'un de mes porteurs plongea le fer de sa lance à quatre ou cinq pouces de profondeur dans la base ferme ct épaisse du pétiole d’une feuille, à six pouces au-dessus de sa jonction avec le tronc, et en le retirant, il en jaillit un ruisseau d’eau claire et pure, dont je reçus le quart environ dans un vase et que je bus entièrement sur-le-champ. Cette eau était fraiche, claire et parfaitement douce. Après examen ultérieur, je ne re- marquai nulle filtration aqueuse à travers aucune des parties de la plante, ainsi que je fus amené à le supposer, après avoir vu l’eau recueillie par sir W. Hooker de l’un des individus cultivés dans la serre à Palmiers de Kew. À la base de chaque pétiole, au-dessus de son point de jonction avec la tige, est une cavité naturelle, une sorte de citerne (base dilatée et amplexicaule!), où, comme dans un réservoir naturel, s'amassent les eaux (pluviales) qui coulent sur la surface supérieure de la feuille, le long de sa nervure médiane, comme dans une gouttière ; et qui alors contri- buent à la nourriture de l'arbre, et fournissent un raffraichissement au voyageur, ainsi qu’au travailleur.

» Mais à Madagascar, le Ravenala peut être proprement appelé l'arbre du constructeur plutôt que l'arbre du voyageur. Dans la partie orientale de l'ile, on se sert de ses feuilles pour couvrir les maisons; et des tiges d’icelles (nervures médianes !} on fait les séparations et souvent les côtés (murs). De l'écorce dure externe qu'on sépare de la partie interne molle, et qu'on bat pour l'applatir, on fait les planchers; et j'ai vu le plancher

(4) H y a très vraisemblohlement une erreur, ainsi que plus haut, lorsque l'auteur compte quarante einquante gousses par grappe! voir plus bas notre description.

RAVENALA HMADAGASCARIENSIS,

entier d’une maison, d’une longue maison bien bâtie, couvert de ces écorces, dont chaque pièce avait au moins vingt ou trente pieds de long sur dix-huit pouces de large. Encore vertes, les feuilles servent à em- baller et préservent de la pluie. Dans les marchés, on en vend chaque matin de grandes quantités ; elles servent de nappes, de plats, d’assiettes ; et pliées de certaines manières, elles remplacent les cuillers, les tasses et les verres. » (Excepl. parenth. nonnullis) (1).

A l'intéressante notice qui précède, et dont la véracité ne saurait être mise en doute, car tous les voyageurs qui ont précédé M. Ellis, dans ces contrées, avaient rapporté les mêmes faits (toutefois avec restriction de notre part sur la perpétuité de la bonne qualité de l'eau contenue dans les bases des feuilles), nous devons joindre nécessairement une description botani- que : mais en cela notre embarras est grand. Au point la Science mo- derne est arrivée, il nous faudrait décrire un tel végétal ct techniquement et complètement : quod fieri non potest! D'un côté, les documents en nature secs ou vivants nous font défaut ; de l’autre, les descriptions que nous trouvons dans les auteurs, dont les travaux sont aujourd'hui quelque peu surannés, sont aussi vagues qu'incomplètes et inexactes, aussi vagues et aussi incomplètes que les dessins qui en ont été donnés : force nous est donc, résumant les faits, d’arranger d'après eux, en ajoutant ce que nous avons remarqué par nous-même, une description botanique aussi satis- fesante que possible dans l'actualité, laissant à un plus heureux que nous le soin de faire mieux.

Le Ravenala madagascariensis, seule espèce du genre, par sa haute stature, ses grandes dimensions foliaires disposées en un gigantesque éventail, son majestueux ensemble, est un des plus nobles végétaux qui parent la surface de notre globe; il en est en même temps, comme on l’a vu, l’un des plus utiles : ainsi, de son tronc et de ses feuilles les indigènes se construisent des maisons ; de l’eau abondante, pure et fraiche (?) que contiennent ses pétioles dilatés, ils étanchent leur soif, ils ne trou- veraient souvent qu’une eau saumâtre et impotable, Il se plait non loin des berges des rivières, dans les endroits humides, souvent submergés, et surtout marécageux.

Chose singulière, de tous les auteurs et les voyageurs que nous avons consultés à son sujet, aucun, sauf M. Ellis, ne détermine la hauteur à laquelle il atteint ; ils se contentent de dire que c’est un grand arbre,

(1) La charmante planche qui accompagne notre article est empruntée à l'ouvrage de M. Ellis (V. supra), d’après une photographie et un dessin noir faits par lui- même sur les lieux; nous avons cru, plus à propos pour lillustration du noble végétal en question, non seulement devoir le reproduire dans ce recucil exactement en l’adoptant à notre plus grand format, mais surtout donner au groupe de Rave- nala, aux personnages, et enfin au paysage, les tons riches et chauds du pays natal, nous inspirant pour cela d’autres dessins coloriés, obtenus dans des circonstances identiques : ce en quoi notre excellent artiste nous semble avoir parfaitement réussi.

RAVENALA MANAGASCARIENSIS,

Nous savons maintenant, d’après M. Ellis, que le stipe ou caudex d’un individu adulte s'élève au moins à dix mètres de hauteur jusqu'aux pre- mières feuilles inférieures ; si nous évaluons maintenant, d’après toutes les données, et d'après lui également, l'éventail foliaire à quatre ou cinq mètres d’élévation, nous trouverons que l'arbre entier, adulte, atteint au moins quinze mètres et peut-être plus. . L. CL. Richard (Comm. de Musac. 21. t, 7 et 8) avait regardé comme une seconde espèce, sous le nom d’Urania guianensis (Bananier sauvage des colons de la Guiane), une plante très voisine, il est vrai, mais dont il n'avait jugé que d’après le fruit. Splitgerber (Instituut, 506. 1845), qui en avait examiné et décrit la fleur, suivit l'exemple du célèbre botaniste français. Cependant Endlicher (Prodr. Flor. norf. 54), dès 1853, dans une note restée inconnue (?) à Splitgerber, avait séparé, avec raison, sans doute, cette plante du Ravenala et en avait fait un genre nouveau, qui parait adopté aujourd’hui par les botanistes, sous le nom de Phenacosper- mum (P. guianense), et dont notre savant confrère, M. Miquel, a donné récemment une diagnose générique complète et de belles figures analyti- ques, de l'espèce type, dans son excellent ouvrage intitulé : Stirpes selectæ surinamenses (212. PI, 62. 65 doubles (1). et antea, Bot. Zeit. 345, 1845). Celle-ci est acaule, et l’arille chevelu (2) de ses graines est d’un jaune- orangé, au lieu d’être d'un beau bleu foncé. Cette différence de coloris nous fait penser que le révérend Ellis commet vraisemblablement une erreur, quand il dit (V. ci-dessus) que cet arille est ou bleu ou pourpre! Dans le second cas, on lui aura donné des graines dudit Plenacospermum, introduit à l'Ile de France comme ornement. M. Miquel regarde comme une seconde espèce de celui-ci l'Urania amazonica de Martius (Reise in Bras. TT. 20. t. I. f. VI. 2). Du reste, nous nous occuperons, très pro- chainement dans ce recueil, du Phenacospermum quianense Exoucn. : plante éminemment ornementale aussi, introduite depuis longtemps dans nos cultures, et cependant à peu près inconnue botaniquement à la plupart de nos lecteurs. Revenons à notre sujet, et décrivons de notre mieux : Stipe cylindrique, très simple, droit, élevé (hauteur indiquée), annelé- cicatrisé régulièrement par la chûte des anciennes feuilles ; à tissu épider- mide fibreux. Feuilles terminales et disposées comme il a été dit ci-dessus : pétioles (dimensions indiquées) très robustes, d'abord subeylindriques et bientôt fendus en une large, très épaisse et profonde gaine, très dilatée et embrassante à la base; formant chacune par leur réunion deux rangs

(1) Endlicher, et M. Miquel d’après lui, écrivent Phena Kospermum ; comme r n'est pas une lettre latine, on doit, comme nous l’avons fait, le remplacer par c, Le K, par exemple, en seiences naturelles, devrait ètre mis à la place du cu, par lequel nous exprimons le 2% des grecs, et sur la prononciation duquel on

. . p- LA + - hésite tant et quelquefois si ridiculement ! (eva, perruque, de Qevuëk, trompeur); ce dernier mot ferait-il allusion à l’erreur que commettaient ses devanciers, trompés par la ressemblance des graines, ou simplement à la présence d'un arille chevelu ?

(2) Arillus, masc.!

RAVENALA MADAGASCARIENSIS.

distiques, subopposés, très serrés; limbes foliaires (dimens. indiq.) épais, très coriaces, très fermes, elliptiques-oblongs, très obtus au sommet, subinégaux ou même subcordiformes à la base, d'un beau vert luisant, à bords très entiers; à veines transversales, simples (1). Les pédoneules et mieux scapes (et non les spadices !), sortant des aisselles des gaines foliaires, sont dressés, solitaires, et atteignent en hauteur environ les 2/5 de la longueur des pétioles; ils portent des spathes peu distantes, disti- ques, au nombre de cinq ou six de chaque côté, largement arrondies, cymbiformes et subembrassantes à la base, peu à peu atténuées-acuminées au sommet; très épaisses pendant la floraison, elles deviennent comme ligneuses pendant la fructification et dépassent cinquante centimètres de longueur.

Les fleurs, au nombre de dix ou douze dans chaque spathe, sont très grandes, blanches, et n’ont pas moins de vingt à vingt-deux centimètres de longueur, sans comprendre l'ovaire.

A l'égard de l’organisation de ces fleurs, nous ne trouvons dans les auteurs que contradictions et obscurité; et malheureusement nous ne voyons ni dans leurs descriptions, ni dans les figures plus que médiocres qu'ils en ont données, rien qui puisse nous aider à les mettre d'accord et à expliquer correctement les faits; ainsi, Sonnerat, et après lui, Jacquin, Poiret et Schultes, qui l'ont copié, disent que chaque fleur est contenue dans une spathe partielle, formées de deux longues pièces poin- tues, persistantes, enveloppant la fleur avant son épanouissement (2); que chaque. corolle est fendue jusqu’à la base en quatre segments étroits, canuliculés, dont un (l'intérieur!) plus épais et un peu plus large que les autres, contient les organes génitaux!

Dans la figure de l'Encyclopédie (PI. 222; nous ne sommes pas à même de consulter celle donnée par Sonnerat! et dans celle, la même, qu’a copiée la Flore sous-indiquée en note), cette fleur, coupée au-dessus de l'ovaire, est nettement représentée avec cinq pièces externes! done est ladite spathelle et les quatre pétales? Dans celle d’'Endlicher (4, c., nous ne savons d’après quoi l'auteur l’a fait dessiner ou l’a dessinée lui- même !), qui nous semble plus exacte, la fleur est représentée avec son ovaire, nu aussi à la base et surmonté d’un périanthe de six pièces dis- tincles, insérées sur un même et double verticille : des trois internes plus courtes, l'une est très petite, et les deux autres, plus larges, enser-

(1) In junioribus adhue speciminibus vivis sequentia observavimus : petiolus sub Jimbo eylindraceus late- raliter compressus mox in vaginam longissimam coriaceam fissus, marginibus approximatis tenuissime mem- branaceis ; limbus basi valde inæqualis ovali-oblongus ad tertiam partim latior deim sensim attenuatus subacutus, marginibus issimi b is læte rubris ; nervo mediano alte supra liculato discolore infra valde carinato (flavido-virente); venis biformibus : aliæ distantes supra prominentes subtus impressæ, aliæ numerosæ medianæ subimperspieuæ sed paullo (omnes et) translucidæ in marginem confus Musacearum cetera hæc est venatio!

(2) L'auteur anonyme, qui décrit aussi ces fleurs d’après ceux que nous venons de citer, est plus exact, et nécessairement dans le vrai, quand il dit de ces pièces : chacune enveloppe sa fleur, ete. (Flore des Jardins du roy. des Pays-Bus, etc. HI. 18. c. iconibus.).

RAVENALA MADAGASCARIENSIS,

rent les six étamines par leur base! Sur Ja même planche, nous voyons cet ovaire, plus développé, nu encore à la base, et portant au sommet tronqué les vestiges du périanthe.

Devons-nous conclure de ces faits contradictoires que la fleur (ovaire) est sessile et nue à sa base? Non, sans doute! bien que la présence de ladite spathelle bifoliée ait été omise dans toutes les figures citées : mais nous maintenons d’après Endlicher, et d’après l'analogie des verticilles, que le périanthe est bien sexfide! Il ajoute que les fleurs sont bractéo- lées. Notons bien qu'il omet ou évite de citer le nombre des pièces périanthiennes; or, à l'égard desdites spathelles, la question est nettement jugée par M. Miquel dans sa diagnose générique et dans les excellentes figures analytiques qu’il a données du Phenacospermum guianense, plante extrêmement (et peut-être trop) voisine de celle dont il s’agit, Il signale et figure même ces bractées ou spathelles (Spathis allernis biseriatis ; floribus in axillis spathillarum inclusarum distichis sessilibus, ete.)! et accuse neltement cinq segments périanthiens et cinq étamines. Or, puis- qu'il y a six élamines distinctes dans le Ravenala, il doit y avoir six lacinies périgoniales! Du reste, ce serait une étrange anomalie parmi les Musacées, dont le système floral est un double verticille régulier, qu’une corolle tétrapétale avec un androcée sexparti et bien normal, et la syn- thèse dans ce cas ramènerait difficilement l'exception à la règle. Il résulte done de ceci que chez le Ravenala chaque fleur (l'ovaire!) est sessile et contenue avant son développement dans une spathelle simple ou bractée, comme on voudra; et comme les fleurs sont distiques-géminées, la spa- thelle nécessairement paraît double. Nous demandons pardon à nos lec- teurs de cette discussion organologique; elle ne lui semblera pas oïseuse, s'il considère que tout ce qui se rattache à l’histoire botanique d’un des Princes des végétaux de notre globe, acquiert une importance, un intérêt particulier. Celle excuse présentée, nous continuons notre description :

Six étamines subfasciculées, un peu plus courtes que les segments in- ternes qui les enserrent à la base; filaments courts, un peu dilatés infé- rieurement, d’une consistance coriace, longs d’environ six centimètres ; puis s'élargissant bientôt un peu en anthères linéaires, dressées, introrses, rigides, plus de deux fois aussi longues que leur support et aussi rigides ; pollen blanchâtre. Style très robuste, aussi long ou un peu plus long que le périanthe, cylindrique, strié, renflé au sommet en un stigmate oblong, infundibuliforme, sexdenté. L’ovaire subfusiforme et sub- trigone, triloculaire, à ovules bisériés, devient une capsule ovée-subtri- gone, épaisse, ligneuse, longue de dix à douze centimètres, s’ouvrant par le sommet en trois valves (restant unies par la base), concaves avec une ligne (côte) centrale élevée, sur laquelle s’insèrent de chaque côté un certain nombre de graines sphériques déprimées, disciformes (et non oblongues, comme le disent les auteurs cités); au milieu est une petite tubérosité ombilicale, très peu saillante ; la base est entourée d'un arille

RAVENALA MADAGASCARIENSIS,

bleu, pulpeux, lequel, en se dessèchant, se sépare en fibrilles rayonnantes, et passe plus tard au vert glauque. Embryon fungiforme, etc.

Quelques détails nous restent à ajouter. Flacourt, qui résida à Mada- gascar pendant sept ans (1648-1655), comme commandant militaire de lile, au nom de la Compagnie française des Indes, et qui publia sur ses pro- ductions naturelles un ouvrage estimé, rapporte que de la pulpe bleuc (arille!}, qui entoure les graines, les Malgaches tirent de l'huile, et des graines elles-mêmes de la farine. Cela peut être, mais il faut remarquer qu’alors il faut de bien grandes quantités des unes et des autres pour en tirer de tels produits. Or, qu’on sache, le Ravenala n’est pas à l'état de culture dans l'ile.

C’est sans doute aussi le même ({. c., nous ne pouvons vérifier) qui le premier a parlé de l’eau excellente à boire que l'on en obtient. Voici ce passage que nous extrayons d’une excellente publication illustrée (1); c’est un récit tout simple et rempli d'intérêt :

« Vers le milieu du jour, mes deux guides marquérent la halte sous un bouquet de Palmiers, quelques provisions et quelques fruits cueillis sur les arbres nous composèrent un repas frugal. Réduit à l'eau pour toute boisson, j'allais en puiser dans le marais voisin, quand un de mes nègres m'arrêta : «u n’a pas bon, Mossié, me dit-il, attends vous là, »» Puis, il chercha autour de nous, examinant les arbres des environs. Quelques minutes après, il me fit signe d’accourir; il avait trouvé un Ravenala, qu’on a surnommé l'arbre du voyageur; il en prit une feuille, à laquelle il donna la forme d’une coupe; puis au moyen d’une entaille profonde, il fit jaillir du tronc (2) une eau limpide et fraiche que je savourai avec une espèce de sensualité, La source était si abondante, que mes deux noirs en burent chacun à leur tour sans l’épuiser. »

Une réflexion se présente ici sous notre plume, qui implique quelque doute, non sur la véracité des voyageurs qui s'accordent à en vanter l’abon-

dance, mais sur Ja pureté et le bon goût de l’eau contenue dans les citernes

végétales du Ravenala, eau qu’ils ont eu l'heureuse chance de déguster telle; mais encore sur la persistance de ces qualités, Nous voulons les en croire sur parole! Ainsi d’où vient cette eau ? Elle ne saurait être partie intégrante da végétal qui la fournit; elle doit donc provenir des eaux pluviales, et dans ce cas, quand elle n’est pas fréquemment renouvelée, dans la saison sèche, par exemple, cette eau nécessairement ne peut rester longtemps pure et de bon goût, ni même abondante; elle doit acquérir une saveur plus ou moins saumâtre! Du moins, il en est ainsi, chez beaucoup de Bromé- liacées; chez certains grands Billbergia, par exemple, dont les longues feuilles s’enroulent étroitement en un cornet presque toujours rempli

(1) Voyage pilloresque autour du monde. 2 PI. IX. fig. 2). L. Tenné, Paris. 1834.

9 4 x à nm . " s (2) Évidemment du haut du tronc, c est-à-dire, de la base des premières feuilles !

vol in-4o, avec 568 gravures, ct cartes, etc. {LE p. 70,

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RAVENALA MADAGASCARIENSIS.

d'eau (pluviale); mais de celle là, on n’a jamais, que nous sachions, vanté la pureté et le bon goût !

Du reste, nous livrons ces réflexions pour ce qu'elles valent, parce qu'enfin, selon le dicton vulgaire :

À beau mentir qui vient de loin!

Nous avons hâte de terminer enfin ce long article, et nous le concluons, en disant que, si nous en jugcons d’après les jeunes et beaux individus que nous en avons observés dans les serres de M. A. Verschaffelt, le R. madagascariensis croit vigoureusement et rapidement, Ainsi, ceux dont nous parlons, à peine âgés de trois ans (de semis), avaient déjà développé des feuilles de 0,80 (pétiole compris) sur 0,14-16 de diamètre dans la partie la plus large. La nervure médiane en est creuse, large et d'un blanc jaunâtre; les bords très minces, membranacés et d’un beau rouge; le reste du limbe d’un beau vert luisant.

Si nous avons été heureux pour intéresser nos lecteurs à l'égard de la beauté de ce grandiose végétal, il n’est pas un d'eux qui ne se le procure pour en orner sa serre chaude.

Cn. Len.

Explication des Planches,

Planche coloriée. 254. Le Ravenala madagascariensis dans un de ses sites natals, réduit à peu près au 60ème, PJanche noire. Fig. 1. Individu encore jeune, mais fleurissant et fructifiant déjà, également très réduit. Fig. 2. Spadice florifère; Fig. 3. Spadice fructifère : tous deux très réduits. Fig. 4. Une fleur. demi-grandeur naturelle. Fig. 5. Ovaire déjà avancé en âge. Fig. 6. Coupe hori- zontale d’un jeune ovaire. Fig. 7. Capsule müre et ouvrant ses valves, un peu plus petite que nature, ainsi que les figures 5 et 6. Fig. 8. Une graine avec son arille, grd. nat. a... Ombilic omboné. Fig. 9 et 10 (un peu grossies). Coupes diver- ses dudit. a... Embryon.

CULTURE. se (S. Cn.)

Il ne faut, pour obtenir d’une telle plante une vigoureuse végétation, qu’une place dans une bonne serre chaude; des vases assez larges et profonds, pour qu’elle puisse à l'aise y étaler ses racines fibreuses ; un sol riche et compact, formé d’1/5 de terre sablonneuse, d'1/3 de terre franche et d’1/5 de gazon coupé dans des tourbières (gazon pourri) : compost qu’on tiendra toujours frais et humide par des arrosements fréquents ; mais dont on devra éviter, au moyen d’un bon drainage, la stagnation trop prolongée. On ne négligera pas de temps à autre d’en laver les feuilles

et de les seringuer, pour en éloigner les insectes suceurs. Av V:

TOM. VII. Févr. 1860. 4

Planche 235.

GAZANIA SPLENDENS (avsripa).

GAZANIE ÉCLATANTE.

Érys. Sweet et Loudon (Hort. Brit.) donnent pour étymologie du nom de ce genre Le mot yébæ, trésor, richesse! Nous ne savons si Gærtner l’a expliquée ainsi; s il n’en est rien (nous n’avons pas son livre à notre disposition!) il est bien plus probable qu’il a dédié ce genre à Tuéonore Gaza, traducteur et commentateur de Théophraste (1504-1541).

ASTERACEÆ À CynaReæ $$ GoRTERIx.

CHARACT. GENER. Ut mos, hybri- , tio! Planta de qua agitur in horto angli- darum non exponimus! Attamen adi, | cano quodam dicitur enata hybridaque studiose lector, cirss. DC. Prodromum, | habetur! Inferius de ea fit descriptio. Tam VI, p. 508. Espzicu. Gen. PL 2845. Gazania splendens Horr. ANGL. 1-

lustr, Bouquet, IL. PI. xxix. fig. 1. Nos- CHARACT. SPECIF. Eadem observa- | tra tabula 235.

PARIS LS SPP PIS ESS

N'ayant point encore eu l’occasion d'examiner en fleurs la belle plante dont il s’agit, et dont nous donnons ci-contre une exacte figure, emprun- tée à l’élégant recueil anglais intitulé : {Uustrated Bouquet, nous ne pou- vons faire mieux que de traduire l'excellent article que lui consacre le rédacteur anonyme de cet ouvrage ; les parenthèses seules sont nôtres et sont ajoutées en forme de commentaires, dans l’intérét des amateurs.

« La plante qui forme l’objet des remarques suivantes et qui est repré- sentée dans la planche ci-contre, est une de celles qui se maintiennent remarquablement belles parmi des milliers d’autres, en raison du volume peu ordinaire et de l'éclat de ses fleurs et du riche contraste de leurs cou- leurs. A ces grandes qualités, il faut ajouter un port nain et compact, une végétation vigoureuse, À celui qui ne serait pas sensiblement attiré par les magnifiques coloris richement contrastants de la Guzania splendens, il faudrait attribuer un bien mince goût pour les fleurs, bien obtuse des formes diverses de la beauté!

» Les principales espèces alliées, qui se trouvent dans les collections et avec lesquelles la variété en question, qui semble d'origine hybride, peut être comparée, sont les Gazania rigens (R. Br. Bol. Mag. 1. 90), pavo- nia (R. Br. Bot. Reg. t. 55) et uniflora (Sims, Bot. Mag. t. 2270). Les deux premières sont naines, compactes, toujours vertes, herbacées, viva- ces, et de serre tempérée; la G. pavonia, néanmoins, acquiert avec l'âge une courte tige dressée et charnue, tandis que la G, uniflora est d’

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GAZANIA SPLENDENS (hybrida).

facies plus diffus et plus ramifié. La G. rigens à des feuilles un peu pen- natifides, lesquelles, lorsque la plante végète vigoureusement, perdent leur caractère lobé, et prennent une forme allongée ou lancéolée-spathu- lée; elles sont lisses (glabres!) en dessus et blanches (tomenteuses) en dessous. La G. pavonia se distingue par des feuilles constamment lyrées- pennatifides, dont les lobes latéraux sont courts, oblongs, subulés-aigus ; la surface en est poilue en dessus et blanche (tomenteuse) en dessous. Les capitules en sont également remarquables, mais plus petits et certaine- ment moins brillants que ceux des espèces citées; les fleurons du rayon en sont d’un jaune vif avec une macule d’un jaune d’or foncé à la base et dans l’intérieur de celle-ci une autre d’un jaune plus pâle.

» La présente variété, dans sa façon générale de végéter, ressemble à la G. uniflora, et en diffère par son port nain, compact, à rameaux serrés ; elle est quelquefois subdressée, mais devient décombante par le poids de ses fleurs. Les tiges qui sont vertes, avec une nuance rougeâtre, portent des feuilles lisses (smooth), luisantes, oblongues-spathulées, et montrent et latéralement un petit lobe simple ou géminé; la surface supé- rieure est d’un vert foncé, l’inférieure couverte d’un duvet serré et d’un blanc d’argent. Les capitules, de trois à quatre pouces de diamètre, ressemblent à des Chrysanthèmes d’un riche jaune d’or-orangé, à bords (rayons) gracieusement décurves, et élégamment (picturesquely) marqué à la base de chaque fleuron d’une large tache d’un riche brun chocolat à base noire, et même, en outre, sur le fond sombre d'’icelle est une ma- cule blanche distincte. Le rapprochement de ces couleurs différentes con- tribue à produire un très riche et très ornemental effet. Un fait intéres- sant, au point de vue physiologique, se fait remarquer dans sa manière de végéter, Les individus, du soir au matin, affectent une position presque dressée, et pendant cette période, les belles sousfaces foliaires, d’un blanc d'argent, sont tout-à-fait en évidence, et ne reprennent leur position natu- rellement décombante qu’au fur et à mesure qu’elles ressentent les gaies influences de l'atmosphère qui fait leurs fleurs s'ouvrir.

» C'est une plante de la culture la plus facile, se contentant de presque de toutes les natures de sol, émettant une continuelle profusion de fleurs si admirablement colorées de la mi-juin jusqu’à la dernière période autom- nale; elle ne demande aucun support, n’est affectée ni par les tempêtes de l'été, ni par les changements atmosphériques de l'automne, mais fleu- rissant tranquillement (calmly) jusque dans la dernière période de cette saison, fermant ses magnifiques fleurs pendant la nuit, les rouvrant pen- dant le jour; une telle plante a peu de rivales dans nos parterres ou dans les jardins fleuristes spéciaux (/ormul!).

GAZANIA SPLENDENS (hybrida).

» La rareté des fleurs de couleur orangée pour de grands groupes ou des massifs, donne à cette plante un très grand prix (invaluable!!!), en ce que son admission dans le Jardin fleuriste la laisse sans rivales parmi les autres plantes de la même couleur. Sa croissance est si franche et si vigoureuse, si nelle, si propre (as well as neat and cleanly), qu’elle n’est pas sujette aux attaques des Cochenilles et des Acarus, par lesquelles tant de plantes populaires sont endommagées, lorsqu'elles sont cultivées en serre (underpotted!!!) ou tenues dans une atmosphère sèche et aride. Pour culture en pot, pour la décoration des massifs à l'air libre, pour la formation de larges bordures, ou pour la plantation en ligne par devant, elle se prête parfaitement à ces divers buts. Il n’est enfin nulle autre plante, d’un port aussi nain et aussi compact, qui produise une aussi longue succession de fleurs, et que n’endommage pas une extrême séche- resse. Ceci, ainsi que son entière exemption des altaques des insectes, lui assure une place parmi les plus brillantes et les plus apparentes fleurs qui soient encore parvenues à la connaissance des horticulteurs. Ses nombreuses ramifications favorisent sa multiplication d’une façon illi- mitée. »

Nous n'avons rien à retrancher dans l'apologie, un peu prolixe peut-être, mais vraie et complète qu’on vient de lire, de la plante dont il s’agit. Nous ferons seulement remarquer qu’elle présente, comme ses congénères, vraisemblablement, et ses proches alliées, les Gorteriæ, le double phéno- mène de Ja météoricité florale et du sommeil foliaire ; jusqu'ici, que nous sachions, le second n'avait jamais été signalé,

Les Gazaniæ, dont on connaît une quarantaine d'espèces, sont la plupart inconnues dans les jardins, on n’en cultive que cinq ou six et qu’on y trouve même fort rarement, malgré leur incontestable beauté, sont, comme les Gorteriæ, originaires du Cap de Bonne-Espérance; ce sont des plantes basses, très ramifiées et formant touffe, annuelles ou vivaces, herbacées ou suffrutiqueuses à la base, à feuilles le plus souvent radicales, rosulées, discolores, oblongues-subspathulées ou oblancéolées, entières ou plus ou moins subpennatifides. Bien qu'en Angleterre elles puissent passer à l'air libre, sur le continent elles exigent l'abri d'une serre froide, ou d’un châssis froid en hiver.

Cu, L. CULTURE.

Re L'établissement Verschaffelt est en mesure de procurer aux amateurs

celle remarquable plante, sur la culture de laquelle l'article qui précède est suffisamment explicite,

À. V.

MISCELLANÉES. 7

tout-à-fait rustique pour les jardins à l'air libre, est une véritable bonne fortune pour les fleuristes, ainsi que nous allons l'expliquer. La découverte, selon M. W. Hooker (d’après Torrey, sans doute), en est due au colonel Frémont (...?), qui la trouva aux embouchures ({orks) de la rivière Nozah, au pied des collines qui flanquent les bases de la Sierra Nevada (Montagnes Neigeuses), dans le nord de la Californie ; elle était en fleurs et en fruits dans le mois de mai,

L'introduction en est due à l'heureux et zélé botaniste-voyageur, W. Lobb, qui l'envoya à ses dignes patrons, MM, Veitch, à Exeter et à Chelsea, elle se montre entièrement rustique. L'inflorescence en question est une ombelle terminale, dont les pédicelles serrés et dressés se terminent chacun par un ou plusieurs épis courbés en crosse (scorpioïdes) et composés de très nombreuses fleurs blanches (calyces!) bisériées, très appliquées, très serrées les unes contre les autres ; chaque épi rappèle assez bien la forme d’une grosse larve de coléoptère, lorsqu'elle se con- tracte, ou un fragment de cette sorte de passementerie qu'on appèle de la chenille! Chaque ombelle semble donc un petit tus des unes ou des autres ! Sur le blanc des calyces tranchent au centre le rouge des petites corolles et des étamines. De tels épis floraux seront pour la confection des bouquets montés une très précieuse ressource; on pourra les en entourer comme d’une chenille végétale.

D'un rhizome subfusiforme et ramifié s'élèvent 3, 4, Ë (et plus) tiges, hautes de 0,50-55, rougeûtres, cylindriques, paucifoliées ou pauci- squameuses, comme on voudra, Les feuilles basilaires ou radicales sont rosulées, longues de 5-6 pouces, obovées-spathulées, aiguës, d'un beau vert. Calyce formé de deux pièces appliquées, arrondies, finement denti- culées, l’une presque de moitié plus petite que l’autre, insérées plus haut et dans le milieu. D’après la figure analytique, chaque pédoncule porte à Ja base une petite bractée dimidiée, falciforme, dentée, dont ne parlent ni Torrey, ni W. Hooker. La corolle, plus petite et insérée entre les deux pièces calycinales, est campanulée et formée de quatre pétales opposés, oblongs, à pointes récurves. Les trois étamines sont exsertes, ainsi que le style; celui-ci plus court. La capsule est ovée et contient 4-6 ovules subarrondis, s’élevant du centre basilaire sur de courts pédicules.

Ce singulier genre a été dédié à M. Isaac Sprague, de Cambridge, dans le Massachusett, habile dessinateur de botanique, auquel on doit les admirables (sic!) illustrations de Plants of the United States d’Asa Gray.

TOM. VII. MISC, FÉVR, 1860, à

8 MISCELLANÉES,

Notice biographique de fen le Baron HEYNDERYCX.

Francois-Josepn-AnToine Hevnpenyex naquit à Gand, le 29 novem- bre 1778, d’une des principales familles de cette ville. Nommé bourgue- mestre de Destelbergen en octobre 1895, il en remplit les fonctions jusqu’à sa mort. Il reçut, par décision royale, le titre de Chevalier en juin 1856, et celui de Baron le 2 octobre 1856.

L’arrondissement de Gand l’élut sénateur le 9 juin 1835; il siégea dans cette assemblée jusqu’en juin 1848, et la même année le Roi le nomma chevalier de son ordre. La Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand (1), en mars 1846, le nomma son vice-président, et président en titre à vie le 49 avril 4853. Il mourut dans son château, à Destelbergen, le 20 juin 1859, quelques mois avant l’accomplissement de sa quatre-vingt-unième année.

A celte sèche nomenclature de dates, qui font connaître en quelques mots le citoyen politique et civil, il convient d'ajouter quelques détails sommaires qui puissent faire apprécier le promoteur de l’horticulture.

Doué à un haut dégré d’un goût élevé pour ce qui est vraiment beau, du sens de l'esthétique enfin, ce sixième sens dont sont privés tant de gens du monde, pour qui la richesse n’est qu’un faste inutile, F. J. A. Heynderyex, fesant un noble et intelligent usage de sa for- tune, fit construire, d’après ses propres plans, et dans le style grec le plus simple et le plus pur, une charmante villa, à Destelbergen, près de Gand, et de vastes serres, aussi élégantes que parfaitement disposées, il rassembla avec amour (amour si pur et si doux, source de tant de gra- cieuses jouissances, sans cesse nouvelles!) une des plus riches et des plus nombreuses collections de plantes dont puisse s’honorer notre Europe, et c’est dire le monde entier (2). Et en cette occurrence encore, amateur véritable, il fit preuve d’un goût exquis, d’un tact parfait ; il ne se montra point exclusif, ce tort si commun aux amateurs et dont dans tous nos écrits, tout en le combattant, nous avons démontré la vanité, l’absurdité, Il ressembla donc sous ses yeux, de tous les points du globe, toutes les plantes remarquables, soit par la beauté du port et du feuillage, soit par la beauté de leurs fleurs. Dans ce but, il acquérait à haut prix toutes

{1} Nous devons faire observer que depuis 4 ou 5 ans il s’est formé à Gand une autre Société d’Horti- culture (sous le nom d’Académie d’Horticulture), qui n’a rien de commun avec la Société dont il s’agit, fondée, elle, depuis plus de 50 ans, et restée mére et modèle de toutes les autres:

(2) Le lecteur peut consulter à ce sujet la notice que feu Ch. Morren a publiée sur les collections de M. Heynderyex, dans les Annales de la Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand, Te ler, page 200 et suite.

Rens Fos 6 RES. CÉSAR

La

La CAL

MISCELLANÉES. 9

les nouveautés végétales, remplissant ces indispensables conditions, aus- sitôt qu’elles étaient introduites par nos intelligents et zélés horticulteurs. Aussi se pressaient dans ses serres les plantes les plus belles du Brésil, du Mexique, de l'Inde, du Cap, de la Nouvelle-Zélande, etc., etc. : Pal- miers, Cycadées, Fougères, Musacées, Amaryllidées, Protéacées, Orchida- cées, etc., etc., dont l’énumération spécifique et générique même dépas- serait de beaucoup les bornes dans lesquelles doit se refermer une simple notice biographique.

On le voit par ce court exposé, et comme nous l'avons dit, Heyndervex, repoussant un étroit et mesquin exclusivisme, groupait sous ses yeux les plus belles productions exotiques; mais il ne bornait point son goût si noble et si éclairé pour le règne végétal (vieux style!). Pour multiplier ses jouissances, pour encourager l’horticulture proprement dite, il achetait encore tous ces merveilleux gains qu’obtiennent annuellement les horti- culteurs ; aussi, dans ses serres, admirait-on aussi ce qui paraissait de mieux en Camellia, Rhododendrum, Azalées de l'Inde, Fuschia, Bego- nia, etc., etc.

Devons-nous ajouter que ces diverses collections présentées successive- ment par leur possesseur aux principales expositions du Royaume, et surtout à celles de Gand, lui ont constamment valu les premiers prix des concours affectés à chacune d'elles !

La mort de M. le baron Heynderyex, fatalis Parcarum lex! est un deuil pour l’horticulture en général, pour l'horticuiture belge en parti- culier ; et ce jour là, la Flore gantoise dans sa douleur s’est voilé la face! Nous avons mentionné dans ce reeueil, en rendant compte de la 115° ex- position de la Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand, cette circonstance touchante d’une rare Orchidée, dont l'amateur guettait amou- reusement chaque jour la floraison, qui eut lieu, quelques heures, pour ainsi dire, après sa mort : Orchidée qui, surmontée ces jours d’un crêpe funèbre, disait à tous la perte que venait de subir la Société (V. ci-dessus, notre compte-rendu, Tome VI. Misc. p. 70).

Nous conservons l'espoir, ainsi que l'ont annoncé quelques gazeltes, que ce rour végétal, si grandiose et si homogène, sera, à l'honneur de la Flore gantoise, conservé par son fils et digne héritier, qui, suivant _le noble exemple paternel, continuera à tenir ses riches collections au courant de toutes les nouveautés qui nous arrivent chaque jour des con- trées exotiques ou qu’enfantent nos habiles horticulteurs.

NARPAPPPSIIII

Dans une des séances de la Société royale d'Agriculture et de Botanique

140 ; MISCELLANÉES.

de Gand, le Conseil d'administration a proposé et les membres ont adopté à l'unanimité :

M. de Kerchove-Delimon, bourgmestre de la ville, comme président d'honneur de la Société, et

M. Van den Hecke de Lembeke, comme président effectif.

Nuls choix ne pouvaient être plus heureux; ces Messieurs, comme en témoignent maints passages de ce recueil, se sont toujours distingués par leur zèle éclairé pour les intérêts de l’horticulture et le beau choix de plantes dont ils enrichissent journellement leurs collections,

REQGUIFIGATION,

ÉTIQUETTES TUBULAIRES,

Par un véritable lapsu calami, échappé à notre plume, en interprétant de travers un passage de la lettre de notre honorable correspondant, nous lui ayons fait dire, au sujet des étiquettes tubulaires (NV. VI. Mise. p. 102), une grosse absurdilé, qui retombe sur nous seul de tout son poids : nous en demandons pardon à qui de droit, mais

ee æquum est Peccatis veniam poscentem reddere rursus! Hon.

et, cela dit, nous rétablissons la vérité des faits.

On coupe À rnoro (et non en chauffant au blanc!) au moyen d’un trait _ de la lime triangulaire, qui ici remplace parfaitement le diamant, autant de bouts de tube que l’on désire fabriquer d'étiquettes, et à la longueur désirée. Cela fait, on ferme d’abord, comme il a été dit ci-dessus (4, c.), l’une des extrêmités; puis, après avoir glissé l'étiquette, on en ferme l'autre. Les deux extrêmités, au moyen de la lampe d’émailleur, doivent donc être fermées ainsi, confectionnées ou enjolivées selon le goût du travailleur et la situation que les étiquettes doivent occuper.

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Planche 236.

PIVOINE ALEXANDRE IL

(Pivoine en arbre, dédiée à Sa Majesté Azexanore Il, Empereur de toutes les Russies),

PÆONIA MOUTAN (|) var.

Érym. Masavia, Pæonia, nom chez les anciens de la plante, dont par une altération homonymique les modernes ont fait le mot Pivoine. C'était aussi le nom d’une contrée de la Grèce (partie nord de la Macédoine), cette plante (le type) était, dit-on, fort commune; il dérive, dit-on encore, de Hat&, Pœon, Péon, célèbre médecin du temps, dit le Médecin des Dieux : parce que, selon les Mythologues, il employa la plante, qui porte son nom, pour guérir Pluton, blessé par une flèche lancée par Hercule (2). Selon d’autres, c'est un des surnoms d’Apollon, considéré comme le Dieu de la Médecine (5). Dioscoride et Théophraste, et les anciens botanistes à leur imitation, nommaient encore la plante en question yAvxveidy (yAvxvs, agréable; cidy, grenadicr, notre Punica granatum) ; c'était une allusion à une certaine ressemblance entre les graines de celui-ci et celles de la Pivoine, proprement dite. On la trouve aussi dans ces auteurs et dans Pline (4) sous le nom de TleyrépoBoy, Pentorobon ou Pentorobos. He

RanuncuLacez HeLLEBOREz, |

dehiscentes. Semina subglobosa nitida; umbilico prominulo; albumine carnoso ; embryone in basi locato.

Herbæ v. rarius suffrutices, radicibus

CHARACT. GENER. Calycis sepala 5 subfoliacea inæqualia orbiculata persis- tentia. Petala 5 (interdum 10) orbi- cularia subæqualia ungue destituta (5).

Stamina , antheris extrorsis; disco car- noso ovarium cingente (nunce brevi inte- gro nunc dentato, post florescentiam varie excrescente). Ovaria 2-5 grossa ; stigma- tibus sessilibus crassis falcatis bilamella-

tis crispis. Capsulæ (folliculive) ovatæ 2-5, apice stigmate superatæ 1-loculares æ-spermæ sutura longitudinali superne

perennibus collo crasso subhorizontali; fibris fasciculatis exlus nigricanlibus aut omnibus aut aliis cylindricis, alteris in

tubereula ovata cylindraceave incrassa- dis; vaginis squamosis ad basim caultis ;

_gemmis radicalibus squamis petiolaribus

constantibus; foliis alternis peliolatis bis ternatim sectis; floribus {erminalibus

(4) La lettre de la Planche ei-contre n'ayant pu être par nous contrôlée à temps, porte par une double

faute POEonia annorga, pour PÆonia Mourax!

(2) Est-il utile de rappeler que Joaxxes Boneus à Srarus, médecin d'Amsterdam ( 1644), dans ses com- mentaires sur Théophraste, dérivait FuiwViæ, de zæiav, seconde forme de ææxiæy, hymne: fesant ainsi une allusion à la célébrité de ladite plante chez les anciens. De Pœonia, les Français ont fait par

altération linguale le mot Pivoine. (3) ra d'éri Ilaioy éduyigare Qéspnaxe Térru (Houère, {liade, lib. V. vers. 401) PES. (Le Médecin des Dieux, Le sage Péon :) posa sur sa blessure un appareil qui en apaisa la dou-

Jeur et la guérit... k 4 # (4) Vetustissima inventu Pæœonia est, nomenque auctoris retinet ; quam quidam Pentorobon appelant, alii

Glycysiden. Lib. XXV. Cap. 1v. (5) Petalorum quidem unguis exstat, plus minusye conspieuus!

y ! , HAETUT 000

TOM. VII, MARS 1860,

PIVOINE ALEXANDRE IT,

amplis purpureis roseis v. albis (nec unquam cæruleis nec luteis (1). A. P. De Cannose, Syst. I, 386.

Pœonia (Diosc., Tnernr., PLINE, etc.) Fucus. Matra. Lopez, Dod. C. Baux. Pin. 523. Tours. Inst. 275. t.145. L. Gen. 678. Juss. Gen. 254. GÆrT. I. 509. t. 65. Anprews, in Linn. Trans. XII. 448. DC. 1. c. et Prodr. [. 65. Poirer, Encyel. V. 362. suppl. IV. 428. III. d. Genr. t. 481. Lois.-DesconGca. FI. génér, de France, I. 63. c. ic. (valde mediocr.!) : Benevole stu- dioseque Lector, ejus amœnum articu- lum adire veli. Exozics. Gen. PI, 4804. Meisx. Gen. PI. 1 (2). ete. Ware. Rep. E 61. 11. 745. V. 7. Ann. 1. 14. II, 144, 44 (Mueller).

A. Eurxonra (Pæon DC. Prodr.). Cau- lis herbaceus. Disens vix expansus v. imam ovariorum partem circumdans.

Parras FI. ross. t. 86. Engl. Bot, t. 1513. Anpr. Bot, Rep. t. 486. Cu. Lem. in F1. d. S. et d, J. de l'Eur. IV. t. 308 (1848). Bot. Mag. Bot. Reg. Sweer, in Brit. FI. Gard, passim numerosissimis tabulis! etc.

B. Mouran DC. Prodr. Caulis frutico- sus. Diseus in urceolum ovaria plus mi- nus involventem expansus. Bonpr. Nav. t. 1. 9.25. 47. Anvr. Bot. Mag. et Bot. Reg. passim cum plur. icon, ! Por. Encycl. Suppl. IV. 428. etc.

Quoad locos auct. et tabul, adeunda sunt WALPERSII opera citata,

CHARACT. SPECIF. P. Caule fruti- coso, foliis bipinnatim sectis, segmentis ovalibus oblongis subtus glaucis ; carpel- lis villosis interdum urceolo inclusis. DC,

Pæonia Moutan Sims, Bot. Mag. t. 1154. Arr. Hort. Kew. ed. 2. IL. 515. Boxez. PI. rar. nav. Malm. 1. 61. t. 1. 23. ete. DC. Is es. Apr. Bot. Rep. Bot. Mag. Bot. Reg. numeris locis et tabulis!

fruticosa Du. ne Cours. Bot. cult. ed, 2. IV. 462.

suffruticosa Axvr. Bot. Rep. t. 573.

48.

arborea J. Doxx (2), Cat. Cant. 196. 134 (180).

officinalis, var. Tauxs. FI. jap. 250. Lour, FI. Coch. 1. 543.

B v. papaveracea Anpr. Bot. Rep. t. 463 (flore simplice albo, basi pe- talorum purpureo late maculato! carpel- lis in urceolo omnino inclusis!).

Ossenv. Typus maxime ludit sponta- neus v. cultus, v. etiam in hortis cum var. 8 fæcundatus, quoad colorem peta- lorum et numerum ; rosei enim ejus flo- res, v. punicei, v. albi, v. variegati, simplices, v. semi-pleni v. plenissimi videntur, plus minusque ampli etiamque amplissimi! Nos.

Pæonia Moutan (Typi var. flore am- plissimo plenissimoque puniceo-albo. Pivoine en arbre Alexandre HI, Honr. Verscu. tab. nostra 237.

De bel

En fesant ci-dessous l'apologie des Pivoines en général, peut-être nous

imputera-t-on à crime, à déraison, cet enthousiasme tout poétique, qui s'empare de nous en face des plantes et des fleurs? mais qu'a dit un poète : Ingenium cui sit, cui mens divinior, atque os Magna sonaturum, des nominis hujus honorem ! Or, est-il une chose plus grandiose que de célébrer les chefs-d'œuvre de la Création, les Fleurs? A cette question, nous répondons par la négative : Est donc poète qui les chante! Et pouvons-nous rester froid, prosaïque devant ces merveilles ? Et celui même de nos lecteurs, qui taxerait nos paroles d'hyperboliques, ne saurait refuser aux fleurs un simple tribut d'admiration. Qu'on veuille donc excuser quelque peu cet œstre poétique,

(1) L'illustre botaniste ne pouvait deviner qu'environ vingt ans après avoir émis la dernière dénégation, une Pæonia Wittmanniana Hanrwiss, viendrait du fond de la Crimée en démontrer le peu de fonde- ment. (V. Bot. Reg. t. 9. 1846. Annal. de la Soc. roy. d’Agr. et d'Hort, de Gand. IL. t. 64. p. 173.)

(2) Quod nomen non confundendum eum D. et G. Dos!

PIVOINE ALEXANDRE HI,

ou pour parler avec plus d’humilité, cet œstre descriptif qui nous pique si fort, quand il s’agit des fleurs, ces oculorum gaudia, comme a dit San- teuil. Venons à notre sujet.

« L'importance des plantes de ce genre, considérées au point de vue ornemental, est aussi populaire qu'incontestable, Quel parterre aujour- d’hui, quelque soit sa petitesse, ne possède pas quelques Pivoines herba- cées ou même arborescentes? Et quelles fleurs parmi celles de nos plantes de pleine terre leur disputeraient sans désavantage la palme de l'ampleur et de l'effet floral dans la décoration de nos jardins?

» La magnificence de leurs fleurs nous fera peut-être pardonner la dis- gression historique et mythologique, fort brève du reste, dans laquelle nous engage à entrer leur type générique, la Pæonia officinalis L.

» Cette plante, connue de toute antiquité, croit naturellement dans les contrées montagneuses du midi de l'Europe. Les anciens en fesaient un fort grand cas, lui attribuaient une foule de vertus, toutes plus merveil- leuses les unes que les autres (1), et la regardaient comme un don des Dieux (@rodres (2)). Selon ce que nous apprend Théophraste, et ce que répète Pline qui en doute, fait extraordinaire, lui si crédule! (V. note (5)), on ne pouvait la recueillir que la nuit, parce qu'il fallait bien se garder d’être vu (dans le jour) par un pivert, sous peine de perdre la vue. L'im- prudent qui en coupait une racine s’exposait à une chute de l’anus. Puis- sante, comme nous l'avons dit, contre une foule de maladies, elle annulait en outre les enchantements, si ordinaires chez les Grecs et les Latins du Bas-Empire, dissipait les tempêtes, etc.; et de son côté, la Mythologie ne pouvait rester insensible aux charmes supposés d’une telle plante, et on a pu voir par l’étymologic raisonnée, que nous en donnons en têle de cet article, le parti divin qu’elle en avait tiré. Outre toutes ces vertus, Théo- phraste dit aussi sérieusement qu’elle servait à chasser les Zncubes (4)! Quelques auteurs grecs encore la regardaient comme une production de

(1) Sanguinis profluvium sistit herbæ Pæoniæ semen rubrum (Pæonia corallina Rsrz); eadem et in radice vis. Pine, lib. XXVI. cap. xur.

Maliebribus (uteri suffocationibus Cowxext.) morbis medetur maxime in universum Pæoniæ herbæ semen nigrum (Pæonia officinalis Retz) ex aqua mulsa; eadem et in radice vis menses ciet, Puixe, lib. XXVI. cap. xv. é

(2) Écrit, par faute typographique, @rod'orios, dans l'ouvrage cité. De même, @sodoviey, cité par Loiseleur-Deslongchamps, est un barbarisme.

(3) Comme ses contemporains ou ses prédécesseurs, Pline distinguait deux espèces de Pivoines, l’une mâle et l’autre femelle; nous venons de les citer : duo autem genera sunt, dit-il; voyez le curieux article qu'il leur consacre, en les décrivant et en en énumérant une foule de propriétés médicinales (lib. XXVII. cap. x). Quant au péril que présentait leur arrachement, autrement que pendant la nuit, il ajoute : magna id itate ad ostentati rei fictum arbitror (ibidem).

(4) Ici nos lecteurs comprendront pourquoi nous taisons tout commentaire !

PIVOINE ALEXANDRE If.

la lune (rsaysédüpes; et non eamveyover, barbarisme qu'écrit, par erreur typographique, Lois.-Deslongch.). Quelques auteurs, et Loiseleur-Deslon- gchamps (V. 1. c.) d’après eux, veulent reconnaître la Pivoine dans l'éyawoguris d'Elien, Le dernier raconte ainsi, en l’abrégeant, le curieux passage d’Elien qui s’y rapporte :

L'Aglaophôtis ne se distingue pas durant le jour des autres herbes ; mais pendant la nuit cette plante brille d’un éclat comparable à celui d’une étoile; aussi la découvre-t-on très facilement. On fait alors une marque auprès de la racine; et dès que la nuit est écoulée, on revient dans l'endroit ; on reconnaît la plante à la marque qu'on y a mise; mais on se garde bien de chercher à l’arracher et même de creuser à l’entour : car cette imprudence serait punie de la mort. C’est pourquoi on amène un jeune chien qu’on a eu soin de faire jeüner pendant un jour entier; on l’attache fortement à la tige de la plante, et on étale devant lui de la viande à quelque distance, afin qu’excité par cet appât, il s’élance avec avidité vers cette viande et arrache la plante de terre. Dès que la racine a vu le jour, le chien meurt : mais on peut sans danger emporter cette herbe, qui est souveraine contre plusieurs maladies, et entr’autres contre l'épilepsie.

Selon l’historien juif Josèphe, la même herbe (Baaras), qu'il suffisait d'approcher des possédés, chassait à l'instant les démons, ou les âmes des méchants, qui s'étaient introduites dans leurs corps.

Des auteurs plus modernes, et nous sommes de cet avis, regardent la plante d’Elien et de Josèphe comme étant la fameuse Mandragore, cette herbe des enchantements par excellence,

« Depuis, les médecins et les charlatans du moyen-âge ont contribué à grandir encore la réputation de cette plante, et Galien lui-même, d’après Elien, sans doute, en a vanté la puissance. Par exemple, il affirme sérieu- sement avoir vu les convulsions épileptiques d’un enfant cesser, dès qu'on lui en attachait au cou un tubercule : convulsions qui recommencaient dès qu’on l’en retirait,

» Bien qu’il soit probable que la Pæonia officinalis, ainsi que plusieurs de ses congénères, renferme réellement quelques principes immédiats que pourrait utiliser l'art médical et qu’indique d’ailleurs l'odeur assez nauséa- bonde de ses fleurs, son emploi en ce sens est totalement abandonné de nos jours; mais nos jardins se sont empressés de se décorer de ses larges fleurs, au coloris si éblouissant, aux fruits, eux-mêmes, d’un bel effet ornemental au moment de leur déhiscence, »

PIVOINE ALEXANDRE II.

Les poètes modernes ne pouvaient pas ne pas mentionner une plante aussi célèbre. Ainsi, Scévole de S'e-Marthe, tout en en fesant l'éloge, en résume assez heureusement l’histoire dans les vers suivants :

-... quæ fuerat formoso fœmina vultu, Herba fuit, forma reliquas quæ vinceret herbas, Pæoniam dixere, nee ulla salubrior usquam est, : Nam memor offcii Deus, acceptæque salutis, Indidit has vires ut quam sanaverat herbis Ante luem, ipsa suo sanct nune optima succo. (Pædotr. lib. II. ad calcem. 1616.

Le père Rapin n’eût certes pas manqué de chanter Ja Pivoine; mais usant de la licence poétique, il lui assigne une origine divine toute diffé- rente :

Pæonis at sylva per se sublimis ab alta Florem pandit ovans saturo perfuso robore ; At non ille tamen non est rubor ille pudoris, Crimen habet, tetro quod flos declarat odore. Felix nympha Deum si non habuisset amantem ! Nam patrio quondam cum fors in littore regi

_ Pæonis Alcinoo candentes pasceret agnos, Cavit mortales virgo superosque cavere Non potuit, factus cœlesti crimine flos est (1).

Horr. lib. I,

« Mais laissons les fictions charlatanesques ou poétiques, qui, nous l'espérons, n'auront pas laissé que d'intéresser quelque peu le lecteur lettré, et arrivons enfin à notre sujet, » (2). Voici ce que pensent les

(1) « La Pivoine épanouit, dans la forêt du sommet de la montagne, sa triomphante fleur, aa rouge coloris. Mais ce rouge n’est pas celui de la pudear; c’est le rouge que lui a donné un erime, comme l'annonce sa mouvaise odeur. Heureuse nymphe, si un Dieu n’eût été son amant! Péone fesait un jour paitre par hasard sur le rivage les blanes agneaux de son père, le Roi Alcinoüs, et évitait ainsi les mor- tels ; mais la vierge ne peut éviter les Dieux, et par le crime de l’un d’eux, elle fut changée en fleur. »

Les jardins du Roi Alcinoüs, dans l'ile de Coreyre (aujourd'hoi Corfou), ont été célèbres dans l'anti- quité, Homère, Ovide, Virgile, etc., les ont chantés, Nous regrettons de n’oser citer les passages de ces poètes, dans la crainte d'étendre indéfiniment (et pédantesquement!) eet article déjà long. Le lecteur studieux peut lire avec intérêt la description que donne Homère de ces jardins (Odyssée, VII. V. 112 et seq.). Gontentons-nous de citer encore du divin Rhapsade, ces deux vers, qui désignent en quelques mots Ja culture maraïchère des anciens, et qui font voir que, dans ces temps reculés, sauf les perfectionnements modernes, elle était organisée comme de nos jours :

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« Là, au bout des jardins, dans des carrés parfaitement tenus, ceroissent toutes sortes de légames, qui réjouissent annuellement le cultivateur. » (Odyssée, livre VII. v. 127-128).

(2) Les parties guillemetées de cet article sont empruntées, mais amendées ct corrigées, à celui que nous ayons publié dans la Flore des Serres et des Jardins de l'Europe, Tome IV, page et pl. 308.

PIVOINE ALEXANDRE II.

médecins modernes des vertus des Pivoines. C’est encore le médecin- botaniste Loiseleur-Deslongchamps qui nous fournit ce passage (L. c. 71) :

« Les propriétés attribuées à la Pivoine (P. corallina), soit comme anti- spasmodiques et antiépileptiques, soit comme fondantes et emménagogues, sont aujourd'hui presque entièrement oubliées. Les racines des Pivoi- nes ont une saveur qui paraît d’abord douceâtre, mais qui laisse ensuite dans la bouche une impression amère bien prononcée; leur odeur est assez forte et assez désagréable, lorsqu'elles sont fraîches. Cependant, en râpant ces racines pour les réduire en une sorte de pulpe, et en soumet- tant ensuite cette pulpe à des lavages réitérés, on peut en retirer une fécule nutritive assez abondante, mais qui n’est pas en usage (1). Il paraît d’ailleurs que les tubercules de certaines espèces peuvent se manger sans préparation particulière : car on cultive depuis peu dans les jardins, sous le nom de P, edulis, une espèce originaire de la Chine, dont les racines sont employées comme comestibles. »

Les botanistes distinguent aujourd’hui une cinquantaine d'espèces de Pivoines, toutes ornementales à divers dégrés et répandues en général dans les parties tempérées australe, médiane et septentrionale de l’ancien monde, surtout en Europe, et dans l'Asie mineure. Elles s’avancent jusque dans la Tatarie et la Sibérie. On en cite un petit nombre comme sponta- nées aussi dans l'Amérique du Nord.

Une seule espèce, parmi toutes, est frutiqueuse, celle dont il s’agit. Dans de bonnes conditions de climat et de culture, elle forme un épais buisson, atteint et dépasse même deux et trois mètres, et se couronne de toutes parts des énormes et splendides fleurs que l'on sait, et dont au reste nous allons entretenir nos lecteurs.

La Pæonia Moutan est originaire du nord de la Chine, où, selon les missionnaires chrétiens (Bowrz. ex DC.!), elle est spécialement spontanée sur le mont Ho-nan, Depuis plus de 4400 ans, disent-ils, les Chinois et les Japonais l'ont introduite dans leurs jardins, ils la cultivent avec un enthousiasme tout particulier et des succès extraordinaires. Depuis les empereurs et les mandarins, jusqu'aux riches particuliers (toujours d’après les missionnaires), et comme en témoignent les peintures chinoises, elle était cultivée avec passion ; on composait des vers en leur honneur et des inscriptions pompeuses surmontaient les endroits on les eultivaient spécialement. Certaines variétés valaient des prix fous, et le nom de

(1) Dans des temps de disette des céréales, comme il y a quelques années, on pourrait certes en tirer un assez bon parti.

PIVOINE ALEXANDRE H,

cent onces d'or données à quelques-unes d’entr'elles le prouve suffisam- ment. Ainsi, pour en donner une idée, et en même temps pour démontrer combien cette plante joue sous l'influence de la culture, nous dirons seu- lement que Von Siebold a recu, en 1844, du Japon, seulement, et pro- venant des jardins impériaux de Jédo et de Mijako, quarante-deux varrétés distinctes entr’elles, par le coloris de leurs fleurs, et différant, dit M. Lind- ley, de toutes celles qu'avait en Chine recueillies M. Fortune, Ainsi, Von Siebold, dans la notice qu’il a publiée à ce sujet, en 1856, en cite les coloris suivants :

Fleurs blanches; 2 roses; d’un rose changeant; carmin; be rouge pourpré ; violettes; pourpres; rouge cuivré; mais toutes ces sortes avec une macule plus ou moins discolore et de nuance plus ou moins prononcée.

Il y en avait d’inodores et de très odorantes, à fleurs simples ou semi- doubles (5 à 10 pétales). En outre, les couleurs indiquées variaient extrêmement d'intensité et offraient des reflets divers, ou striaient même les pétales de teintes différentes ; il en était de même de l’urcéole (péri- gynion de quelques auteurs), enveloppant plus ou moins les ovaires. Le diamètre floral variait de 0,50 à 0,36. Ce qui précède confirme le dire des missionnaires, rapportant que de leur temps les Chinois en énuméraient plus de deux cent quarante variétés, tout en excluant celles à fleurs pa- nachées, parce qu’ils regardaient ces teintes mélangées comme un abâtar- dissement de la plante, Nous ne nous montrerions pas, pensons-nous, si exclusifs que les Chinois sous ce rapport : comme en témoignent hautement nos Dahlias, nos OEillets, nos Camellias, etc. Nous renvoyons pour plus de détails, en ce qui concerne la culture chinoise de notre Pivoine, à l'article de Loiseleur-Deslongchamps.

Quoi qu'il en soit, le type général des variétés de Pæonia Mou-tan (son nom chinois!) paraît avoir été introduit, pour la première fois, en Europe, en 1789, par les soins et sous les auspices d’un des plus généreux promoteurs de la Botanique et de l'Horticulture, l'anglais sir Joseph Banks. Cultivée dès lors avec un empressement extrême, elle a bientôt, sous l'influence d’une nourriture riche et surabondante, décuplé et centuplé le nombre de ses pétales, en augmentant, sinon de dimensions compara- tives, du moins de volume, Ainsi, il n’est pas rare d’avoir des fleurs dont le diamètre dépasse 0,25 et 0,50, et pleines autant el plus qu’une rose des peintres, comme celle dont il s’agit, par exemple.

Les botanistes et les horticulteurs ont distingué dans le P. Moutan

deux races principales :

PIVOINE ALEXANDRE II.

Pæonia Moutam var. papaveracea. var, rosea (1).

La première, remarquable par ses huit ou dix pétales, d’un blane pur ou plus ou moins teinté de rose, avec une ample macule pourpre à l'onglet; la seconde, par des fleurs d’un rose plus ou moins intense, maculées aux onglets, ou à macule peu marquée. Cette dernière a aussi des feuilles plus grandes, des sépales plus larges. Toutes deux, dit-on, auraient été introduites en France qu’en 1805. Il serait à peu près impossible de retrouver aujourd’hui les deux types que nous venons de citer. De leur fécondation mutuelle est née dans nos jardins une nom- breuse progéniture, aux brillantes et volumineuses fleurs, dont les mille pétales, pressés, confondus, offrent en général un coloris d’un pourpre plus ou moins vif, d’un rose plus ou moins intense, tous deux plus ou moins mélangés de blanc. Çà et encore quelques rares étamines, sou- vent déjà pétaloïdes et de plus rares rudiments d’ovaires.

Celle, qui fait le sujet principal de cet article, et qui nous a rendu coupable de la longue discussion historique et philologique qui précède, trop longue peut-être (roganti da veniam, amice eruditeque lector), a été gagnée dans l'établissement A. Verschaffelt, de graines obtenues par une fécondation artificielle entre les variétés ci-dessus indiquées, les P. pa- paveracea, et rosea, v. rubra, comme en justifie, au reste, le coloris si vif, pourpre et blanc à la fois de ses énormes fleurs, pleines à rompre, littéralement parlant, et exhalant l'odeur agréable, particulière à quelques variétés privilégiées.

Nous recommandons, en connaissance de cause, ce magnifique gain aux amateurs, qui plus tard nous remercicront de leur en avoir conseillé l'acquisition.

La Pœonia Moutan RE IT, comme toutes les autres variétés obtenues du type, est un arbrisseau à racines fibreuses fasciculées (nous avons indiqué ci-dessus la hauteur qu’il pouvait atteindre), à branches nombreuses, cylindriques, à épiderme brun, lisse, à bois mou, en raison de la moelle abondante qui en occupe le centre ; à très grandes feuilles alternes, garnissant seulement les jeunes rameaux (par conséquent ca- duques, surtout dans nos climats), horizontalement étalées, biternées ou bipennées-découpées, glabres et d’un vert plus ou moins foncé en dessus, glauques et légèrement poilues en dessous, portées par de longs pétioles

(2) Var. æ et ”/ DC. Prodr. 1. e. Var. riusn, B (ibid.) delendæ sunt; var. que 8 Systematis ejusd. elrssm. auct. forma mera est maxime ludens duarum quas citamus !

PIVOINE ALEXANDRE I.

. dilatés-amplexicaules à la base ; les segments en sont ovales-aigus. Les fleurs sont terminales, Mlitaires (nous en avons dit les dimensions et le coloris), formées d'innombrables pétales ovales-arrondis, cucullés, fine- ment lacérés-frangés aux bords. Quelques étamines et un ou deux ovaires.

Dans l'espèce type et ses variétés (papav. et rosea), au centre des 5 à 10 pétales, est une couronne d'innombrables étamines, à filaments roses ou blancs, à anthères d’un jaune d’or, entourant 2 à 9 ovaires velus, terminés par les stigmates persistants, et plus ou moins enveloppés par un urcéole charnu, coloré comme les pétales.

Une description botanique plus technique et plus longue serait hors de propos, lant ces sortes de plantes sont répandues dans les jardins.

Cu. Len.

CULTURE. (PLEIN Ain.)

La Pivoine arborescente, dont il vient d'être question, peut, comme ses belles variétés congénères, supporter nos hivers à l'air libre, avec la précaution, en cas de gelées trop intenses, d’en envelopper la base de litière un peu foulée, et au besoin de les entourer en outre d’une natte, attachée de manière à résister aux vents. On la plantera, à mi-ombre et dans une situation un peu abritée, dans un compost formé de deux tiers de terre franche, d’un tiers mi-parti terre de bruyère, ou mieux de terre de bois et de terreau de couche bien consommé, le tout bien mélangé et préparé à l'avance. Ce compost devra être renouvelé tous les trois ou quatre ans; et indépendamment chaque année, au moment de la végétation et avant la floraison, on dispensera à la plante de bons engrais liquides.

La multiplication peut en avoir lieu de différentes manières, et toutes profitables : par la division des jeunes rejets du rhizôme ; par le greffage en fente ou autrement, sur tubercule d'elle-même ou des congénères herbacées, ou par œilletons détachés avec portion de feuilles (1), ou enfin par le semis des graines qu’on en obtient quelquefois. Nous devons faire observer que les individus issus de semis restent cinq, six et même huit

ans, avant de fleurir. A. V.

(1) Ou bouture en écusson ; voir à ce sujet l'excellent article de M. Bailly (Revue horticole, p. 63, avec figure, No du 1er février 1860). Cu. L,

TOM. VIH. MARS 1860,

Planche 237.

MILTONIA CUNEATA,

MILTONE à labelle en coin.

Érym. V. Jardin fleuriste, Te ler, PI. 108.

OncuidaceÆ $ VanDEÆ $S Brassiz,

CHARACT,. GENER. V. ibidem. Sy- nonymiæ adde : Lixpe. Fol. Orchid. De- cember 1853. Ca. Le. Illustr. hort. Il. as Le PI. 216. Waze. Annal. I. 790.

EL. 561.

CHARACT. SPECIF. (1). A. Pseudo- bulbis oblongis compressis ; foliis basila- ribus distichis articulatis, terminalibus geminis anguste loratis striatis infra subcarinatis; scapo erecto cum racemo flexuose 5-8 floro superante; bracteis elongatis ovarium medium attingentibus applicatis scariosis ; floribus maximis læ- tissime luteo brunneoque pos seg- mentis æqualibus patulis elongato-lan- ceolatis late crispato-undulatis apice longe acuminalo-recurvis; 3 externis basi an-

ustatis; 2 inferis sub labello dejectis; abello dejecto trilobato basi cuneatim attenuato mox dilatato rotundato apice

subemarginato mucronulato, lobis late- ralibus parvis parum fissis rotundatis cum intermedio conniventibus, mediano maximo (V. supra) margine subundu- lato; lamellis 2 elevatis lobos laterales vix æquantibus (intra cos tuber adest ovalis) abrupte terminatis.

Gynostemio brevi intus (pediculo!}) canaliculato sub medio subimperspicue utroque latere unidentato; clinandrio magno apice bifido cucullato denticulato, marginibus lateralibus inflexis dein se- eus cavitatem stigmaticam (apice appen- dieula antica pendula cui ligula adhæret

| donatam) undulatis; opercula antheræ

verruculosa. Polliniorum ligula obovata ventre excavata. Nos. ad nat. viv.

Miltonia cuneata Lixpz. Bot. Reg. Mise. 28 (1844). ibid. t. 8. 1845. Fol. Or- chid. Mill. spec. 8 (1855). Nostra tab. 257.

PARPRAAAI

Nous regrettons de ne pouvoir relater ici aucuns des documents histo- riques qui concernent la charmante Orchidée dont il s’agit, en ce qui touche du moins sa patrie précise, l’époque de sa découverte et de son introduction, le nom de l’auteur de l’une et de l’autre; or, le docteur

(1) Nous devons répondre ici à un reproche, qui nous a été indirectement adressé au sujet des diagnoses génériques ou spécifiques, nous accusant d’en faire de nouvelles, lorsque déjà elles avaient élé faites et BEN FAITES avant nous. Le fait est vrai, mais le reproche pêche par sa base! Certes, loin de nous la prétention orgueilleuse de vouloir donner des leçons aux maîtres de la Science; mais modeste glaneur dans les champs scientifiques, usant d’ailleurs, à LEUR EXEM- PLE, mille el mille fois réitéré d’un droit inhérent à tout auteur, nous avons cru, chaque fois que l’occasion s’en cest présentée, devoir, dans l'intérêt de la science, signaler des omissions ou même des erreurs échappées à d’illustres plumes, ou compléter des caractères génériques ou spécifiques trop tronqués dans l’état actuel de la botanique, les descriptions ne sauraient être trop explicites pour distinguer plus facilement les cspèces entr'elles. Au reste, que l’on compare telle de nos dia-

C

Le

1e Loin X CU eat / LINDLEY

Brésil ? { Serre-chaude. )

MILTONIA CUNEATA.

Lindley, qui le premier l’a déterminée, décrite et figurée ({ c*), se contente, | en 1844, de dire, L. c. : « qu’elle a fleuri pour la première fois (en Angle- terre) chez MM. Rollisson (horticulteurs, à Tooting). » Elle est américaine, comme toutes ses congénères, et comme la plupart d’entr’elles, originaire du Brésil, elle croît sur les arbres. Les vigoureux individus qu’en pos-

sède l'établissement A. Verschaffelt, et qui, au moment nous écrivons (6 mars), sont depuis plus de six semaines en pleine floraison (floraison après ce laps de temps

lui ont été envoyés directement du Brésil, par M. Ch. Pinel, son honorable et zélé correspondant, dans le courant de l’an- née 1858. _ La figure, que nous en donnons ci- contre, bien supérieure à celle qu’on en trouve dans le Botanical Register (1. c.) et figure exacte, parfaitement exécutée, peut donner au lecteur une juste idée du mérite de cette Orchidée, peu répandue encore dans les collections ; et nous pou- vons lui assurer que la nature est ici en- core de beaucoup supérieure à l'art. Ainsi, "\ ses fleurs ont au moins 0,09 de diamètre; © leurs grands segments sont bien étalés,

_ fortement récurves au sommet, d'un ri- che marron bordé de jaune, et aussi Mma- culé du même (nous ne savons pourquoi 4 M. Lindley a dit : rich brown tipped with green; car la figure qu'il en donne est maculée de jaune!) : nuances plus vives, pour ainsi dire, au moment même de l'anthèse. Le labelle, fort

gnoses que l’on voudra, à toute autre donnée avant nous, et que le lecteur impar- tial juge! A ce sujet, nous dirons avec Juvénal :

Dat veniam corvis, vexat Censura columbas !

Nous recommandons comparativement par exemple la présente diagnose à notre Aristarque inconnu. Ne faut-il pas d’ailleurs toujours s’efforcer de faire mieux que ses devanciers? Or, on pourrait aussi, par les mêmes causes, nous reprocher de figurer des plantes qui l’ont été déjà! et en cela notre réponse sera la même, comparez ! et faire mieux, n'est-ce pas un progrès?

encore aussi fraîche que les premiers jours),

MILTONIA CUNEATA,

ample et d’un blanc pur, se voit souvent avec une ou plusieurs petites macules violettes à la base interne, le long des lamelles. Entre celles-ci, caractère important ! existe une petite tubérosité (glande!) ovale, jaune, qui a échappé à l'examen de M. Lindley. Il en est de même de la confor- wation du clinandre, qu’il dit très entier et qui est manifestement denti- culé, et de son opercule, dont il ne parle pas, et qui est revêtu de très petites verrues. Du reste, la Miltonia cuneata, en raison de la disposition ct du coloris des fleurs, ressemble tellement au Cyrtochilum maculatum, qu’on pourrait au premier coup-d’œil les prendre l’un pour l'autre (V. Bot. Reg. t. 44. [1838.] et mieux notre Horticulteur universel, V. p. 152. cum optima icone). (V. fig. analyt. 1. 2. 5.)

Cu. Leu.

Explication des Figures analytiques.

Fig. 4. Le labelle étalé artificiellement; a, glande; b, lamelles. Fig. 2. Clinandre; a, bords supérieurs crénelés; b, appendice ligulaire; €, cavité gynostématique (sti- gmate vrai); d, gynostème ou colonne des auteurs (pédicule vrai!). Fig. 3. Opercule anthéral. Fig. 4. a, pollinies; 6, ligule; c, glande, ou point d’attache sur la pointe rentrante b de l'appareil gynostématique.

CULTURE. (S. Cu.)

Les soins que demande cette jolie espèce sont absolument les mêmes que ceux que nous avons déjà maintes fois recommandés dans ce recueil,

au sujet des Orchidées épiphytes. Ô . : A. V.

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Planche 238.

CEANOTHUS FLORIBUNDUS.

CÉANOTHE A FLEURS TRÈS NOMBREUSES.

Érym. V. Jardin fleuriste, Te Ler, PI, 17.

RuAMNACEZÆ.

CHARACT. GENER. V. ibidem. Synonymiæ addere veli : W. Hook. Bot. Mag. t. 4660. 4664. 4806. 4810. 4815. 5165, Wazr. Annal. L. 195. IL, 267, etc.

CHARACT. SPECIF, C piloso-scabri- dus, foliis breve petiolatis oblongis co- riaceis undulatis acutis margine et paulo

intra marginem dentato-glandulosis api- ceque acutiuseulo reflexis subtus venosis ubescenti-tomentosis corymbis densi- oris globosis aggregatis sessilibus. W. Hook. 1 .i. c. Ceanothus floribundus W, Hook. Bot. Mag t. 4806 (sept. 1854). tab. nosira t, 258.

Are

« L’habitus, dans cette espèce et dans quelques congénères, présente je ne sais quoi de sec, de dur, de hérissé, pour ainsi dire, qui justifie assez bien le nom générique que leur a imposé le réformateur et le véri- table père des sciences naturelles. On dirait certains arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande (1) ou de l'Afrique australe; de ces derniers surtout, dont Linné disait, dans son style si précis et si caractéristique : ÆVescio que facies torva sicca obscura Afris.…. quæ coarctata indurata Alpinis….! Néanmoins cet aspect insolite ne laisse pas d'imprimer à ces plantes quel- que chose de pittoresque et de curieux, auquel viennent se joindre de gracieuses et légères (et innombrables!) fleurs, du plus agréable coloris. Ajoutons que, dans quelques espèces, les nombreuses papilles, dont sont hérissées les parties vertes, sont remplies d’un suc résineux, qui émet une odeur assez forte, quand on les froisse entre les doigts. » Nos. Jard. fleur. hace. |

Peut-être la Chimie et la Thérapeutique pourraient-elles trouver dans le suc que contiennent ces papilles ou vésicules quelque principe utile! Aussi eroyons-nous devoir le signaler et le recommander à qui de droit.

Nous ne pouvons mieux faire, croyons-nous, que de reproduire ici l’article excellent, qu'a consacré, à la plante dont il s’agit, M. W. Hooker, L. s. c., en fesant observer toutefois que la planche ci-contre a été exécutée, dans l'établissement Verschaffelt, d’après un individu d'une végétation

(1) C’est aux plantes de cette contrée que s’applique aujourd'hui, bien plus littéralement, la phrase linnéenne que nous citons : et que l’auteur leur eût certes appliquée, si elles eussent élé mieux connues de son temps.

CEANOTHUS FLORIBUNDUS.

plus vigoureuse et plus élancée, à feuillage moins compact et plus grand, à corymbes plus distants et plus volumineux, et d’un coloris beaucoup plus vif. En comparant les deux planches, on pourrait croire à l'existence de deux espèces différentes ; et cependant il s’agit bien de la même, diffé- renciée seulement par la culture. Voici l’article de notre savant confrère :

Descr. « Arbrisseau d’une stature en apparence modérée, à branches vêtues d’une écorce brune et légèrement poilue. Feuilles rapprochées, petites, étalées ou réflé- chies, oblongues, coriaces, ondulées, velues en dessus, et d’un vert foncé, luisant ; bords et sommet modérément aigus, réfléchis (ce qui donne à celui-ci une apparence rétuse); sur ce bord extrême et en dessus du limbe, près de lui, sont des glandes dentiformes; le dessous est pâle, tomenteux, et à veines proéminentes et réticulées, Pétioles courts, épais, poilus, portant à la base une double stipule ovée, atténuée, dépassant la moitié de sa longueur. Fleurs sessiles, disposées nettement en corym- bes, mais serrées et étalées, de facon à former des boules denses ou des capitules tellement rapprochés à l'extrémité des courts rameaux, qu’ils en cachent en grande partie le feuillage. Pédicelles rougeâtres, poilus et munis à la base de petites brac- tées, squamiformes, rougeâtres, décidus. Calyce profondément découpé en cinq segments ovés, aigus, infléchis et cachant ainsi l'ovaire. Pétales d’un bleu brillant, aux longs onglets filiformes, étalés et aux lames cucullées, saillant hors des inter- valles laissés par les segments calycinaux. Éamines opposées aux pétales, insérées à leur base, et aussi longues qu'eux, dressées et étalées; filaments bleus; anthères ovales, bleues ; pollen jaune. Style colomnaire, beaucoup plus court que les étamines et que les pistils; stigmates trois, subétalés, »

L'auteur fait précéder cette description de la notice suivante : dont nous supprimons quelques lignes, fesant double emploi :

« La plante dont il s’agit fut élevée, parmi d’autres intéressantes espèces de Ceanothus, par MM. Veïtch, horticulteurs, à Exeter et à Chelsea, de graines à eux envoyées par M. William Lobb; et elle est sans contredit la plus belle des congénères à fleurs bleues que nous connaissions jusqu'ici. Elle fleurit en juin et s’est montrée entièrement rustique en Angleterre. »

Nous la voyons chaque année fleurir abondamment et luxuriamment dans l'établissement Verschaffelt, |

Cu. L.

CULTURE. (S. Fn.)

L

On appliquera à cet arbrisseau, ainsi qu’à ses congénères, la même culture que celle qui convient aux plantes de la Nouvelle-Hollande; et bien qu’elle puisse supporter dehors les hivers en Angleterre, sur le continent, l'air est plus sec et plus froid, on devra la rentrer en serre tempérée ou dans l’orangerie.

A. V.

MISCELLANÉES. 11

PRYIIOL0G22,.

SARA APS

Saillie des baies chez les Mélocactes.

En 1858 et en 1859, examinant avec soin, à différentes heures du jour, dans le but de les décrire, cinq ou six belles espèces (en plusieurs doubles et robustes individus) de Mélocactes, arrivées tout récemment des Antilles, et cultivées très chaudement (sur couche (1)) dans la riche collection de Cactées de M. de Monville, et montrant à la fois leurs baies et leurs fleurs, de voir, les premières, à peine exsertes du céphalion, la veille ou le matin, Saëllir tout-à-coup, sous l'influence de la chaleur solaire, au milieu du jour et sauter (littéralement parlant) assez loin de l'individu qui les avait produites. Nous avons encore vu la même chose en 1858, chez des individus du M. macracanthoides, arrivés fraichement de Curaçao.

Ce curieux phénomène, observé d’abord et cité par l’illustre De Candolle (Prodr. HI. 460, et Plantes grasses... sub Mel. communi (2)), puis par nous maintes fois, a été nié par Pfeiffer (Allg. Gartzeit. 142 [1858]. disertis verbis! dit M. Miquel), et imité en cela par M. Miquel (Honogr. Meloc. p. 15 et 52, et Gen. Cact. p. 18); mais sur quoi ces auteurs fon- dent-ils une telle dénégation (nous n’avons point lu l’article de M. Pfeif- fer).....? parce qu'ils n'ont pas été témoins du fait? ou parce que, disent-ils, ils ont très souvent observé des baies dessèchées dans les spadices morts qu'ils interrogeaient? Nous répondrons plus loin à celle dernière remarque ; mais pourquoi nier d’une façon absolue?

Nous maintenons la saillie des baies chez les Mélocactes comme acquise à la science ; et nous sommes heureux, pour mettre le fait hors de doute, qu'un illustre botaniste l'ait observé et publié avant nous. Mais à quoi l’attribuer ?

Rappelons, pour chercher à expliquer ce phénomène resté obseur, que, chez le Mélocacte adulte, le caudex est terminé par un bourrelet (Cépha- lion des Cactographes), formé de tissu cellulaire avec vestiges d'un canal médullaire central, et hérissé de petits mamelons (podaires) extrêmement serrés, laineux et aculéifères, dans l'aisselle desquels naissent les fleurs et les fruits. Ces fruits, ou baies, sont claviformes, c’est-à-dire longue-

(1) Seul mode de culture par laquelle ces plantes puissent être conservées ct végéter en Europe ! c’est- à-dire chaleur par dessous, rayons et chaleur solaires par dessus!

(2) Passages que nos contradicteurs paraissent n'avoir pas connus, et qui nous avaient échappé à nous- même, quand nous avons signalé pour la première fois le phénomène en question !

TOM, VII, MISC, MARS 1860, 5

142 MISCELLANÉES.

ment atténués, diversement comprimés et ruguleux à la base et forte- ment obovés au sommet ; à épiderme très lisse et nu; ils sont dans le tiers de la longueur, environ, lors de la maturité, très étroitement serrés entre les bases imbriquées des mamelons (podaires), il sont nés.

Quelle cause provoque donc instantanément leur saillie hors du lieu il se sont développés? À un effet de dilatation causée par le calori- que solaire, qui, renflant les bases des podaires, contraindrait alors par la pression ambiante les baies à saillir au dehors avec une certaine force? À un effet d’irritabilité ou d’excitabilité, propre au céphalion des Mélocac- tes? En d’autres termes, cette saillie est-elle spontanée ou mécanique?

Tout en soumettant ces questions aux Physiologistes, nous avouerons que, quant à nous, qui accordons volontiers un système nerveux (sui generis !) et un certain instinct aux végétaux (1), nous penchons assez volontiers pour l’adoption de la seconde hypothèse, comme expliquant tout aussi simplement, aussi rationnellement, aussi naturellement enfin, que la première, le fait tel qu’il a lieu,

Cest du reste un curieux spectacle à observer, que ces baies lancées au loin (souvent à un demi-mètre de distance !), avec un certain crépite- ment parfaitement sensible à l'oreille.

En terminant cet article, nous répondrons à l'objection de MM. Pfeiffer et Miquel que, s'ils ont trouvé nombre de fois des baies nichées dans les céphalions des Mélocactes qu’ils observaient, cela provenait tout sim- plement de ce que ces baies n'étaient pas parvenues au point de maturité voulue, ou de ce que toute autre cause (l’arrachement, la soustraction momentanée des individus au soleil, leur séjour dans des caisses obscures pendant un long voyage, la suspension forcée de végétation, ete.) en avait empêché le lancement.

PLANTES RECOMMANDÉS.

(ESPÈCES RARES OU NOUVELLES.)

Momordica mixta Roxs. (2). Cucurbitaceæ $ Cucurbiteæ. (OBSERVATIONS SUR LA CULTURE DES GRANDES PLANTES GRIMPANTES.)

« Les plantes de la famille des Cucurbitacées ont été beaucoup trop négligées, car elles offrent, à un assez haut dégré, la beauté florale, les

{1) Nous développerons ce sujet dans un prochain article, (2) A. dioïca (scandens), foliis cordatis 3-5-lobo-palmatis, lobis sinuato-dentatis; petiolis glandulosis ; floribus masculis solitariis magnis ; peduneulo elongato; bractea magna biloba infra florem; calyeis lobis

MISCELLANÉES. | 45

formes remarquables et les couleurs de leurs fruits, et souvent leur utilité. À l'air libre même, beaucoup d'espèces peuvent fleurir et müûrir leurs fruits. » Nous applaudissons des deux mains à ces paroles, avec üne seule restriction : c’est à l'égard de la culture de ces plantes dans les serres. Or, celles qui exigent, en raison de leur longévité, l'abri des serres, doivent y acquérir un très grand développement avant de montrer et leurs fleurs et leurs fruits ; deux ou trois d’entre elles rempliraient et encombreraient une serre de moyennes dimensions ; et si déjà on répugne à cultiver par ces causes des plantes qui leur sont supérieures en beauté (Passiflores, Bignones, Combrétacées, Apocynées, etc.), à plus forte raison des Cucur- bitacées! Notons de plus, qu’en raison de la séparation des sexes, il fau- drait cultiver au moins trois ou quatre individus de chaque espèce pour s'assurer qu’on les possède bien tous deux ! Heureux l'amateur qui, ayant de grandes et spacieuses serres, peut les y admettre; et ici, nous pose- rons un conseil dans lequel celui-ci trouvera et plaisir et profit. C'est un exemple judicieux que nous proposons de suivre : è

Nous avons connu un amateur, possédant deux assez grandes serres, l'une tempérée, l’autre chaude. Dans l’une et dans l’autre, il plantait, à une époque donnée, deux ou trois plantes grimpantes, de celles qui, pour donner leurs fleurs et leurs fruits, doivent attcindre une très grande taille. Puis, quand il avait réussi à les amener, pendant deux ou trois ans de suite, à fleurir et quelquefois à fructifier, il les arrachait et les remplaçait par d’autres choisies dans la même catégorie! Est-il besoin d'ajouter que toutes les ressources d’une bonne culture leur était prodi- guées : palissage, élagage, scringage, renouvellement de terre, etc. N'est-ce pas une façon aussi simple que judicieuse de jouir de ces grands végé- taux ? Mais revenons à notre sujet.

La Momordica mixta mérite à tous égards, ainsi qu’on va en juger par notre courte description, empruntée à celle de M. W. Hooker, les hon- néurs de la culture, comme nous venons de l’établir dans les lignes qui précèdent. Elle croît en Chine, en Cochinchine et dans l'Inde. Elle a été découverte dans la seconde de ces contrées, par le botaniste Loureiro, qui y séjourna, en qualité de missionnaire, pendant plus de trente années et

profundis ovatis nigro-strialis ; corollæ petalis subrhombeo-ovatis venosis disco pubescentibus, 3 interiori- bus basi nigro-purpureis; fructu magno baccato ovato-globoso rubro ubique muricato apice acuto, W. Hoo. |. i. e.

Momordiea mixta Roxs. Fl. ind. JII, 709, Wicnr et Ans. FI. pen. ind. or, 349. W. Hoox. Bot. Mag. t. 5145. Octob. 1859.

cochinchinensis Srnencez, Syst. Veget. III. 14.

Muricia cochinchinensis Lou. FI, cochinch, I, 723, DC. Prodr, II, 318 (ete.).

TOM VIi, MISC. MARS 1860. 4

4% MISCELLANÉES,

dont il publia une Flore en 1790 (1). Malgré cette date reculée, l'intro- duction, toute récente, en est due au révérend C. S. P. Parish, qui de Moulmein en envoya à M. W. Hooker les graines « curieusement compri- mées et relevées latéralement en bosse (curiously compressed and embos- sed), desquelles, malheureusement, dit M. W. Hooker, sortirent seule- ment des individus mâles, mais qui suffisent pour juger l'espèce, dont les fleurs, qui se produisirent en juillet, sont grandes et belles, »

« Tiges grimpantes, assez grêles, anguleuses. Pétioles longs, canali- culés, portant de remarquables glandes, ayant la forme de Peziza (2). Feuilles (de dimensions variables) cordiformes, 3-5-palmées-lobées, dont les segments sinués-dentés. Cirres simples, opposés aux pétioles. Pédon- cules longs, uniflores, munis sous la fleur d’une bractée bilobée, poilue. Fleur (mâle!) très ample, d’au moins onze centimètres de diamètre. Calyce profondément coupé en cinq lobes ovés-lancéolés, striés de noir (et noirs eux-mêmes d’après la fiqure!). Corolle étalée-campanulée, for- mée de cinq pétales, arrondis-trapézoïdes, aigus, copieusement veinés (veines proéminentes en dessous), subondulés, de couleur paille en dessous, velues en dedans au disque ; les trois pétales internes pourprés-noirs à la base, Étamines comme dans le genre (c’est-à-dire : 5, insérées à la base du calyce, triadelphes!); anthères très longues, sinueuses (pubérules, ex icone! Style ....! Sligmates .….. rudimentaires, sans doute! On sait quelle est la forme compliquée de ces organes dans les Cucurbitacées !!!). Fruit gros, ovale-arrondi, rouge, aigu, muriqué (c’est-à-dire couvert de très nombreuses pointes triangulaires, aiguës), triloculaire, contenant un grand

nombre de grandes graines (V. ci-dessus), » W. Hook. (excepté les phrases entre parenthèses). Re

114° Exposition de Ia Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand.

La Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand vient d’accom- plir sa cent quatorzième exposition de plantes; et cette fois encore, malgré les rigueurs insolites du long hiver que nous traversons, l'horti- culture gantoise, grâce à une généreuse émulation, a su, en dépit des frimas, soutenir et justifier son européenne renommée,

Jamais peut-être, c’est du moins notre impression, si l’on tient compte des difficultés extrêmes qu’il fallait combattre et vaincre, et malgré même le nombre aSsez restreint des amateurs ou horticulteurs que ces difficultés sans doute avaient empéchés, jamais la vaste salle du Casino n’avait offert

.(4) Nous devons dire une fois de plus, qu’un grand nombre des renseignements, faits et dates que nous citons, sont empruntés à l’excellent ouvrage de M. Lasègue, intitulé : Musée botanique de M. Bexsanin Deusssenr; in-80. Paris, 1845, chez Fonris Masson : ouvrage, dont nous appelons de tous nos vœux une

édition conduite jusqu’aujourd’hui, et que seul M. Laségue peut amener à bonne fin, en raison des

nombreux documents contenus dans la magnifique bibliothèque botanique, dont il est le zêlé conservateur.

(2) Sorte de très petits champignons, ayant la forme d’une petite coupe, et croissant sur les écorces, ou même sur la terre, principalement en Europe.

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MISCELLANÉES. 1

un spectacle plus éblouissant, plus splendide. Les yeux charmés, fascinés, ne savaient sur quelles fleurs s'arrêter de préférence; car tous les goûts étaient largement satisfaits. On se demandait à l’envi par quels prodiges d'art et de patience nos amateurs avaient pu, dans une saison si rigou- reusement, si exceptionnellement inclémente, produire tant de merveilles florales dans toute la perfection de leur développement,

Parmi ces merveilles, il faut citer en première ligne les Camellias, les Azalées de l'Inde et les Rhododendrum, eultures dans laquelle les Gan- lois ont toujours excellé et sont restés À peu près encore sans rivaux sérieux, surtout à l'égard des Azalées,. Nous renoncons, reconnaissant l'impuissance de notre plume, à décrire l’admirable effet de ces milliers d’Azalées, en boules, en pyramides, en buissons, couverts de myriades de grandes fleurs, aux coloris les plus vifs ou les plus tendres, et de telle sorte qu'on n’en apercevait pas le feuillage : Azalées, dont bon nombre attci- gnaient un à deux mètres de circonférence, masses littéralement éblouis- santes de fleurs splendides.

Mélés aux Azalées de l'Inde des milliers de Camellias, au sombre feuil- lage verni, aux grandioses et éclatantes fleurs, les Camellias, cette autre gloire de l’horticulture gantoise, leur disputaient la palme de la beauté, et contrastaient fortement par la sévérité de leurs formes avec les grâces plus mignardes et plus attrayantes des premières. Il y avait des mer- veilles en fait de belle culture et des floraisons supérieurement réussies.

Ne jugeant pas utile de reproduire ici in extenso le programme des trente-six concours ouverts par la Société, notre tâche sera d'apprécier botaniquement et horticulturalement les plantes exposées : tâche, sinon facile, du moins bien douce à un anthophile de cœur et d’âme.

La vaste salle et l'hémicycle du palais élevé à la Déesse des fleurs, palais qui a surgi du sol comme par enchantement, à la voix de quelques nobles et généreux amis de l’horticulture gantoise, présentait dès l'entrée le coup-d’œil le plus enchanteur ; les Palmiers, ces princes des végétaux, comme on les a si justernent nommés, les Aralia, les Rhopala, les Aroï- dées, les Bégonias, les plantes les plus nobles et les plus rares enfin, groupées avec un goût exquis (qui fait un grand honneur aux membres de la commission), et mélées à des milliers de plantes en pleine floraison, prodiguaient aux yeux ravis et leurs formes élégantes, et leurs belles fleurs si diverses, et leurs parfums si suaves.

Le beau Jardin botanique de la ville avait, par les soins de son intelli- gent chef, fourni un riche contingent de grandes plantes d'ornement, qui, disséminées avec art dans la vaste enceinte, v produisaient le plus heu- reux effet.

Sans nous astreindre à suivre la série des concours, nous mentionne- rons ici au hasard les plantes qui attiraient le plus notre sympathie, selon que nos regards séduits déviaient plus ou moins de l’ordre établi,

46 MISCELLANÉES.

Tout d’abord, dans l’hémicycle, trente Palmiers divers, orgueil de la salle, trônaient majestueusement, étalant à l'aise leurs vastes frondes pen- nées ou déployées en gigantesques éventails. 11 ont conquis le premier prix, et du reste, l'établissement Ambroise Verschaffelt est coutumier du fait.

Tout à côté de ces nobles représentants des Flores exotiques, divers lots de plantes rares et nouvellement introduites appelaient invincible- ment notre attention. Trois lots se présentaient concurremment pour remporter les deux prix affectés à ce concours (le 24°) ; celui de M. A. Ver- schaffelt a obtenu le premier; le second a été gagné par M. L. Van Houtte. Nous signalerons parmi les plantes du premier : Begonia impe- rialis, digne par la richesse des teintes de son feuillage de porter un tel nom; Begonia smaragdina, à feuilles d’un vert d’émeraude et par cela très bien nommé, tous deux récemment introduits du Mexique par leur heureux possesseur, ainsi que: Zamia fuscata, au feuillage brun ; Solanum argyreum, sur les feuilles duquel le blanc d'argent laisse à peine un peu de place au fond d’un vert clair; Pothos luteo-virens, aux feuilles en cœur, veinées-arquées de jaune verdâtre; Campylobotris Ghiesbreghtii, espèce arborescente, dont les riches teintes laissent désormais un peu dans l'ombre le Cyanophyllum magnifi cum, etc. Le premicr prix lui a été accordé à l'unanimité.

lei, une observation, que nous sommes heureux de faire, se présente sous notre plume : nous voyons avec une vive satisfaction que nos prin- cipaux horticulteurs gantois semblent renoncer à s’approvisionner, entiè- rement du moins, de plantes nouvelles chez nos voisins d’Outre-Manche. Signalons done cette généreuse et patriotique initiative; puisse-t-elle avoir de nombreux imitateurs.

Dans le second lot (2° prix), appartenant à M. Van Houtte, citons un superbe individu de l’Anthurium cordatum, aux nobles feuilles ; les Aralia Solanderi et Humbolti; le Myosotidium nobile, plante qui sera fort recher- chée; la curieuse Aristolochia Thwaïitesii, espèce en arbre, etc.

Dans le troisième, M. A. Van Geert avait exposé un magnifique individu de Zamia Skinneri, aux très longues frondes, dont les grandes folioles sont striées-canaliculées, et qui portait au centre son jeune et curieux spadice florifère; un Yucca eue jet nous a semblé plutôt être un Dracæna),

Près de ces intéressantes nouveautés, dont vient de s'enrichir pour la première fois la Flore gantoise, était une pompeuse collection de 50 espè- ces ou variétés de Bégonias, étalant leurs riches et amples feuilles, leurs myriades de fleurs en panicules. Beaucoup d’entr’eux, aux nobles propor- tions, n'avaient pas moins d’un à deux mètres d’élévation. Un premier prix bien mérité à M. Ch. De Buck (26° concours)!

M. Van den Hecke de Lembeke, l'honorable et zélé président de la Société, à qui reviennent, comme on va le voir par nos citations, les prin-

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cipaux honneurs de l'exposition, satisfaisant au 27° concours, dont il a remporté le prix sans conteste, avait offert une splendide collection de plantes à feuillage richement peint ou marbré. Citons spécialement un Tillandsia (?) viltata, aux larges rubans verts et blancs, bordés de jaune ; le Sanseviera fulvo-cincta, très semblable au guineensis, mais incompara- blement mieux panaché de vert tendre sur vert noir; le joli £Eranthemum leuconeurum, à la vénation réticulée de blane sur fond vert clair; le fameux Cyanophyllum magnificum, au noble feuillage; l'élégant Dracæna (Calodracon) versicolor, au splendide coloris rose ou cocciné et vert ten- dre, etc., etc. Avant de sortir de l’hémicycle, dont nous sommes forcé de faire le tour en courant, signalons les six Bégonias de semis, exposés par M. Ch. De Buck (prix en dehors des concours), dont l’un surtout sera fort recherché, le B. eximia, aux élégantes nervures vert tendre sur fond argenté; l’admirable collection d’Anœctochilus du Jardin botanique de Gand, supérieurement cultivée, et celle de M. le baron Osy, qui chacune, en dehors des concours, ont gagné une médaille en vermeil; M. L. Van Houtte a également obtenu une médaille d’argent pour vingt-quatre Bégonias de semis, très variés.

Cinq superbes collections d’Amaryllis brésiliennes, cette autre gloire des cultures gantoises, parfaitement réussies dans leur orgueilleuse florai- son, et composées chacune de trente variétés, se disputaient l'admiration des visiteurs : ampleur florale, couleurs les plus riches ou les plus déli- cates; admirablement peintes ou panachées ou striées, bonne et ferme tenue, rien ne leur manquait; toutes cinq ont remporté un prix; le premier a été conquis par un terrible concurrent, nouvel Achille sortant de sa tente pour l’honneur floral de la ville, et dont, il faut l’espérer, chaque exposition désormais nous montrera les belles cultures; M. Ed. D'Hane a gagné le second; MM. Van den Hecke, Van de Woestyne et Beaucarne les autres.

A côté de ces orgueilleuses filles du Brésil, on admirait, plus modestes et non moins attrayantes, les longues tiges eflilées et garnies de fleurs délicates des Æpacris et des Erica. Trois collections étaient en présence, dont deux présentées par M. Alexis Dallière, de Ledeberg, qui excelle dans cette culture, ont gagné chacune un prix.

Nous nous garderons bien d'oublier, dans cette revue à vol d'oiseau, ces filles étranges de l'air aux insolites et charmantes fleurs, aux odeurs sui generis, qu'on appelle Orchidées! Celles de M. A. Verschaffelt, au nombre de dix, selon le programme (concours 16), ont grandement mérité et obtenu le prix : citons parmi elles, pour leur transcendante beauté et leur luxuriant développement, les Vanda tricolor, Milioniu cuneata, Dendrobium nobile, Angræcum virens, Lœlia anceps, etc.

Le prix pour l'Orchidée la mieux cultivée (concours 17) a été gagné par le même horticulteur pour son luxuriant Vunda tricalor, var, Leopoldi.

18 MISCELLANÉES,

Les Aralia (Didymopanax, Oreopanax. ete.) et les Rhopala, ces prin- cipaux ornements des serres tempérées, par leurs nobles proportions foliaires et caulinaires, étaient dignement représentés par quatre ou cinq collections, toutes remarquables par la beauté et la force des individus. Le jury, fort embarrassé et ne pouvant les récompenser toutes, a enfin tranché la question en faveur des lots de M. le baron Osy et de M. L. Van Houtte,

Les Cactées, ces étranges plantes, aux belles fleurs, mais aux formi- dables aiguillons, formaient deux beaux lots, présentés par M, Louis De Smet, horticulteur, à Ledeberg, et A. Tonel, à Gand; celui du premier, le plus varié en espèces distinctes et appartenant à un plus grand nombre de genres, a remporté le prix.

Comment n’avons-nous pas encore mentionné les Fougères, qu'avec tant de raison on a surnommées des dentelles végétales, bien que bon nombre égalent par les dimensions des segments de leurs frondes, celles de végétaux plus élevés dans l’ordre hiérarchique végétal?

Ici nous aurions à citer de bien regrettables abstentions, si les conve- nances ne nous imposaient le silence, dans l’espoir surtout qu’elles ne se renouvelleront pas. Nous n’avons donc à citer que deux collections, dont l’une surtout, composée de grands et robustes individus, a remporté le premier prix, celle de M. L. Van Houtte; l’autre appartenait à M. À. Van Geert. On ne pouvait se lasser d'admirer dans ces plantes, soit le grandiose, soit la légèreté, la ténuité du feuillage. Nous devons être fort sobre de citations, pour ne pas dépasser les bornes d’un simple compte-rendu : mentionnons donc seulement l’Angiopteris pruinosa, aux immenses frondes pennées, qui fesait. partie de la première collection; ainsi que les A/sophila ferox, Diplazium giganteum, Marattia Verschaf- feluii, etc., ete.

Les Conifères, ces arbres de tant d’avenir, et sur lesquels comptent les hommes éclairés et prévoyants, dans l'intérêt du reboisement des montagnes, des constructions civiles et navales, etc., étaient suflisamment représentées à cette brillante exposition par les deux collections de MM. Auguste Van Geert et Louis De Smet; à mérite égal, les individus plus grands et plus forts de M. A. Van Geert ont obtenu le premier prix; chacune comptait trente espèces ou variétés distinctes.

Il faudrait pour être impartial et exact tout citer, tout vanter, car tout était beau et souvent admirable! Force nous est cependant de nous arrêter; aussi en passons-nous et des meilleurs, et renvoyons-nous au procès-verbal des concours et surtout au catalogue de lexposition publiés par la Société. Nous voudrions par exemple citer encore une foule de plantes d'ornement, de toute espèce et de toute catégorie, qui ont fait le sujet de divers concours et dont les principaux lauréats ont été MM. Van den Bossche, Van den Hecke, Van Geert père, J. Ver-

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MISCELLANÉES» 49

schaffelt, A. Verschaffelt, L. Van Houtte, ete, Nous devons cependant une mention spéciale à ces brillantes messagères des beaux jours, origi- naires du pays de la lumière, les Hyacinthes et les Tulipes, etc. Deux collections des premières avaient été présentées, dont la plus méritante, cela va sans dire, celle couronnée en premier par le jury, appartenait à M. H. Van der Linden, d'Anvers; elle brillait par la force des individus, leurs fleurs serrées, mais bien développées, simples ou doubles, de toutes couleurs; quel éclat! quels suaves parfums! Une seule collection des secondes avait répondu à l'appel de la Société, celle que M. Ferd. D'Hoop, sénateur, avait envoyée, composée d’une soixantaine de Tulipes forcées, en individus un peu faibles, mais qui avait bien aussi leur mérite et qui eussent certes alliré davantage l'attention par leur bonne tenue, leur floraison bien venue, si tant d’autres sujets plus brillants ne leussent distraite; nous y avons remarqué les Tulipes duc de Tholl, Oculus Sols, et de Gesner. *

Mentionnons encore, mais pour mémoire, trois ou quatre collections de Rosiers forcés, appartenant en général à la catégorie des hybrides remon- tants; la plupart étaient en fleurs, sans doute, mais ces fleurs étaient en grande partie imparfaitement développées, en raison des intempéries sévères de la saison. Néanmoins le jury, désireux d'encourager cette culture dans l'intérêt du commerce, a accordé deux médailles, gagnées toutes deux par M. L. Van Houtte.

Les bouquets de salon, de fêtes et de mariages, cette industrie si importante en hiver, élaient au nombre de six et présentés par un seul concurrent, M. F. Leys : bouquets monstres, dont deux n'avaient pas moins d’un mètre de circonférence, sur un demi en hauteur, et formés de milliers de brillantes fleurs de toute espèce; un vaste bouquet de mariée captivait tous les regards, bouquet derrière lequel elle eût pu faci- lement se cacher : Camellias blancs, fleurs d’orangers, de Calanthe veratri- folia, de lilas blane, etc., etc.! Que de peines, de dépenses, de démarches pour composer un tel ensemble! Un premier prix a récompensé M. Leys.

Conceluons enfin : car, lâchant la bride à notre enthousiasme, nous ne saurions achever, par ces plantes, objets de prédilection des amateurs gantois, et auxquelles la ville doit surtout sa prééminence et sa renommée florales, plantes dont nous avons dit un mot en commençant cet article bien sec et bien aride, sans doute, mais bien malgré nous : la plume peut- elle peindre des fleurs?

L'objet du concours était un groupe de quinze Rhododendrum arbo- reum en fleurs. Deux des collections présentées ont été couronnées : celle de M. le baron Osy, par un premier prix ; celle de M. J. Delmotte, horticulteur ; toutes deux remplissant bien les conditions du programme.

Un fort joli Rhododendrum de semis, pour le plein air, à fleurs d’un rose tendre et finement tigré de brun, a reçu le prix du 18° concours,

20 MISCELLANÉES,

gagné par M. Louis De Smet pour son À. Romain DE Suer : touchante dédicace d’un père à son fils!

Camellias! notre embarras est extrême; il faudrait ici tout citer, tout louer, car les Camellias, ainsi que leurs aimables rivales, les Azalées de l'Inde, étaient la gloire de l'exposition, comme les uns et les autres sont la gloire de Gand et ajoutent chaque année un fleuron à sa couronne florale. Entre amateurs, six collections de 50 Camellias, de 15, de 6 (4°, 5°, concours), fleuris, ont été couronnées dans l’ordre suivant de leurs possesseurs, MM. Christophe Van Loo, G. de Kerchove-d’Ousselghem, Claes-Thierentyn. :

Entre horticulteurs marchands, cinq collections également de 50 et de 45 Camellias en fleurs ont été couronnées dans leurs producteurs, MM. Ver- vaene, Liévin Brugge et Jacques Lareu.

Les 20 Azalées de M. Van den Hecke, le président (11° concours), étaient tellement méritantes, nous avons cherché à les peindre en com- mençant ces lignes, qu’au lieu de la médaille en vermeil proposée par la Société, le jury a demandé et obtenu pour elles, comme premier prix, une médaille en or. De plus, les deux autres collections en même nombre, appartenant au même et à M. De Graet-Bracq, négociant, ont reçu cha- cune une médaille d'argent (2 prix). Dans la même catégorie de plantes et comme prix de belle culture, M. Van den Hecke a encore gagné une médaille d'argent, pour son magnifique individu d’Azalea indica alba striata. : Fer

Il faut finir, bien que nous en ayons :

Claudite jam rivos, pueri, sat prata biberunt!

Il nous suffira de dire, pour faire observer, à l'honneur de toutes les classes de la société gantoise, combien règne parmi elles le goût si pur et si délicat des fleurs, qu'à l'ouverture publique de lexposition, le dimanche 4 mars, une foule immense a, toute la journée, malgré un temps déplorable, une pluie battante et glacée, envahi la vaste enceinte du Casino. On a compté, dans un moment donné, dans le jardin, jusqu’à 46 voitures, tant de maîtres que de remises ou de vigilantes, sans y comprendre celles qui stationnaient dans les environs. N'est-ce pas le plus bel hommage qu’on puisse rendre à la Déesse des fleurs, et la plus douce récompense des travaux et des veilles laborieuses de ceux qui les élèvent?

Puissent désormais et à l’envi nos riches amateurs, nos laborieux horti- culteurs rivaliser et redoubler de zèle dans leurs travaux, pour maintenir toujours l'honneur floral de la ville au point culminant qu'il a atteint, et proclamons bien haut cette affirmation que la Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand, société mère et modèle de toutes les autres, les souliendra toujours généreusement dans leurs efforts, et saura dignement les en récompenser.

Ca. Lew, (Journal de Gand et Écho des Flandres, 7 mars 1860).

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Planche 239.

PHENACOSPERMUM GUIANENSE,

PHÉNACOSPERME DE LA GUIANE.

(Ravenala amazonica Horr.)

: j ; 4 Erym. @evexy, perruque; ex tpmæ, graine.

Musacez Ç Musez.

CHARACT. GENER. Perigonii epi- gyni {ubus (1) elongatus farctus, phylla extleriora æquilonga lanceolata canalicu- lata, antico magis carinato, interiorum breviorum duo anteriora connata postico breviore amplexa. Stamina 5, postico de- ficiente. Ovarium inferum perigonii tubo (V. notulam ()) triloeulare, ovulis in lo- culorum angulo centrali pluriseriatis ho- rizontalibus anatropis. Stylus filiformis stamina parumper superans, sligmate crasso oblongo trisulco. Capsula coria- ceo-lignosa ovoidea obtuse trigona trilo- cularis loculicido-trivalvis. Semina pluri- seriata horizontalia loculorum angulo centrali ejusque processubus inserta obo- voidea angulata, esta fuliginea nitida Striolata; funiculo oblongo in arillum fibrosum fatiscente ; embryone in axi al- buminis duro-farinosi recto ejusdem fere longitudine lineari-lingulato.

Musaceæ perennes austro-americanæ, caulescentes v. acaules, Musarum auf STRELITZIARUM habitum præ se ferentes, foliis distichis, petiolis basi vaginantibus elongatis, laminis magnis oblongis; scapo (rectius amite) terminali, spathis alternis biseriatis ; floribus èn aæillis spathillarum inclusarum distichis sessilibus sub anthesi

vis aliquantum prominentibus albis ; se- minibus nigricantibus arillo stupposo cro- ceo-rubenle inclusis. Mio. li. e. (Exe. parenth.)

p m (PhenaKosper- mum! Lege supra notulam ad calcem tertii versi textus inscripti Ravenala ma- dagascariensis, tab. 254.) Expricu. Prodr. FI, norf. 54. in nota, et Gen. Plant. 1650. sub Ravenalu ; Meisx. Gen. PI. 590 (292). Ware. Annal. HE 607. Miquez, cha- ract. rev. et compl. in Moux et ScHLEcur. Bot. Zeit. 545 (1845). Stirp. surinam. 212. Uraniæ spec. L. C. Rica. et PLuR. Vide infra.

CHARACT. SPECIF. adsunt supra in- fraque fusius redditi.

P guianense MiQuEL, Stirp.surinam. L c.t. 62-63. in-fe. Nostra tab. 259, ex præced. efficta !

Urania quianensis L. C. Ricn. Com- ment. de Musac. 21. t. 67. sicut Exnz.? VE. VIH. sicut Mio? Sruiréers., in In- stituut, 506 (1845). c. ic. floris !

Urawia amazonica HorTur. non Manr.? Reise in Brasil. 20. HE. Atlas, I. fig. VL. 2. sicut Mig. 1. c. (Phenacosper- mum amazonicum M1Q.).

Bh Le

Nous nous empressons de tenir la promesse faite à nos lecteurs, de leur donner un pendant à la noble Ravenala madagascariensis, décrite et figurée ci-dessus, PI. 254 (color. et fig. analyt. planche double (2)), et dont nous avons déjà dit quelques mots à nos lecteurs. V. L. c., au recto.

(1) Incaute clr. auetor hie tubum retulit; etenim apud Musaceas tubus floralis verus omnino deest ; sed ovarium adest elongatum quod satis bene illud eflingit.

(2) Mavenala: Cnaracr. Generic. Synonymiæ addere veli, amice lector : J. K. Hasskanz, Plant, jav. rar. 141. Retzia, Pugill. IL. 4.

Nous regrettons de n'avoir pas eu connaissance du premier de ces deux ouvrages,

TOM. VII. AVRIL 1860.

PHENACOSPERMUM GUIANENSE.

Sans doute, la plante qui fait le sujet de cet article n’atteint pas Îles proportions grandioses de celle-ci, mais, sauf la présence d’un caudex arboriforme, elle offre le même facies, et à peu près un ensemble aussi majestueux, par le magnifique développement de son éventail foliaire, l'élévation de sa hampe, le nombre et les dimensions de ses fleurs, dont la disposition et les formes, le fruit, les graines, etc,, sont presque abso- Jument les mêmes, circonstances qui nous faisaient dire que les genres sont peut-être un peu trop alliés!

On sait, à ce qu'il paraît, bien peu de choses au sujet de l’histoire de cette belle plante, introduite vraisemblablement en Europe, il y a peu d'années, bien que L. C. Richard l'eût fait connaître aux botanistes dès 4831 (V. [. c.) et Endlicher dès 1855 (V. L, c.); néanmoins les catalogues de Sweet et de Loudon (Hort. bril, 1839) la passent sous silence, et nous ne la voyons figurer dans ceux des principaux horticulteurs qu’après 4845, D'un autre côté, M. Miquel, du moins dans ses Stirpes surina- menses (1. c.), est fort laconique à cet égard ; il se contente de dire qu’elle est assez commune dans toute la Guiane, les habitants lui donnent le nom de Pananier des forêts ou de Bananier sauvage (Banana sylvestris !).

En présence de cette pénurie extrême de renseignements, et ne pou- vant non plus décrire ex professo la plante d'après un individu adulte, qui nous fait défaut en ce moment, nous devons nous contenter de profiter de la diagnose générique qu’en a donnée M. Miquel, et des belles figures in-f° qu’il y a jointes, pour en donnner nous-même une description aussi sortable que possible, laquelle, avec notre belle planche ci-contre,

quand nous avons composé notre article, lequel, sans doute, y eût beaucoup gagné, en ce que (si nous eussions pu nous le procurer!) nous aurions mis à profit la des- cription du Ravenala par M. Hasskarl. Dans le second, dont nous devons la bien- vcillante communication à un généreux et zêlé promoteur de la Science, M. le comte de Limminghe, l’auteur décrit complètement, mais seulement, la capsule et les graines; mais comme nous n’y trouvons aucun fait nouveau à citer, nous n’y re- viendrons pas. Nous saisirons en même temps cette occasion pour rectifier les chiffres de nos figures analytiques, lesquels, sur la planche, par inadvertance du lithographe, ne se rapportent pas à ceux de notre texte. Voici donc l'explication desdits chiffres, dont l'ordre normal à été bouleversé de la manière que nous venons de dire :

RAVENALA MADAGASCARTENSIS, Planche analytique; R&CTIFICATIONS.

Fiqures 4, 2. 5. Citations exactes. Fig. 4. Une étamine. Fig. 5. Spadice fructifère. Fig. 6. Ovaire avancé en âge, ou capsule non encore mûre. Fig. 7. Capsule en état de déhiscence. Fig. 8. Coupe d'un jeune ovaire. Fig. 9 et 10. Graines avec leur arille, Pun présentant de face son ombilie omboné, Fig. 14 et 12, Coupe horizontale et verticale de la graine, Etc. V. ci-dessus.

PHENACOSPERMUM GUIANENSE.

réduction et imitation de celles des Stirpes surinamenses, 1. c., pourra toutefois donner à nos lecteurs une juste idéc du noble végétal dont il s'agit.

Le Phenacospermum quianense croit donc dans les Guianes, et vrai- semblablement, comme ses proches alliés, la Ravenala, les Streliiziæ, et même les Heliconiæ, dans des endroits humides et marécageux, plus ou moins inondés à certaines époques, et surtout le long des cours d’eau, Il représente absolument dans l'Amérique méridionale les Strelitziæ du Cap; même port, même feuillage, mais avec une inflorescence tout-à-fait diffé- rente. Chez ces dernières, en effet, indépendamment de la conformation des fleurs, une spathe unique termine la hampe, tandis que daus notre plante, comme chez la Ravenala, la hampe porte au sommet des spathes distiques, dont chacune contient des fleurs bien plus nombreuses que celle des Strelitziæ. I paraît qu'il existe deux espèces distinctes de Phena- cospermum. Ainsi, d’après une note, dont il fait suivre la diagnose qu’il a donnée du genre, M. Miquel cite un P, amazonicum, qui différerait surtout de celui dont nous nous occupons, par la présence d'un caudex; mais dont l'existence est encore assez douteuse : ce qui semble résulter de la note même de notre savant confrère, note que nous reproduisons ici textuellement :

« Il existe dans l'ouvrage de Martius (Reise in Brasilien, HT. 20, Allas, T. I. fig. VI. 2) la figure d’un Phenacospermum amazonicum, espèce caulescente, mais jusqu'ici inexactement décrite. »

Nous trouvons en outre dans quelques catalogues marchands récemment lancés, sous les noms impropres de Ravenala ou d'Urania amuzonica, une plante qui semblerait synonymiquement la même : ce dont il est per- mis de douter, car d’abord l'individualité du P. amuzonicum n'est rien moins que certaine; et ensuite, on possèderait, ce nous semble, on trouve- rait dans les auteurs, quelques détails plus ou moins explicites sur l'intro- duction de ce dernier, dont la patrie paraît être le Brésil et la station sur les rives de l’Amazone. Quoi qu’il en soit, revenons à notre sujet.

Privé de tige (caudex), le P. quianense forme probablement, comme les Strelitziæ et les Heliconiæ, des sortes de touffes par la séparation dichotomique de l'individu après la floraison. Toutes les feuilles en sont radicales, superposées-distiques, étalées en éventail, et forment une sorte de tige par l'agencement de leurs longues et amples gaines pétiolaires em- brassantes. Chacune d'elle, avec son pétiole, qui compte pour moitié, a environ deux mètres de long; ce dernier d’abord subeylindrique, rigide, plein, se dilate tout-à-coup en un vaste gaine cymbiforme; la lame est

PHENACOSPERMUM GUIANENSE,

oblongue, cunéiforme à la base, rétuse ou même échanerée au sommet, d’un beau vert luisant; à vénation double et multiple, serrée, comme chez la Ravenala (V. ci-dessus) ; les bords en sont finement membranacés, rou- geâtres. Du centre s'élève une hampe terminale (et non un scape, puis- qu'ici le pédoncule est absolument nu), flexueuse, beaucoup plus longue que les feuilles, et terminée par 6-8 spathes alternes-distiques, longuement cymbiformes-aiguës, multiflores et longues d'environ 0,40-45.

Les fleurs, au nombre de 6 ou 8 (ou plus?) dans chaque spathe, sont distiques, hautes de 0,15, blanches, flanquées chacune (?) à leur base d’une double bractée (spathelle!) d’inégale largeur (lintérieure beaucoup plus étroite), mais plus de moitié aussi longue que la fleur. Il semble, d’après la figure donnée par M. Miquel (PI. 62. fig. B), que ces bractées ou spathelles persistent, et s’accroissent de sorte à égaler les capsules en longueur? (De quo tacet cl. auctor!). Le périgone, surmontant immédia- tement un ovaire pédonculiforme, subtrigone, sessile, de moitié aussi long que la fleur proprement dite, est composé de cinq segments, soudés à l'extrême base (non tubulés), dont deux externes plus longs, lancéolés- aigus, canalicülés ; l’un, le plus extérieur, carèné; trois internes, dont le médian le plus court, à la base duquel s’insèrent les organes sexuels ; tous veinés-striés. Etamines 5, libres, mais enveloppées par le segment qui les porte et est à peine plus long qu’elles; les filaments en sont plans, fortement courbés en siphon à la base, à bords saillants; les anthères, longuement filiformes, ont leur connectif légèrement renflé à la base et tronqué au sommet (omnia ex figura!). Le style, qui les dépasse, est robuste, cylindrique, exsert, et se termine par un stigmate fusiforme, tri-sillonné, tors sur lui-même la façon de ceux des Büillbergiæ!). La capsule (V. Ovarium aux Caract. génér.! que nous avons sous les yeux, en ce moment, et que nous avons figurée d’après nature!) est trigone, ovoïde, ligneuse, striée, brunâtre, loculicide-trivalve, mais sans se fendre jusqu’à la base. Les graines, fixées horizontalement sur une robuste cloi- son saillante, sont très nombreuses, plurisériées, portées par un court funicule plan, très étroit au milieu, mais dilaté aux deux extrémités ; elles sont oblongues, subanguleuses (obovoïdes, Mig.), enveloppées de la base presque jusqu’au sommet d’un arille laineux, épais, d’un bel orangé vif (De reliquis V. Diagn. gener.).

Le Phénicosperme de la Guiane, même cn l'absence de ses fleurs, si belles et si amples, de ses fruits si richement vélus, serait, par son port seul, éminemment ornemental et d’un grand effet parmi les autres plantes d’une serre chaude ; il l'emporte sous le premier rapport, sur la plupart

PHENACOSPERMUM GUIANENSE.

des Strelitziæ, par ses dimensions foliaires, qui ne le cèdent qu’à celles du gigantesque Strelitzia augusta, et de beaucoup par le nombre et l'ampleur de ses fleurs. Il a encore le mérite, sous l'influence d’une bonne culture, d’une végélation rapide et vigoureuse, ainsi que nous en jugeons d'après les beaux individus qu’on en élève dans l'établissement Verschaffelt.

Si l’on considère l'ampleur de la poche que forme la base dilatée des pétioles, poche d'environ 0,50 de long sur 0,12-15 de diamètre, il est présumable que, comme chez sa colossale alliée, la Ravenala madagas- cariensis, ces bases doivent, dans un temps donné, au moins, contenir également une certaine quantité d’eau; mais ici nous ne pouvons émettre qu’une hypothèse, car les auteurs nous laissent à ce sujet dans une com- plète obscurité.

Cu. Len.

Explication des Figures analytiques,

Au centre, fig. 1. La plante adulte florifère, extrêmement réduite. Fig. 2. Une fleur, demi-grandeur naturelle; & ovaire; on voit qu’il n'y a point de tube proprement dit. Fig. 3. Segment périanthien sexualifère. Fig. 4. Une étamine séparée, un peu plus petite que nature. Fig. 5. Section transverse de l'ovaire avançant en âge; 1/2 grandeur natur. Fig. 6. Une spathe fructifère, au 1/6° de grand. natur. Fig. 7. La capsule, aux 2/5 de grand. natur. Fig. 8. Une graine, cou- verte de son arille et avec son funicule, un peu plus grande que nature, ex sicco ! Fig. 9. La même, nue, d’après Mig. Fig. 40. La même, coupée verticalement, au milieu l'embryon. Fig. 11. L'embryon isolé (Fig. 9. 10. 11. grossies).

CULTURE. (S. Cu.)

Voyez à ce sujet les prescriptions établies pour l'élève de la Ravenala madagascariensis; on suivra absolument à l'égard de la plante dont il

s’agit les mêmes errements que ceux indiqués. +

Planche 240.

CHYSIS LIMMINGHEL

CHYSIS DE LIMMINGHE,

Ervu. xsis, fusion : parce que, dit l’auteur du genre, les pollinies sont comme fondues entre elles (7. à. c.).

OrcuivaceÆ ? EripeNDrezÆ-?LÆuix.

CHARACT. GENER. Sepala paulo

connata patula, lateralibus pedi producto columnæ adnatis et calcar simulantibus. Petala sepalis conformia. Labellum trilo- bum patulum, venis basi callosis. Co- lumna (1) marginata canaliculata muti- ca; anthera subrotunda opercularis gla- bra. Pollinia 8 in laminam luteam semi- fusa, 4 exterioribus tenuibus 4 interiora crassiora abscondentibus. Rostellum la- minatum convexum.

Herbæ epiphytæ (Americæ mediæ) oc- cidentales ab arboribus pendulæ, caulibus Cyrropopit depauperatis, foliis nervosis basi vaginantibus, racemis lateralibus pe Linpz. {. ü. c. (parenth. ex- cept.). ,

Chysis Lixpe. in Bot. Reg. sub t. 1937. ibid. Misc. not. p. 61. nis 130. 131 (1840). t. 23 (1841). Enxouicm. Gen. PI. 1445.

Meisx. Gen. PI, 575 (280). Bot. Mag. t. 3617. 4576.

. CHARACT. SPECIF. C. segmenta pe- rianthii longitudine æqualia : 5 externa

PRPRAAII

multo latiora carnosa, supremo oblongo lanceolato obtuso, venis7 elevatis, venulis anostomoso-lamellatis ; lateralibus segm. basi latioribus deltoideo-subdeflexo-fal- catis dorso carinatis ; interna apice infla- tulo-acutata spathulata, scilicet : basi longe unguiculata de medio dein dilatata ovato-lanceolata mucronata; omnibus similiter venatis; labello ut in congene- ris : disco (hypochilio) longe deuseque pubero, lobis lateralibus valde obliquis, medianti minore oblongo apice rotun- dato; 5 lamellis canaliculatis digitato- dispositis apice obtuso-cucullatis; gyno- stemate late alato concavo versus basim pubcrulo. Nos. ad viv.

Chysis Limminghet Reicu. et Lino. Bonpl.…...? Linpen, in Catal. hort. 4857! sine descriptione! Reicus. f. in Allg. Gart.-Zeit, 380 (1858). Gart.-Flora, 150 (1859). =

Revera et multo exactius (omnibus at- tente perpensis !) :

Chysis aurea var. Limminghei! Nos.

124

M. William Hooker, à l’occasion d’une plante de ce genre (Bot. Mug. t. 4576, april 1851), qu’il n'hésite pas à rapporter comme simple variété, sous le nom de maculata, au Chysis aureu de M. Lindley (Bot. Reg. t. 1937. Bot. Mag. t. 5617), dit expressément : « Nous étions d’abord disposé à la regarder comme une espèce distincte des Chysis aurea, lœvis et brac- lescens ; mais un examen ultérieur nous conduisit à conclure qu’elle était plutôt une variété richement colorée du Chysis aurea, auquel en effet le C. bractescens est très étroitement allié; et nous ne saurions admettre comme suflisante la différence capitale sur laquelle se fonde le D' Lindley, c'est-à-dire, sur ce que le labelle du C. aurea présente cinq principales

(4) Nomen quidem, ut non semel notavimus, nimis triviale, cui substituendum et merito verbum gynos-

lema® V. Gynostemium jamdud rectius propositum ; etenim quid habet cum columna commune hoc floris segmentum ? nee quidem levissima similitudo !

Fund.

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2€L. LINDEN.

Tabasco. (Serre chaude. }

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CHYSIS LIMMINGHEI.

côtes et trois plus petites latérales, toutes tomenteuses et divergentes (1), «« tandis que dans le C. bractescens il y a cinq côtes égales, toutes lisses et parallèles (Linpz. !). »» Dans celui-ci les cinq côtes sont toutes tomenteuses dans leur moitié inférieure, tandis que dans les deux variétés du C. aurea (C. aurea, et C. aurea maculata) les trois plus petites latérales semblent des veines, telles qu’on en voit dans le milieu du lobe. « Dans le Chysis lœævis, dit M. Lindley, sont trois grandes côtes subconfluentes, et une plus petite de chaque côté, » Enfin, M. W. Hooker termine sa notice laquelle n'appartient pas la petite phrase guillemetée qui précède) en disant : « dans le C. bractescens, les bractées sont plus grandes et très concaves; les fleurs plus grandes, et les lobes latéraux du labelle sont plus grands que ceux du C. aurea. Les fleurs sont très odorantes (du C. bractescens ou du C. aurea? (2)) » =

Nous ne rapportons la discussion ci-dessus que pour démontrer un fait : c'est que les trois seules espèces du genre, connues jusqu'ici, sont telle- ment voisines, qu’elles n’en constituent peut-être qu’une seule, dont les dimensions des parties florales et leur coloris, le nombre des côtes, ou lamelles, du disque labellaire dépendent de la différence de leur habitat et de leur station, et dans leur pays natal et dans nos serres. II suffit, pour se faire cette idée (du moins, c'est ce qui nous arrive), de lire attentive- ment les diagnoses des espèces, et de consulter les figures qui en ont été données, Ainsi, et surtout le nombre des côtes du labelle, sur lequel se fonde principalement M. Lindley pour la distinction des espèces, ne varie point ; il y en a toujours cinq, comme le fait remarquer aussi M. W. Hooker, et il est vraisemblable que les plus petites latérales, qu’ajoute le savant orchi- dologue, ne sauraient, par leur inconstance ou par leur présence plus ou moins contestable, former un caractère distinctif (V. note (1)).

La charmante plante, dont il s’agit ici particulièrement, si remarquable par la grandeur et le frais coloris varié de ses fleurs, ne nous a non plus offert aucuns caractères essentiellement distincts de ceux des congénères que nous venons de passer en revue; mais elle leur est de beaucoup supérieure en beauté. À notre grand regret encore, nous n’en saurions rapporter ici l’histoire complète, Nous la voyons figurer pour la première fois (?) dans le catalogue de M. Linden pour 1857, qui en indique Chiapas comme patrie. M. H. Jäger, dans le de mai 1859 du Garten- flora (1. c., d'après l’Allg. Gartz. V. ad synon.) lui donne pour parrains M. Linden et M. Reichenbach, fils, et pour patrie Tabasco. Chiapas et Tabasco sont au reste deux provinces contiguës, et la plante a pu en être

(1) En tout neuf, ajoute M. Lindley (Bot. Reg. t. 23. 1841) : ose cinq Pa 3e s ah se de chaque côté, font onze! il y a un lapsus calami/ En oùtre, l'examen de : planche : nie confirme pleinement l'appréciation de M. W. Hooker; il y a bien cinq tes ve es, et les ro prétendues qu’il croit exister de chaque côté, sont certainement de simples veines plis, comme on avait sur le reste du labelle. ,

(2) Nulle autre part, M. Lindley et M, Hooker ne citent cet important fait.

CHYSIS LIMMINGHEÏ.

envoyée simultanément en Europe, et en premier lieu, à ce qu’il semble, à l'établissement Linden, par les soins de M. Ghiesbreght (1). Elle a été dédiée, et merito quidem, à M. le comte Alfred de Limminghe, dont le nom a déjà été cité plusieurs fois avec honneur dans ce recueil (V. passim et ci-dessus, Misc. 28. note (1)). Le bel individu, que nous en avons examiné en octobre 1858, appartenait alors à feu M. le baron Heynderyex. Quelques détails descriptifs complèteront notre phrase spécifique. Pseudobulbes épiphytes, fusiformes, annelés-articulés, hauts d'environ 0,12 sur 0,02 de diamètre ; portant dans la première jeunesse des feuilles distiques, squamiformes à la base, puis peu à peu allongés, plus larges, lancéolées, brièvement acuminées, plissées-veinées, d’un vert pâle; à pointe tordue obliquement. Scapes 5-flores, et plus, sortant de l’aisselle des feuilles latérales des jeunes pseudobulbes et nutants ; bractées ovées- cordées à la base, puis aiguës, verdâtres; à bords blancs, très finement membranacés; chez les pseudobulbes adultes deux feuilles terminales beaucoup plus grandes (0,22-24 + 0,03-4) sont pétiolées et conjointes à la base, ensuite lancéolées-oblongues et longuement acuminées. L'ovaire-pédicelle est court et profondément 6-sillonné. Le rhachis est flexueux. Les fleurs, absolument conformées comme celle des congénères, et inodores, n’ont pas moins de 0,05-6 de diamètre. Leurs cinq segments (V. diagn.) sont d’un blanc pur, largement maculés de rose-violacé vers le sommet, et veinés-réticulés d’une manière très apparente : disposition qui ajoute à leur élégance. Le labelle a ses lobes latéraux d’un jaune d'or à l'extérieur, richement ligné de cramoisi à l’intérieur ; le médian ou terminal, plus petit, oblong, obtus et biparti au sommet, est blanc-violacé, vergélé de cramoisi vif. Somme toute, c’est là, comme nous l'avons dit, en commencant, une charmante plante, la plus belle entre les congénères (ou variétés ! comme on voudra), et que les amateurs peuvent se procurer chez notre éditeur.

Cu. Len. CULTURE, (S. Cu.)

Mèmes soins pour celte plante que ceux qu’on donne aux Orchidées épiphytes, dont la culture a été maintes fois indiquée dans ce recueil. On la plantera de préférence dans des sphaignes sèchées, exhaussées en dos d’âne, entre lesquelles, enfonçant ses robustes racines fibreuses, elle trouvera, grâce à des seringages modérés, donnés pendant la durée de sa

végétation, l'humidité nourrissante qui lui est nécessaire. À, Y,

(1) Ces renseignements sont confirmés par une lettre que nous recevons de M. Linden, lorsque déjà ce qui précède était imprimé : il y est dit que la plante croit sur les arbres des forêts, près des bords de la mer, dans la province de Tabasco, l’a découverte M. Ghiesbreght, qui de l’a envoyée, en 1855, à M. Linden.

Lei Ed: (LE sa l f t ECC” MOORE (ORN(

. {Serre chaude j

Planche 241.

PTERIS ARGYREA

PTÉRIS A FEUILLES ARGENTÉES,

U / . 7e FaR à , s . Éryu. Hrépis, ds, Pteris, idis, nom général donné aux Fougères chez les anciens.

PoryPoDiAcEÆ 6 PTERIDEZ.

CHARACT. GENER. Sporofheciis li- nearibus continuis marginalibus; indusio margini frondis adnato ab ipso distineto membranaceo scarioso integre dehiscente; sporangiüis ovalibus ad receptaculum li- neare continuum eum indusio aflixis, sive ad axillam indusii nascentibus ; an- nulo lato 16-20-articulato; sporis brevi- bus ovoideis trigonisque raro reniformi- bus ; sporangiastris in plurimis speciebus piliformibus strangulatis suceineo colore!

Frondibus monofuxicis pinnaltis 1-2-5- pinnato-pinnatifidis ; frondibus seu seg- mentis frondium fertilibus non raro an- gustioribus; nervillis pinnato-furcatis marginem altingentibus aliquando colo- rats; nervillis /rondium fertilium cum receplaculo coalitis. Filices varie par- tito-pinnatæ herbaceæ magneæ terrestres rupicolæ cosmopolitanæ.

A. L. A. Fée, Gen. Filic. 124, Tab. XI. A. fig. 1-5 (1).

Pteris Lixn. Gen. PI. 1174 (1757).

Hort. Cliff. 475. Lonchitidis spec. Aucr. Allosori spec. PRESL. et AUCT. VAR.

ete. W. Hoo. et Ferp. B. Gen. Fil. t. XLIV (P. nemoralis Wirzp.) ScHuKR. t. 88-97. Lamizz. Nov. Holl. t 244-245. Nov. Caled. t, 8. Gaunicn. Voy. Freye. t. 19. Ranni, PI. bras t. 63-70. Hook. ct Grev. le. t. 8. 28. 107. 116. 126. 150. 142. Acu. Racu, FI. Nov. Zel, t. 12. Acanon, f. Rev. spec. gen. Pter. 8. Expz. Gen. PI. 622. et suppl. 1. 4347. W. Hook. lc. PI. t. 119. 207. 422. 915. 975. Presz, Pteridgrph: 145. Mar. et Gaz. Foug. du Mex. Di et seq. PL. 12. 15. 14. etc. etc. De charact, rev. specieb.que admissis, adi, lector studiose., opus cirss. FÉE supra citatum, et ejusd. 6. 7. 8. mém. c. plur. icon.

CHARACT. SPECIF. Infra imperfecte descripta; etenim Clr. Auctor de fructi- ficatione omnino tacuit.! sicut et in sua phrasi specifica !

Pteris (( Pyrophylla) argyrea Moore (argyræa ! (2)), Journ. of Hortic. Soc. of Lond. 7. july 1859. Garden. Chron. 1859. <

« Pteris argyræa (V. notre note (?)) présentée par MM. Veitch et fils, d'Exeter et de Chelsea. « Cette noble Fougère se fait remarquer comme un très bel objet, d'un caractère entièrement distinct, étant la première Fougère, introduite dans les cultures, dont la panachure soit bien mar- quée. Le comité, à l'unanimité, lui a accordé un certificat de mérite de

première classe,

comme étant une plante entièrement nouvelle et extrême-

ment ornementale. Elle a été introduite de l'Inde centrale. « Port vigoureux, frondes de cinq pieds (et plus) de long, y compris leur

(1) Nous saisissons cett proclamé à bon droit le premier Ptéridologu

qui s'occupent des Fougères en botaniste ou en amateur (Voyez

29. IV. SI. V. 83.), (2) L'adjectif argyreus, &, um, poétiq- apyupEi0S nous ne voyons pas quelle

e occasion pour rappeler les magnifiques et excellents ouvrages de cet auteur, e moderne : ouvrages absolument indispensables à tous ceux

ci-dessus, Tes 11. Miscell. p. 33. II.

LA La latinisé par les modernes, venant du grec æpy/UpEOS, —Eæ— OV, raison oblige à altérer latiniquement ce mot, comme le

font plusieurs écrivains, en argyrœæus, &, um. Pourquoi æ pour e?

TOM. VII. AYRIL 1860.

8

PTERIS ARGYREA»

robuste stipe, lequel est squamifère à la base et occupe la moilié environ de cette longueur ; ovées dans leur circonscription, d'environ deux pieds et demi de diamètre à la base, pédati-bipennatifides : les deux paires inférieures de pennes ordinairement, quelquefois la troisième aussi, ayant une branche basilaire postérieure ; segments des pennes obtusément linéai res, subfalciformes, longs d’un pouce un quart, un peu onduleux, un peu -épineux sur le rhachis supérieur, le terminal caudé,. » La beauté particulière de cette Fougère est due à ce que la base de - chaque segment, sur Æ de pouce ou plus de sa longueur, est d’une couleur gris-d’argent (argent mat), de manière à former une large bande argentée, d'environ 5/4 de pouce en largeur, le long du centre de chaque penne et de ses divisions. C’est une excellente addition à nos collections de Fougè- res. » (Journ. of Hort. Soc. 1. c.).

On trouve dans le Gardener's Chronicle (1. c.) une description un peu plus étendue de cette belle Fougère (1), mais l’auteur n’y donne pas non plus les caractères de la fructification, que nous regrettons dès lors de ne pouvoir citer ni figurer. MM. Veitch la doivent sans doute à leur infatigable et zêlé collecteur, M. W. Lobb ; elle a été recueillie dans l'Inde centrale, d'où elle leur a été envoyée il y a trois ans environ : renseignement bien vague! si Von considère la vaste étendue de cette contrée, La Société royale de Botanique et la Société d'Horticulture de Londres ont couronné cette plante comme hautement ornementale, et la dernière spécialement lui a accordée un certificat de mérite de première classe. M. Moore la regarde comme très voisine des P, quadriaurita, nemoralis, felosma et longispinula.

Cu. Len,

ra

CULTURE, (S. Car.)

Une terre sablonneuse et légère, quoique richement pourvue d'humus (terre de bois, par exemple), tenue humide, et renouvelée tous les deux ou trois ans ; des seringages fréquents, un drainage épais et très perméa- ble (platras ou tuiles concassés); un ombrage un peu épais contre les rayons solaires; une chaleur humide, constante, mais modérée ; multi- plication des espèces herbacées par la séparation des touffes; par semis des graines, pour toutes les catégories : voilà en quelques mots les soins que demande une collection de Fougères, plantes qui peuvent vivre en assez bonne intelligence avec les Aroïdées et les Orchidées, qui exigent les mêmes soins, et qui réunies forment, par leur diversité même, l'effet le plus charmant, le plus harmonieux qui se puisse voir,

À,:Y.

(1) La communication de ce numéro nous a été faite trop tard pour que nous pussions en tirer parti.

MISCELLANÉES, 21

Quelques mots encore au sujet dun SEQUOIA GIGANTEA ENoL. (Wellinglonia Linpi.)

Nous avons, d’après les journaux horticoles anglais, donné dans ce recueil (Te Ier. Misc. 14. 18) une description complète et une figure réduite, celle d’un de ses cônes, grd. nat., de ce géant végétal, le Mam- moth Tree des Anglais, le Big Tree des Américains, arbre que, par un orgueil national malentendu, les premiers s’obstinent à appeler Welling- tonia, les seconds, par revanche, Washinglonia (dénominations qui peu- vent se passer de commentaires), et qui, par droit de priorité et de justice, doit porter désormais et à toujours le nom de Sequoia.

Dans ces dernières années et depuis son apparition dans les jardins en 1855, apparition dont tout l'honneur revient au célèbre voyageur- botaniste W. Lobb, le collecteur des heureux MM. Veitch, cet arbre n'a cessé d'occuper la presse botanique et surtout horticole ; jamais en effet aucune autre plante n’a autant intéressé le génie civil et militaire, tous les arts qui dépendent de l'industrie, la construction des maisons et des navires ; et qui dans l'avenir en tireront des ressources immenses, lorsque nos montagnes, nos landes, nos terres incultes en seront peuplées.

Nous pensons donc qu’en raison de l'importance extrême du Sequoia gigantea pour le reboisement, en partie (1), des terres dénudées du vieux eontinent, reboisement qui, grâce à lui, n’est plus à l'état d’utopie, puis- que jeune et issu de graine il résiste à nos hivers, nos lecteurs, qui peu- vent en jouir dans leurs pares et leurs jardins, trouveront un nouveau plaisir à en entendre parler de nouveau.

Dans une des séances de la société botanique d'Edimbourg, M. A. Murray adresse une notice, remplie en partie par des détails intéressants sur le fameux Mammoth Tree, détails trop étendus pour être reproduits ici, mais que nous allons analyser, et qui du reste sont fort contradictoires

avec ce qu’on en avait rapporté précédemment. © Désireux d'en procurer des graines à son frère, M. W. Murray, de San-Francisco, il organisa une expéditon dans ce but.

« Le premier endroit on le rencontra fut le bois (2) des Calaveros (tètes de mort!), près des sources du Stanislaus et du San Antonio (5), à

(1) En partie, disons-nous : ear d'autres Conifères, acquérant de moindres dimensions sans doute, mais d’une végétation plus prompte, méritent également l'attention, sans non plus négliger d’autres essences, comme les diverses espèces de chêne, de châtaignier, d'érable, ete., etc.

(2) Grove, bosquet, bouquet de bois, etc.

(3) 1200 10° long. occid. 38 lat. N. Mérid. de Greenwich.

TOM, VII, MISC, AVRIL 1860, ÿ

22 MISCELLANÉES.

4590 pieds d'altitude au-dessus du niveau de l'Océan, le nombre de ces arbres encore debout était de 92, On en connaît maintenant deux autres localités, l’une dans le Mariposa, l’autre dans le comté de Fresno ; la première contient environ 400 arbres; la seconde 600. Cet arbre est sans contredit le plus grand et le plus magnifique que l’on connaisse sur Ja surface de la terre. Son allié, le Sequoia sempervirens, lui cède peu en hauteur, but still stands little in background. Ces deux arbres, dans leur entier développement, atteignent environ 500 pieds de hauteur et 90 de circonférence, Il paraît constaté qu’un des S. gigantea observés n’avait pas moins de 450 pieds de hauteur et 116 de circonférence (38 £ de dia- mètre).

»— Dans le groupe de Mariposa, l’un des arbres mesurait 94 p. de cir- conférence, le plus petit 24. S’en procurer des cônes, était une chose fort difficile, en raison de leur hauteur; ils ressemblent à de solides piliers dépourvus de branches sur près des 2/5 de leur hauteur, souvent avec une écorce sillonnée, de manière à ressembler à des colonnes canne- lées. Divers moyens furent essayés; car grimper dessus, était, en raison de leur extrême hauteur, une chose impraticable ; on essaya d’un cerf-volant avec corde en dessus et en dessous ; de coups de fusil à balle; mais, en raison de la petitesse des cônes et de la ténuité des rameaux, au bout d’une semaine, on en avait obtenu à peine de quoi remplir une poche d'habit. M. Patrick Black, excellent tireur, et qui fut chargé en- suite de l'opération avec un vieux chasseur, se construisit une hutte dans ces parages, élevés à plus de 6,000 pieds dessus de la mer (et il gèla chaque nuit pendant son séjour); mais celui-ci s’aperçut bientôt qu'il eût fallu d’immenses munitions et une armée de tireurs pour se procurer une assez faible collection de graines. Enfin, on se décida (fait bien regret- table, véritable acte de vandales!) à en abattre quelques-uns. Le plus petit, 24 p. de circonférence, leur demanda trois jours d’un travail péni= ble pour être couché sur le sol ; le plus gros, 42 p. de tour, une semaine, Heureusement les autorités du pays intervinrent enfin, et le mussacre dût en rester là.

» Le bois en est extrêmement mou (so/t), très léger, se travaille aisément, et est assez semblable à celui du Cèdre, dont on fait les crayons; coupé fraîchement, il est blanc, mais prend promptement la couleur de ce dernier, Il est si fragile, que l’un des arbres, dont nous venons de parler, se rompit en trois, avant de toucher le sol, entraînant avec lui toute une forêt de Pins et de Sapins. Un assez grand nombre d’indi- vidus de ce groupe avaient été brisés près du sommet (par la foudre ou

MISCELLANÉES, 23

les vents ?), de sorte que s'ils ont continué à végéter dans la même pro- portion, ils doivent avoir été d’un tiers plus élevés. Mais si le bois est fragile (ce dire ne s'accorde pas absolument avec celui d’autres observa- teurs), l'écorce ne l’est pas, elle est beaucoup plus dure à couper que le bois; elle est coriace, fibreuse (stringy), spongieuse, élastique, comme celle d’une noix de cocotier, a un pied, un pied et demi d'épaisseur (et est d’une couleur jaune de cannelle, d’une texture très fine). Sans cette écorce protectrice, l'arbre serait bientôt brisé et renversé par le vent; elle est formée sur un plan différent de celle de la plupart des autres arbres, celui d’un toit à sillons ; les couches sillonnées enveloppent l'arbre longitudinalement et les interstices, que laissent entre elles ces parties plus dures, sont remplies par une substance élastique et spongieuse.

» La quantité des graines obtenues ne fut nullement la compensalion des sacrifices faits pour les récolter. La quantité des bonnes et des mauvaises fut seulement de 6 ou 8 livres ; mais, comme il faut environ 50,000 graines pour une livre, l'expédition, après tout, a probablement produit plus de gain que de perte (4). Le fragment de bois, envoyé par mon frère, ajoute M. Murray, me fournit l’occasion de vérifier les calculs qui ont été faits sur l’âge et la croissance du Wellingtonia, et je trouve qu'ils répondent aux conclusions qu'a données sur ce sujet le D' Torrey, qui élablit que l'arbre (celui dont a parlé M. Lindley, évidemment !) avait environ 1200 ans et non 5000, comme on l'avait erronément prétendu, aprés en avoir seulement compté les couches externes, d'après lesquelles on avait supposé que toutes étaient de la même épaisseur, L'arbre est parfaitement rustique en Angleterre, y croît avec une grande rapidité; et bien qu’introduit seulement (de graine!) en 4855, il y a déjà atteint une hauteur de 9 Z pieds sur 49 pouces de circonférence, à la base, notamment à Castle Martyr, près de Cork, ainsi que dans d’autres localités d'Angleterre et d’Ecosse ; il a même donné des fruits mürs à Thetford, dans le premier de ces pays. »

On voit par ce qui précède, que tout n’a pas encore été dit sur cet arbre célèbre, et qu’il existe à ce sujet et des contradictions et des points obseurs, qu'il importe d'éclaireir. C’est ce qui nous a engagé à en entretenir de nouveau les lecteurs de l’{lustration horticole.

Disons encore dans leur intérêt, que pour que le Sequoia gigantea

(4) Cependant le prix de ces graines est encore fort élevé ; nous lisons dans un des derniers Nos du Gardener's Chronicle (janv. 1860), qu’en vente publique, des paquets de ces graines, pesant une demie à trois quarts d’once, étaient payés 5 livres sterlings chacun (125 fr.); or, la livre anglaise a deux onces de moins que l’ancienne livre française,

2% MISCELLANÉES.

acquière chez nous tout son développement, toute sa majesté, ils doivent ne planter que des individus provenus authentiquement de graines : jamais, en effet, comme chez toutes les autres Conifères, un individu fait d’une bouture latérale, n’atteindra le port normal et la taille de ceux venus de graines; nous disons une bouture latérale, parce qu'une bouture prise à l’extrême sommet d’une Conifère, dont la flèche a été coupée par un accident ou dans un but de multiplication, peut former plus tard un bel et normal individu.

Terminons enfin en disant, que sur le continent, le climat est plus sec et plus froid que celui de la Grande-Bretagne, le Sequoia gigantea doit être planté sur les versants est et sud, est ou sud-ouest des collines, de préférence à ceux du nord-est ou du nord-ouest; ou dans des vallées un peu abritées des vents de ce dernier, et dans des terres meubles, sablon- neuses, parfaitement perméables, à sous-sol naturellement drainé; que pendant sa jeunesse, jusqu’à ce qu'il ait dépassé un mètre et même 1",50, il serait utile, dans les grandes gelées, de l’abriter du nord, par une simple natte, qu’on enlèvera, aussitôt le danger passé ! Nous voulons parler ici des individus isolés et cultivés dans les pares ou les grands jardins; plantés, en effet, en grand, pour reboisement par exemple, ces soins ne pourraient avoir lieu; mais, dans ce cas, ils seraient lenus un peu serrés, pour cn arracher plus tard les sujets morts ou déformés.

PLANTES RECOMMANDÉS.

(ESPÈCES RARES OU NOUVELLES.)

Didymocarpus primulæfolius Garon. (1). Gesneriaceæ S Cyr- tandreæ $$ Cyrtandræ. Petite plante, éminemment gracieuse, ayant, comme le fait avec raison remarquer M. W. Hooker, à qui nous emprun- tons ces détails, absolument le facies et l'inflorescence d'une primevère, et par ces causes, parfaitement nommée ainsi par feu Gardner, toujours re- gretté. Son allié le plus proche est le D. Humboldtianus (V. notul. (1) du

(1) D. Acaulis, foliis radicalibus patentibus ovalibus obovatisve obtusis serratis in petiolum longum ala- tum decurrentibus rugosis supra pubescentibus subtus tomentoso-albidis ; scapis (exactius amilibus /) axil- laribus folia æquantibus apice dichotome eymoso-paucifloris; calycis villosi lobis lineari-oblongis erectis obtusis; corollæ lubo eurvato subtus præcipue insigniter inflato, limbi lobis 5 patentibus æqualibus. W. Hoo. L. i. c. (parenth. excepl.).

Didymocarpus primulæfolius (eur seripserunt Ganpner et W. Hook. primulæfolia et Humbold- tiana : XæP7T 05 ; 05 latine carpus masc.) Gaaps. Contrib. to Fi, of Ceylon, p. 18. Bot. Mag. t. 5161, January 1360,

MISCELLANÉES. 25

même, figuré aussi dans le Botanical Magazine, t. 4757; chez celui-ci les feuilles, toutefois, sont beaucoup plus larges et les pétioles plus courts. Elle croît sur les roches ombragées, sur les monts Hantane, près de Candie.

C'est une plante herbacée, acaule, entièrement couverte d’un duvet (poils courts) blanchâtre, plus épais (entièrement tomenteux) sous les feuilles, lesquelles sont toutes radicales. Lames de celles-ci elliptiques, ou subobovées, étalées, rugueuses, fortement veinées-réliculées, crénelées en scie, longues de 3 à 4 pouces, atténuées à la base en un pétiole ailé, plus long qu’elles (en tout cependant 4-4 3 p., mesures françaises, ex figura!). Scapes (1) nombreux, aussi longs ou plus longs que les feuilles, dressés ou à peu près, divisés dichotoméairement au sommet en une petite cyme, formée d'un petit nombre de fleurs (petites) d’un lilas pâle, passant bientôt au blanc. Calyce très velu, fendu profondément en 3 segments linéaires, presque dressés. Corolle tomenteuse, courte, remarquablement large (par rapport à son exiguité, 0,01 4 de diam.), d’abord penchée, puis relevée, renflée-ventrue en dessous; à limbe de cinq courts segments presque égaux, arrondis, crénulés. Sur les cinq étamines, deux seulement sont parfaites; toutes incluses, insérées vers la base du tube; anthères réniformes. Ovaire oblong, couvert de papilles glanduleuses. Style aussi Jong que l'orifice de la corolle, glabre; stigmate arrondi, déprimé. Elle végètera bien sur une tablette, près des jours, dans une bonne serre tempérée.

Schomburgkia Lyonsi Linpi. (2). Orchidaceæ S Epidendreæ $ Læliæ. La plus jolie du genre, dit M. Lindley! jolie est une épithète pas trop modeste, c’est belle qu'il fallait dire, c'est charmante, comme on va en juger. Les tiges (pseudobulbes) n’en ont pas été encore décrites, bien que la plante ait été introduite depuis plusieurs années déjà en An- gleterre. Elle paraît être originaire de la Jamaïque; elle y a été trouvée récemment toutefois sur le trone d’un arbre, lequel avait été abattu sur les collines qui environnent la paroisse S'°-Anne (sic/).

Le scape est robuste, floral, cylindrique, long avec l'épi d'environ 0,50, et enveloppé, jusque près des fleurs, par des squames étroitement engai- nantes ; la grappe est multiflore; chaque fleur est munie à sa base d’une

(1) Et mieux hampes, puisque ce pédoncule commun est entièrement nu; le scape, proprement dit, est toujours folié (V. nos notes, supra passim !).

(2) S. Sepalis petalisque ovatis obtusissimis erispis ; labello indiviso conformi unguiculato concavo mar- gine crassulo, coslis quinque subæqualibus acutis; anthera bicornuta, Lans. L, à. €,

Schomburgkia Lyonsi Linnr. Gardener’s Chronicle, 615. Sept. 2. 1853. Bot. Mag. t. 5172. March, 1860,

26 MISCELLANÉES.

très longue bractée (0,08-9) scarieuse, brunâtre, pendante, canaliculée. Les ovaires (pédoncules), presque aussi long ou plus longs encore que les bractées, sont subhorizontaux, blanchâtres, courbes-défléchis, et orangés au sommet. Ses fleurs sont par conséquent pendantes, mais un peu redressées, grandes (environ 0,05 de diamètre), d’un blanc pur, marqué très élégamment sur chaque segment de lignes horizontales, bisériées, parallèles, serrées, d’un beau violet. Ceux-ci sont presque semblables, étalés, ovés ou ovés-lancéolés. Le labelle, plus large que les pétales (moins ct beaucoup plus court, d’après la figure), est apiculé-récurve, crispé- ondulé aux bords (qui sont jaunes), avec cinq côtes médianes. Gynostème courbe, canaliculé. Anthère curieusement bicornue.

D'après M. Rollison, chez qui vraisemblablement la plante est disponible pour les amateurs, et qui en a communiqué un scape fleuri à M. William Hooker, le feuillage, dit ce savant (et les pseudobulbes probablement), est exactement semblable à celui des S. crispa, Brocklehurstiana ct marginala.

Chamæbatia foliolosa Bexru. (1). Rosaceæ S Potentillæ. Gra- cieuse, fort gracieuse plante, si l’on considère, non la beauté des fleurs, qui sont celles d’une Potentille frutiqueuse, mais le feuillage ténu, léger, pluri-penné, à pennules multiples, et rappelant celui des Achillæa; les fleurs, sinon belles, mais jolies, sont nombreuses et forment des cymes terminales.

Elle croît (2) sur les parties les plus élevées des montagnes de la Sierra Nevada (montagnes neigeuses), et en abondance sur les versants des collines qui sont au pied, ainsi que sur celles du Sacramento, en Californie ; elle fut découverte en premier lieu par le colonel Frémont, en 1844; ct recueillie plus tard par MM. Hariweg et Shelton. MM. Veitch eurent depuis l'heureuse chance d’en recevoir des individus vivants de la Cali- fornie, par le moyen de leur excellent collecteur, M. Lobb. Tout porte ces messieurs à croire, dit M. W. Hooker, qui nous fournit ces détails, qu’elle sera absolument rustique dans les jardins et qu’elle y sera haute- ment ornementale. En attendant que l'expérience décide cette question,

(1) CHARACT. GENER. C. Calycis tubus turbinato F , limbo persistente, laciniis 5 æstiva- tione valvatis. Petala 5. Stamina numerosa pluriseriata ad faucem calycis inserta. Ovarium in fundo calyeis nnicum ercetum liberum; stylus ex apice ovarii erectus, latere interiore fere ad medium fissus et stigmatifer. Ovula 2 erecta anatropa. Achænium siceum calyce inclusum, Semen unicum erectum. Bent. L.5.c.

Chamæbatia Benru. PI. Hartw. 308. Torncy, PI. Fremont. IE. t. 6.

CHARACT. SPECIF. Supra sunt et in textu expressi. Unicæ speciei. Bexru., Tonn. ls es, et W. Hoox. Bot. Mag. t. 5171. March, 1860.

(2) Voici au moins, une fois par hasard, qu'un recueil anglais nous donne l'historique complète d'une plante,

Spaces ane DORE op

à QD \ Y thez LA er. LE P pr. OLA À LC, CH LE. SOLANUM ARGYREUM. Âort.

NE NES c L 7 re 4 F r Sa x ! de Ris SES Chuapas, (derre chaude en River, Pleine terre en ele.)

Planche 242.

WITHERINGTA

POGONANDRA.

WITHERINGE à élamines barbues.

(Solanum argyreum Honr.)

Érym. W. WirneriNe, médecin et botaniste anglais, auteur d'un ouvrage sur les plantes de la Grande-Bretagne, éd. [ à VII. 1776—1850 (Secnd. PrrrzeL!).

SoLANAcEÆ SoLanez S Soraxz (1).

CHARACT. GENER. Calyx 4-denta- tus v. 4-5-fidus. Corolla rotato-campa- nulata 4-5-partita calyce longe major, -operculo brevissimo subvilloso corollam infra divisuras cingente, appendicula parvula subrotunda corollæ adnata utrin-

ue ad basin singuli filamenti; foveolis

-5 extrorsum vix manifestis magna co- pia mellis impletis quarum limites sunt : superne opereulum corollæ, inferne ap- pendix filamentorum. Sfamina 4-5 ex- serta; antheræ longitudinaliter dehis- centes luteæ conniventes breviores v. longiores filamentis. Ovarium biloculare, placentis dissepimento adnatis multiovu- latis. Stylus filiformis erectus staminibus vix longior, sfigmate capitato. Bacca bi- locularis ? Semina plurima reniformia v. suborbicularia compressa. £mbryo peri- phericus spiralis albumen carnosum in- cludens.

Frutices v. arbusculæ habitu Wirne- MI1Æ el SOLANI, in America tropica trans œæquatorem indigenæ, foliis alternis v.

na ; floribus geminis um-

peduneulis unifloris alaribus

ellatisve. extraaxillaribusque. 1e - Doxar, in DC. Prodr, XIII. 402.

Witherimgia Lnérrr. Sert. angl. I.

33. t. 4. Lamarck, Illustr, t. 81. pessima.

Dunaz, Solan. 107. Syn. 1. excl. spec. plur. et L. s. c. H., B. et Kb, Nov. Gen. et Sp. HI. 15. excl. sp. plur. Enourcr. Gen. PI. 5855. excl. n plur. Mes. Gen. PI. 277 (184). G. Dow, Gen. Syst. IV. 452. excl. sp. plur. Wavrers Repert. JEL. 29. 954. VL. 575. Annal. IL. 160.

CHARACT. SPECIF. W. suffruticosa succulenta ramosissima, tota molliter subdenseque pilosa, caule flexuoso decur- sione petiolorum subangulato v. subala-

to, crista acuta ciliata ; petiolis elongatis supra bisuleatis robustis; foliis amplis alternis mollibus ovato-acutis v. subacu- minatis, lobis basilaribus subelevatis subcordatis aliquando inæquilateris, mar- gine integerrimo ciliato; floribus parvis numerosissimis umbellatim irregulariter fasciculatis pendulis, fasciculo urioquoque extraaxillari sed etiam ramo novello op- posito; pedicellis gracilibus apice inflatis sub calyce abrupte coarctatis; calyce so- lummodo quatuor squamis late rotundatis distantibus minimis constituto; corollæ glabræ tubo urceolatim cupuliformi im- perspicue quadrigibbo,segmentis £ovato- oblongis obtusis patulis, marginibus re- curvis vix ciliolatis, unoquoque basi ad os barbatis; tubo intus quadri-cucullatis valde mellifero ; stam. filamentis 4 exser- tis basi corollæ in laminam late quadratam dilatatis, sub anthera robustis valde bar- batis (barba eorum cum barba filam. in- tertexta os omnino occludente sicque oper- culum auctorum effingente) mox attenua- tis et ut diximus basi terminatis; anthe- ris magnis ellipticis; stylo gracillimo superante ad apicem inflatulo, stigmate capitato; ovario quadratim rotundato biloculare, etc., ut in genere ; bacca.….?

(a scribente nondum observata). Nos.

L1

Witheringia pogonandra Nos, in loco præsenti!

Solanum argyreum Horr.

Osserv. Adsunt varietates duæ, PRIOR : foliis immaculatis, caule ramis et petio- lis atro-rubentibus; posremon : folits lœte lateque albido-maculatis, caule ramis peliolisque virescentibus; attamen ad ju- cundiorem aspectum varietatem argy- ream, Cum caule ramis petiolisque atro- rubentibus depingere curavimus.

(1) Solanineæ, Duaz; sed ex regula aceuratiore et simpliciore : scribendum : -Ace#, S 8€ Ç æ! ac non semel exposuimus, quia scripserunt -oideæ, -ineæ, -eræ, -idéæ, elc., elc.! et vice versa, pro ordinibus,

v. tribubus, v. subtribubus, ete.

TOM. VII, Mal 1860.

9

WITHERINGIA POGONANDRA,

Si nous ne devons pas vanter la beauté florale de la plante qui fait le sujet de cet article, nous sommes heureux du moins de pouvoir, en con- naissance de cause, la recommander aux amateurs pour la beauté et l’am- pleur de ses feuilles, largement maculées, dans la variété que nous figurons spécialement ci-contre, d’une belle teinte d'argent mat, qui en occupe élégamment la surface presque entière, et paraît constante ; tandis que dans l’autre, qui est peut-être l'espèce type, les feuilles sont immaculées ; mais en revanche, la tige, les branches, les pétioles en sont d’un rouge noirâtre ; et simplement verdâtres chez l’autre, plus heureusement douée au point de vue ornemental.

Présentée (la variété panachée) à la dernière exposition printanière de la Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand, et fesant partie du lot de 12 plantes remarquables, nouvellement introduites en Belgique (24° concours, V. ci-dessus Miscell. p. 16), sous le nom de Solanum argyreum, elle a attiré l'attention et du jury et des nombreux visiteurs, et n’a pas peu contribué à l'obtention du premier des deux prix affecté à ce concours.

Soumise en fleurs, quelques jours après, à notre examen, il ne nous a pas été trés difficile de remarquer que, bien qu’elle ait en général le facies d’un Solanum, elle n’appartenait nullement à ce genre, mais, comme nous allons le démontrer, en raison de ses caractères floraux, au curieux genre Witheringia, dans lequel elle forme certainement, selon nous du moins, une espèce fort distincte, suffisamment caractérisée par le cercle poilu de la corolle, lequel, avec l’épais bouquet de barbe de chaque filament staminal, en ferme conjointement l’orifice (figur. analyt. 5. 4.) et remplace ainsi l'opercule, que les auteurs assignent au genre, comme le distinguant essentiellement de ses alliés et surtout du Solanum : de le nom spécifique pogonandra, que nous lui avons appliqué (1).

L'établissement A. Verschaffelt a recu au printemps de l'an dernier (1859) des graines de cette belle Solanée, découverte dans la province de Chiapas (Mexique), par son collecteur, M. Ghiesbreght ; et de ces graines, semées immédiatement avec les soins ordinaires, sont nés les individus que nous en avons observés, et qui, en mars de l'an suivant (1860), avaient déjà atteint 0,25 de hauteur, avec un diamètre foliaire de près de 0,40. De telles dimensions, acquises en si peu de temps, dénotent, sans qu'il soit besoin d’autres commentaires, combien la plante est vigou- reuse, et quel magnifique développement elle peut atteindre sous l'influence d’une culture appropriée ; fesons remarquer en outre que les individus exa- minés par nous, avaient été tenus jusque dans des vases étroits et en serre chaude; mais que, plantée en pleine terre, à l'air libre, pendant la belle

(1) La Nature, en opposant ce double obstacle aux déprédations des insectes suceurs, qui épuiseraient le miel contenu dans ces nectaires, a-t-elle voulu, comme dans quelques exemples analogues, réserver ce liquide dans un but spécial, par exemple, pour la nutrition de l'ovaire et surtout des ovules? C’est une question de haute Physiologie dont nous laissons l’intéressante solution à plus compétents que nous sur ces matières difficiles,

WITHERINGIA POGONANDRA,

saison, ainsi qu'on a désormais l’avantageuse habitude de le faire pour une foule de plantes du Brésil, du Mexique, ete., elle y acquerra des dimensions tout autres et d’un grand effet pour la décoration des parterres.

C'est en toute apparence une robuste plante suffrutiqueuse, formant une vaste touffe étalée, entièrement couverte, à l'exception des corolles, de poils blancs et mous ; à sa base et du rhizôme s'élèvent des rejets, ainsi que dans chaque aisselle foliaire se montrent de jeunes rameaux. La tige est robuste, succulente, très ramifiée, flexueuse, anguleuse-aiguë (en zigzag) par la décurrence des pétioles ; ceux-ci longs (0,07), alternes, bisillonnés en dessus; les feuilles (lames) amples (0,20 + 0,12), ovées- aiguës ou subacuminées, molles ; à lobes basilaires subcordés, élevés; à vénation légèrement costée et enfoncée dans des impressions de la surface, mais très saillante en dessous ; à bords ciliés,

L'inflorescence est extraaxillaire, et en opposition avec un rameau; elle comporte un très grand nombre de petites fleurs pendantes, formant un fascicule ombelloïde, dont les pédicelles superposés sans ordre. Pédi- celles grêles, renflés au sommet. Calyce réduit à quatre squames, large- ment arrondies, à peine visibles. Corolle glabre, cupuliforme-urcéolée, subquadrigibbeuse, d’un jaune pâle (de miel), de 0,02 4 de diamètre au moins, à quatre segments ovés-oblongs, obtus, barbus À la base, à bords aussitôt récurves ; opercule disposé comme nous l'avons expliqué ci-dessus ; quatre étamines exsertes, subconniventes; à filaments très robustes au sommet et fortement barbus, puis presque tout-à-coup filiformes vers la base, qui se termine en une lame carrée, membranacée, glabre, maïs ciliée à son bord supérieur; anthères elliptiques obliquement conniventes, dé- hiscentes longitudinalement dans toute leur longueur ; style plus long qu’elles, très grèle, légèrement renflé de la base au sommet, lequel est un stigmate capité. Nous n’en avons point encore pu observer le fruit, qui doit être, comme dans le genre, une petite baie sphérique, biloculaire, et à graines nombreuses. Cu. Le.

Explication des Figures analytiques.

Fig. 1. Portion de la tige et fleurs de grandeur naturelle. Fig. 2. Coupe d'un pétiole. Fig. 3. Un lobe de la corolle. Fig. 5bis, Coupe dudit. Fig. 4. Une étamine. Fig. 5. Coupe transversale d’un ovaire. Au centre, une feuille de grandeur naturelle, moyenne ; dans le coin à gauche, un jeune pied très réduit (fig. 2, 5, 4et 5 grossies).

5 CULTURE. (S. Cu. EN miv. PL, T. EN ÉTÉ.)

Une telle plante demande des vases assez grands, bien drainés, une terre substantielle, des arrosements fréquents, Il sera bon, quand l'été est chaud et favorable, de la mettre en pleine terre, à bonne exposition ; là, elle déploiera tout l'effet ornemental dont elle est susceptible, en raison de la riche maculature argentée de ses feuilles. Vers la fin de l’automne, on en rabattra quelques branches, on en rafraichira les racines pour la replacer en pot et la tenir en serre. Multiplication facile de boutures, coupées aux articulations, ou de graines, qu’elle donnera probablement avec facilité. À:

Planche 243.

AGAVE FILIFERA,

AGAVE à feuilles filifères.

Érym. éyavy (fé. #yavês), admirable : par allusion à l'effet grandiose, dans les paysages américains, des plantes de ce genre, alors surtout qu’elles sont en

inflorescence.

AMARYLLIDACEÆ AGAVEZ.

CHARACT. GENER. Perianthium su- perum corollaceum subinfundibulorme marcescente, limbi segmentis 6 subæqua- libus patulis v. revolutis, internis latio- ribus. Sfamina 6 tubo perianthii inserta plus minus adnata v. segmentorum basi aflixa iisque opposita, sub anthesi longe exserta in alabastro inflexa, félamentis

filiformiter robustis, antheris submedi-.

fixis versatilibus bilocularibus. Ovarium inferum trigono-rotundatum cum perian- thii tubo dilatato continuum triloculare; ovulis numerosis loculi uniuscujusque interni angulo biseriatim aflixis anatro- pis. Stylus robustior fistulosus stamina

sæpius superans, sligmale capitato-sub-

trilobato papilloso obvio. Capsula coria-

cea subtricocca loculicido-trivalvis, se- mina compressa nigra nitida. Embryo

cylindricus axilis albumen longitudine æquans.

Plantæ acaules v. caulescentes et tünc simplicissimæ, omnes longævæ semel ta- men florentes posteaque morientes, prio- ribus sæpius e basi rhizomatosa v. etiam acæillis foliorum inferiorum copiose surculosis; foliis priorum radicalibus rosaceo-expansis crassissimis rigidissi- mis intus fibrosis margine aculcalis v. denticulatis rarius integris interdum filiferis; simpliciter apice acuto v. acu- minalo sæpius in aculeum pungentissi- mum robustumque terminalo; posterio- rum rosacco-terminalibus; omnibus sæpe giganteis. Scapus centralis semper altis- simus de basi ad apicem squamato-folio- sus dein bracteatus ; floribus paniculatis v. spicalo-geminatis bibracteatis vires- centibus v. lutescentibus.

Charact. a nobis revis. et emend. ex Enosien., Kuwrn, etc., lsi. es, et ex investig. nostr.!

Agave (Baun. Pin. 286. Los. Ic. 574. Tourx. Inst. 366. etc.) L. Gen. 451. La- MARGK, Illustr. t, 235. f. 1. 2. Dict. En- cycl. KL. 52. Porrer, ibid. suppl. 1. 240.

icp, Sp. PI. IL. 192. Juss. Gen. PI. 51. Scuuur. Syst. VII. 722. 1717. Enor.

L

Gen. PI. 1297. Meisn. Plant. vascul, 595 (298). Kunrn, Enum. V. 818. Jaco. lc. rar. t. 578. DC. in Redouté, Lil. t. 328. 529. 489. Anpr. Bot. Rep. t. 458. Bot. Mag. t.1157. 5654. 5097. 5122. Zuccarr. in N. A. N. C. XVI. t. 49-51. Here, Amar. 69. 127. Bot. Reg. t. 55 (1839). Kanz Kocx, Wochenschrift, 20, et seq. (4860). Wazr. Annal, I. 857. III. 620. Sazu-Dyck, Hort, Dyck. 501. etc. etc.

Synox. Fourcroya (Furcræa, etc.) VEN- TEN, in Usrert, Annal. XIX. 54. DC. PE grass. t. 126. Zuccarkr. 1. ç. t. 48. Rercus. F1, exot. t. 202. Expzicn. Gen, PI. 1298. Bot. Mag. t. 2250. Hens. Amar. 69. 126. ScuuLr. L. c. 750. Kunrn, 1. c. 859. etc. Agaves spec. Jaco. Am. pict. t. 260. ete. Chloropsis HErs. Amar. sine char. (A. lucida, Bot. Mag. t. 1522).

LittϾa TacrraBue, Bibl. ital. I. 400. Bonapartea Wario. Enum. suppl. 18. non Ruiz et Pav.! Agave geminiflora Branpes, Journ. of Sc. HE. t. 1. Turpin, Dict. d. Se. nat. Atlas, IE. t. 55. Bot. Reg. t. 1145. Bot, Mag, t. 4950 (Agave!).

Beschorneria Kunrn, Act. Acad. Be- rol. 14848. Enum. V. 844, Fourcroya tubiflora Kunra et Boucné, Ind. Sem. Hort. berol. 1845, Rom. Amar. 295. B, tubiflora, multiflora et tuberosa Honr. (et Nos. mnscr.).

Generis Divisio naturalise (supra synonymiam inspice). A. Slaminibus exsertis. $ 1. AGave. Floribus candelabriformiter dispositis erectis, limbo recto. $ 2. Fourcroya, Floribus paniculatis pendulis, limbo patulo. $ 3. Lirrxa.

Floribus spicato-racemosis, geminatis pus minus pedicellatis v. sparsis erectis, imbo revoluto. ne

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B. Staminibus inclusis. $ 4. BescnorNEria. Panicula longissime ramosa, floribus subsecundis pendulis longissime bractea- tis bracteolatisque, limbo recto (Nos. !).

CHAR. SPECIF. 4. (S Litiæa) acaulis, foliis numerosissimis spiraliter rosaceo- congeslis crassioribus rigidissimis versus basim paulo attenuatis dein ad medium dilatatis ad apicem supra subcanalicu- latis, subtus convexis sub basi sectione triangulari, ad apicem attenuatis (oblon- go-lanceolatis) glaucis v. virescentibus v. etiam brunnescentibus, unoquoque du- plici linea longitudinali discolore margi- num pressione arctissima mutua effecta

densis tenuibus angustissimis pendulis de foliis (bracteis !) operto ; ultima parte

orifero ; floribus densissime confertis in peduneulo brevissimo geminatis et ipsis sessilibus basi bractea minima squami- formi repente in setulam longissimam transeunte suffultis ; ovario ovato-oblon- go obsolete 6-costato; corollæ tubo de basi attenuato distincte articulato, mox campanulatim dilatato (lobis cito revo- lutis), ad staminum insertionem gibbo- sulo, basi unoquoque bracteola bracteæ consimili, sed non in filum desinente do- nato; ovulis (ut in genere) axi centrali funiculo crassiore aflixis; staminibus basi loborum insertis cito liberis; anthe- ris medifixis; stylo superante, stigmate

notalo, margine acuto membranaceo in filos plures longissimos pendulos coloratos sicut et ipso (brunneus, albus, luteus!) secedente ; apice in aculeum brevem vali- dum brunneum se terminante; scapo erec- to 4-5-pcdali et ultra de basi ad tert. longit.

capitatim trilobato, lobis intus papillo- sis. Etc. Nos. ad nat. viv. Agave (Littwa) filifera Saim-Dycx,

Hort. Dyck. 309 (1854). Kunrn, Enum. V. 854. K. Kocx, Wochenschr. 39 (1860).

(OBSERVATIONS GÉNÉRALES.) 5

Depuis quelques années, nous devons le constater, les Agaves sont en horticulture à l’ordre du jour et l'objet d’un engoûment que, certes, nous sommes bien loin de blâmer, car elles le méritent à un dégré émi- nent, et par leur port toujours pittoresque, leurs dimensions souvent grandioses, et par leur grand effet ornemental à l’état d’inflorescence.

Elles croissent exclusivement dans l'Amérique centrale, de chaque côté de l'Équateur, dépassent peu les Tropiques, et se montrent plus nombreu- ses dans le nord (surtout au Mexique), elles s’avancent jusques vers le 36% dégré de latitude boréale. Elles sont acaules ou caulescentes, le plus généralement simples, atteignent souvent, comme nous l'avons dit, des dimensions colossales, vivent pendant un certain nombre d’années, fleu- rissent une seule fois et meurent, mais après avoir müri de très nombreuses graines, qui assurent la reproduction de l'espèce, ou même en produisant, soit la base de leur épais rhizôme, soit de l’aisselle de leurs feuilles infé- rieures, un grand nombre de rejetons, ou encore en émettant quelquefois des bulbilles qui remplacent les fleurs avortées.

Ches les espèces caulescentes, la tige ou plus correctement le stipe est plus ou moins développé et se couronne de nombreuses feuilles d’une longueur souvent gigantesque; chez les autres, le rhizôme, d’une grosseur souvent très considérable, se hérisse de feuilles nécessairement radicales, et disposées en rosace ; chez la plupart des unes et des autres, ces feuilles sont souvent, vers la base, d’une épaisseur énorme, toujours amplexi- caules, et d’une rigidité extrême; à l'intérieur sont de nombreuses fibres longitudinales d’une grande ténacité et dont l'industrie sait tirer parti.

.

AGAVE FILIFERA»

Les bords le plus ordinairement portent, tanlôt des aiguillons robustes et irrégulièrement distants, quelquefois de petites dents serrées, ou sont très rarement inermes; le sommet, toujours acuminé, finit en un aiguillon robuste, très piquant et discolore, ou assez souvent en une simple pointe.

Lorsque les unes et les autres (acaules ou caulescentes) ont acquis tout le développement dont elles sont spécialement susceptibles, du centre des feuilles se dresse, s'allonge avec une rapidité singulière et dont le pa- roxysme, dans des circonstances de chaleur et de lumière solaire toutes favorables, n’est pas moindre de 0,10 à 0,15 par jour, un scape folié, robuste, haut, selon les espèces, de 1,50 à 15,00 et plus, portant des milliers de fleurs (1), disposées diversement en panicule, en candélabre, en racème, ou en épi. Les fleurs en sont comparativement petites, brièvement pédicellées, le plus généralement d’un jaune verdâtre, mais presque toujours de couleurs indécises, tenant plus ou moins de ces deux teintes, ou très rarement blanchâtres ou brunâtres.

Dans le centre et le nord de l’Europe, on abrite en hiver les Agaves dans les orangeries et les serres froides ; en été on en orne les allées, les perrons, les piliers, les murs ; mais dans le midi, en France, en Italie, en Espagne, en Grèce, etc., un grand nombre peuvent être cultivées en pleine terre. Dans l’un et l’autre cas, elles sont, ainsi que nous l'avons établi, éminemment pittoresques et ornementales, fleurissent seulement après un long laps de temps; et ce laps de temps est ordinairement en rapport avec les dimensions rhizomatiques ou caulinaires propres à chaque espèce, et surtout dépend des circonstances climatériques ambiantes et du mode de culture auxquels elles sont soumises.

Tenues en vases étroits et rarement renouvelés, elles ne peuvent étaler à leur aise leurs longues et robustes racines fibreuses, elles épuisent en peu de temps de principes nourriciers la terre substantielle dans laquelle on les a plantées, il est tout simple qu’elles restent de lon- gues années, sans fleurir et sans même atteindre jamais les vastes propor- tions qui leur sont naturelles (2).

(1) On en a compté au-delà de 16,000 sur le scape d’une Agave americana.

(2) Ainsi, en pleine terre, et dans de bonnes conditions, en dix ou douze ans, quinze au plus, l’'Agave americana, grande espèce acaule, si répandue, atteint, au moment de fleurir, rhizôme et feuilles compris, 2=,70 de hauteur, sur un diamètre de 4m; le scape floral, qui s’allonge d’abord comme une colossale asperge, dépasse souvent 9 mêtres de hauteur, et porte, comme nous l'avons dit, de 15 à 46,000 fleurs, disposées en une vaste panicule pyramidale-candélabriforme. Voyez encore nos observations sur ces plantes, à l’occasion d’une jolie espèce naine, ci-dessus, Te VI, page 80, Agave maculosa W. Hook. Bot. Mag. t. 5122 (juin 1859), nom qui doit céder la priorité à l’A. maculata Recez (Ind. Semin. H. b. petrop. 46. 1856. Gart.- Flora, 158. VI. Excesm., in Bonpl. VIL. 94). :

AGAVE FILIFERA,

Un amateur, à la fois riche et homme de goüt, pourrait, dans son jardin d'hiver, collecter les Agaves et les planter sur des rochers factices, en compagnie des Yucca, des Dasylirion, de Cereus, d'Opuntia, etc…; et alors, en face d’un tel ensemble, il pourrait jouir d’un coup-d’œil à la fois pittoresque, étrange, curieux, grandiose même! En face d’une telle nature, ne se croirait-il pas, par la pensée, transporté dans quelque pay- sage privilégié des contrées mexicaines ?

O fortunatus nimium, sua si bona norit Dives.…

Si le riche savait! mais trop souvent, hélas! il ne sait pas, ou... il ne veut pas!!!

Concluons vite cette courte disgression, en disant que de tous les goûts, auxquels les heureux de la terre peuvent s’adonner, il n’en est pas de plus sublime, de plus noble, de plus charmant, de plus doux, de plus attrayant, de plus divin, de plus, etc.!.. que l’horticulture! Et au moment nous écrivons ces lignes, ne voit-on pas, au mépris inintelligent de cette admirable horticulture, les amateurs (ou plutôt soi-disant tels) se disputer, s’arracher, à dix fois son pesant d’or, un pot, une assiette, une médiocre statuette, un petit tableau pour des mille et des mille francs : pol, assielle, ete., qui trop souvent sont apocryphes, et qui demain seront revendus le 10°, le 20° de ce qu’ils auront coûté! Ceci malheureusement est de l’histoire contemporaine! à passion du bric-à-brac!

Nune mores periere boni, regnatque cupido Improba!...... Spacn.!

Mais l’horticulture et les collections qu’elle exige, sont immortelles, et les plantes, au lieu de tomber à zéro, comme toutes ces ruineuses super- fluités, que s’envient des fous et trop souvent des dupes, augmentent de valeur, au contraire, en raison de leur âge et de leur développement !

Chaque jour, une plante vous offre, Ô amateur, un changement, un charme nouveau ; mais ce dit pot, cette assietle, elc., une fois observés, varient-ils leurs charmes? et Ô Riches, savez-vous bien que souvent, pour le prix d’une ou deux de ces ruineuses inulihités (1), c'est le mot, vous auriez jardin, serres et collection de plantes! Et dès lors quelles jouis- sances sans cesse renouvelées : jouissances une fois senties, mais jamais

(1) En écrivant cette critique, un peu sévère peut-être, nous ne prétendons nullement blâmer ces amateurs judicieux, qui rassemblent sous leurs yeux ces trésors antiques, échappés au temps, au vandalisme et à l'ignorance; mais nous voulons blâmer justement les excès pécuniaires, auxquels de nos jours une passion irréfléchie et inutilement ruineuse entraîne les amateurs pour collectionner des objets d'une valeur très contestable.

AGAVE FILIFERA.

renaissantes parmi les plats, les assiettes, les pots, les boucliers, les armes, les médailles, les informes statuettes, ete., etc., d’un autre âge!

Mais il est temps, pensons-nous, d'arriver enfin à notre sujet.

Avec quelques autéurs modernes, et surtout à l’exemple de M. Karl Koch, nous réunissons (V. ci-dessus, à la synonymie) les genres Four- croya, Lillæa et Beschorneria au genre type Acave : même facies, mêmes caractères floraux, même fructification, mêmes graines, etc. : aucunes différences essentielles sensibles entre leurs divers caractères botaniques : tous se fondant les uns en les autres par des nuances presque insensibles ; mais que nous conservons comme d'excellentes sections ou sous-genres, pour faciliter la